Malgré des prix plus attractifs, le marché reste atone en 2012

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Publié le 6 avril 2013
Par Francois Pouzaud
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Les prix de vente des officines ont continué de baisser en 2012, d’après la dernière enquête Interfimo que nous dévoilons en avant-première. Mais, paradoxalement, le marché a été peu animé, notamment en raison des incertitudes qui pèsent sur l’économie officinale.

La correction du marché continue. En baisse depuis 2009, les prix des pharmacies ont à nouveau chuté de trois points en 2012. D’après la dernière étude réalisée par Interfimo en mars, le prix moyen national de cession des officines s’établit désormais à 84 % du chiffre d’affaires. Ce pourcentage a été calculé hors taxes, alors que le cabinet d’études avait, jusqu’ici, toujours évalué le prix de cession toutes taxes comprises. « Nous nous affranchissons de la TVA, devenue inconstante, dans les références au chiffre d’affaires », confirme Luc Fialletout, directeur général adjoint d’Interfimo.

Si l’on se réfère au cru 2011 de l’étude Interfimo, le prix moyen des fonds de pharmacie s’établissait également à 84 %, mais il était exprimé par rapport à un chiffre d’affaires TTC. Quoi qu’il en soit ce changement d’indicateur n’altère pas la tendance. Pour les pharmaciens habitués à un prix de cession intégrant les taxes, on peut affirmer que le prix moyen 2012 se situe aux alentours de 81 % du chiffre d’affaires TTC.

Le nombre de cessions baisse de 12 %

Depuis 2009, les prix de cession ont baissé de 11 points. Cette correction du marché, qui touche tous les types et les tailles d’officine, s’est même accentuée en 2012 (– 3 points) puisqu’en 2011 elle n’était que de deux points. En revanche, la baisse du prix exprimé en multiple de l’excédent brut d’exploitation (EBE) est plus modeste (– 0,1 point). Cette méthode de valorisation fait ressortir un prix de cession à 7,4 fois l’EBE, alors que les spécialistes de la transaction d’officine ont coutume de dire que la valeur économique d’un fonds de pharmacie se situe entre 5 et 6 fois l’EBE.

La déconnexion entre le prix du marché toujours élevé des officines et la valeur économique plus faible reste importante, même si elle tend à se réduire significativement. Elle n’est visiblement pas encore suffisante pour redonner confiance aux acquéreurs. Le volume global des cessions est en repli marqué de 12 %, malgré cette nouvelle baisse franche des prix. L’an dernier, Interfimo a recensé 1 100 cessions de fonds de commerce. Avec les cessions de parts sociales, seuls 1 400 changements de titulaires ont été opérés en 2012.

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Luc Fialletout n’est pas surpris par cette contre-performance : « Ce phénomène est habituel en année d’élection. » Mais d’autres éléments sont venus également figer le marché. Le manque de visibilité sur l’économie de l’officine et, par conséquent, la prise de conscience des acquéreurs des risques financiers liés à l’installation dans une période compliquée ont également pesé.

Et, une fois l’élection présidentielle passée, le bouleversement de la fiscalité annoncé avec la prochaine loi de finances 2013 – et les incertitudes qu’elle a fait planer sur le traitement des plus-values professionnelles – a affecté également le nombre de transactions sur le second semestre 2012. Plus fondamentalement, « cette année porte en germe des évolutions qui vont durablement modifier le marché », comme le note Interfimo : ce sont notamment les SPF-PL et les dispositions de la convention pharmaceutique (entretien, génériques…).

Un taux de rotation en chute libre

Dans ce contexte particulier, le faible dynamisme du marché tient plus au nombre des départs en retraite, qui ne cesse de croître (+ 2,2 % en 2012), qu’à la mobilité interne (vente pour réinstallation) des pharmaciens. Il n’est en tout cas pas suffisant pour assurer le renouvellement d’une profession qui vieillit. D’où une chute du taux de rotation des officines, s’affichant à 49 mutations pour 1 000, contre 56 en 2011.

L’attentisme ambiant est un signal fort envoyé aux vendeurs potentiels qui, s’ils veulent céder leur officine en 2013, n’auront vraisemblablement pas d’autres alternatives que de revoir leurs prétentions à la baisse. Ces ajustements de prix, qui doivent être plus cohérents avec la rentabilité des officines, deviennent urgents pour redonner confiance aux repreneurs.