Trouver de nouveaux « amortisseurs »

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Publié le 12 novembre 2011
Par Francois Pouzaud
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Les exigences financières de l’acquisition sont de plus en plus sévères et parfois même décourageantes. Pendant longtemps, le nouvel installé a pu compter sur la croissance du chiffre d’affaires comme sécurité d’investissement. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas et, pour minimiser les risques de l’installation, des « amortisseurs » existent.

La croissance forte de l’activité au début des années 2000 a joué le rôle d’amortisseur dans nombre de montages financiers parfois un peu acrobatiques », se souvient Philippe Becker, expert-comptable, directeur du département pharmacie de Fiducial Expertise. En effet, à cette époque, la seule croissance du chiffre d’affaires suffisait à gommer un prix d’acquisition trop élevé ou des capitaux propres insuffisants.

Les temps ont changé. En 2011, l’évolution de l’activité sera à nouveau faible, à en juger les prévisions. « Les acquéreurs qui s’installent aujourd’hui risquent dans certains cas de ne pas réaliser le chiffre d’affaires du vendeur », met en garde Philippe Becker. Comment, dans ce cas, minimiser les risques de l’installation ?

Acheter une officine à sa juste valeur

Quand la croissance est au rendez-vous, elle ne joue plus vraiment le rôle d’amortisseur. Ainsi, selon les calculs de CGP, sur la base d’une progression moyenne de 1 % par an pendant cinq ans, le CA développé au terme des cinq premières années d’exploitation est de 105,10 et sa valorisation en pourcentage de chiffre d’affaires passe de 86 % à 81,82 %. « En d’autres termes, il faut changer d’amortisseur », conclut Philippe Becker.

La rentabilité est-elle ce nouvel amortisseur ? « Même si l’EBE a connu une légère amélioration en 2010 – qui devrait être reconduite en 2011 –, les acquéreurs doivent prendre conscience du manque de visibilité à moyen terme des rentabilités à venir, martèle Olivier Desplats, expert-comptable du cabinet Flandre Comptabilité Conseil. Il faut acheter une officine en fonction de sa rentabilité et de sa juste valeur économique. »

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Mais dans un marché des prix continuellement régi par la loi de l’offre et de la demande, l’amortisseur prix est illusoire sur les affaires très recherchées. Restent les fonds propres qui doivent être plus élevés. « Il faut tabler sur un apport de 20 à 25 % », avertit Philippe Becker.

Un retour sur investissement plus lent

Selon Olivier Desplats, le risque d’avoir des valeurs de marché inférieures aux valeurs de reprise est patent compte tenu des baisses de rentabilité, de l’évolution de la démographie des pharmaciens (5 000 départs en retraite attendus dans les cinq ans à venir) et de la non-ouverture du capital. Malgré cela, acquérir une officine reste rentable même si le retour sur investissement suppose d’attendre plus longtemps du fait de la décélération de la croissance et de l’érosion de la rentabilité des officines. « La plus-value se fera grâce au remboursement de l’emprunt et à la revalorisation éventuelle du fonds de commerce », explique l’expert-comptable.

Rien ne permet de garantir une plus-value de cession du fonds si les prix baissent. « Cependant, la baisse inévitable du prix des fonds n’altérera en rien l’intérêt capitalistique de l’investissement », rassure Olivier Desplats.