Trois pharmacies font une à Château-du-Loir

Les 4 700 habitants de Château-du-Loir vont devoir s’habituer à n’avoir plus qu’une seule adresse de pharmacie en centre-ville, ainsi qu’à son nouveau nom : la Pharmacie du Centre, ex-Pharmacie Dupré tenue par Sophie Sevault. Ses deux consœurs, Laurence Homo et Catherine Laubuge, ont fermé leurs officines respectives pour la rejoindre. Pour ces trois titulaires, ce regroupement était la solution la plus judicieuse pour pérenniser leur fonds de commerce. « Nous aurions été fragilisées dans un avenir proche si nous ne l’avions pas fait », explique Laurence Homo, la plus jeune des trois.

Leur décision est partie d’un constat simple : la population de la commune stagne et le nombre de médecins n’a pas prévu d’augmenter. Donc, aucun risque de voir arriver un concurrent après la fusion de ces trois pharmacies. « La quatrième pharmacie de la commune se situe près d’un centre commercial, distante des nôtres de 1,5 à 2 kilomètres. Notre regroupement n’était donc pas motivé par la concurrence de cette pharmacie », précise Laurence Homo.

C’est surtout l’idée de rester seule, chacune dans leur coin, qui les a rebutées. « Nous avons toujours entretenu de bons rapports et nous nous voyions régulièrement pour l’organisation des gardes et des ouvertures alternées le lundi matin. Même nos fournisseurs nous suggéraient de nous regrouper », souligne-t-elle.

Associées dans une SCI et une SELARL

Après plus de deux ans de maturation, le regroupement se réalise dans les locaux de la Pharmacie du Centre pour deux raisons essentielles. C’est la mieux placée et il est possible de pousser les murs pour agrandir l’officine. Si Laurence Homo et Catherine Laubuge sont propriétaires des locaux de leur ancienne pharmacie, aujourd’hui vacants, c’est le conjoint de Sophie Sevault qui possède un lot composé de deux bâtiments séparés par une cour intérieure, dont l’un est occupé par la pharmacie. « Nous avons constitué une SCI à trois qui a racheté, moyennant un emprunt, l’ensemble des murs à mon mari pour pouvoir faire les travaux d’agrandissement », indique Laurence Homo. Ces trois pharmaciennes ont également apporté leur fonds à une SELARL et ont reçu, en contrepartie, un nombre de parts sociales correspondant à la valeur de leurs officines respectives. La SELARL verse donc un loyer à la SCI et a contracté un emprunt pour le réagencement de la Pharmacie du Centre (coût d’environ 1 M€).

Les travaux d’extension ont été réalisés en deux temps, portant d’abord sur le second bâtiment où la pharmacie a été installée provisoirement et dont une partie servira ensuite de back-office. Puis la pharmacie a réintégré ses locaux d’origine, flambant neufs. « Les conditions de travail sont bien meilleures, nous disposons désormais d’un espace de vente plus agréable et plus spacieux (150 m²), de vraies salles pour l’orthopédie, la contention veineuse et les entretiens pharmaceutiques », apprécie Sophie Sevault.

La nouvelle équipe, reprise sans aucune suppression d’emplois, travaille dans de bonnes conditions, et la clientèle y trouve son compte car la pharmacie est composée de 5 pharmaciens et 5 préparateurs. « On ne se regroupe pas que pour soi-même, on raisonne aussi en chef d’entreprise responsable… Je ne me voyais pas licencier mon adjointe de 51 ans et la remettre sur le marché du travail avec tous les aléas que cela comporte », explique Laurence Homo.

Pour l’instant, le travail ne manque pas. Regrouper les stocks de médicaments, préparer l’organisation prochaine, fusionner les bases de données dans l’informatique… Et, bien sûr, servir au comptoir. « Nous bénéficions d’un effet de curiosité de la clientèle mais il est encore trop tôt pour savoir si nous avons récupéré la totalité des clients des trois officines », conclut Sophie Sevault.