Oui, les jeunes veulent s’installer !

A l’issue de cette 5^e Journée de la transaction sur les analyses à mener et les dossiers à préparer en amont d’une acquisition (étude des motivations personnelles, géomarketing, réflexion financière, etc.), les participants furent invités à répondre à un vote électronique. A la question « Vous sentez-vous toujours prêt à franchir le pas vers l’acquisition d’une pharmacie ? », 61 %, ont répondu oui, 13 % non, tandis que 26 % ne savent pas encore. La journée fut l’occasion de conforter ces prétendants à l’installation en dépit d’un contexte difficile et d’un manque de visibilité économique. Car si le métier est en train de se moderniser, il est difficile d’appréhender et d’anticiper sur le plan microéconomique les effets de la nouvelle rémunération mixte du pharmacien.

Une chose est sûre : l’introduction d’honoraires va précipiter un peu plus vers la sortie le mode de valorisation d’une officine en pourcentage du chiffre d’affaires et introniser davantage l’évaluation à partir d’un multiple de l’excédent brut d’exploitation. Les inquiétudes des jeunes restent fortes sur l’évolution de la nouvelle marge et sur la nature du bien professionnel à acquérir, alors que la profession et les pouvoirs publics s’accordent à dire que 10 % des officines du réseau doivent disparaître.

Une adjointe présente au fond de la salle a fait part de son malaise. Elle souhaite reprendre une pharmacie rurale, mais la désertification médicale en campagne risque de lui faire renoncer à son projet. « Comment acquérir une pharmacie dans une région où la moyenne d’âge des médecins est de 55 ans et où les cabinets médicaux vont fermer les uns après les autres, au moment de leur départ à la retraite ? », s’interroge-t-elle. « Ce problème ne se réglera pas en six mois et des solutions, telles que la télémédecine, restent encore du domaine de la prospective », répond Jean-Christophe Lauzeral, pharmacien et animateur de cette journée.

Jeune, titulaire et un chiffre d’affaires multiplié par 2,5

Les témoignages de jeunes titulaires qui ont franchi avec succès le Rubicon ont été écoutés avec beaucoup d’intérêt. C’est le cas de Romain Soquet, cotitulaire depuis deux ans d’une pharmacie à Vincennes (Val-de-Marne). Le jeune homme et son associée ont déjà multiplié par 2,5 le chiffre d’affaires de leur officine. Quelle est leur recette magique ? Pour ce jeune pharmacien, reprendre une officine est avant tout une affaire de travail personnel. « J’ai réalisé ma propre étude géomarketing en allant à la pêche aux informations sur le site de l’Ordre, en visionnant la pharmacie dans son environnement sur Google Maps, en réalisant une visite virtuelle sur Mappy, en menant ma propre enquête sur place et en me rendant par exemple à la mairie pour valider les dires des différents intervenants que j’avais rencontrés précédemment. Toutes ces investigations m’ont aidé à défendre mon projet auprès des banques. » Exemplaire !

En analysant les données démographiques du quartier, Romain Soquet a constaté un rajeunissement de ses habitants et un afflux de Parisiens en zone limitrophe de la capitale. « Le référencement, le conseil et les prix, c’est bien, mais insuffisant pour se démarquer de la concurrence et attirer la clientèle chez soi, constate-t-il. Il est important de créer une rupture par un nouvel agencement et de proposer des services différenciants aux patients. Nous avons ainsi transformé la pharmacie en relais santé, en proposant tous les trimestres une action de prévention ou de dépistage (cholestérol, diabète, hypertension artérielle, BPCO…) et en informant les professionnels de santé de manière à travailler en réseau. »

Demain, le positionnement santé de Romain Soquet trouvera un prolongement au travers des nouvelles missions du pharmacien.