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SALAIRES : INVESTIR DANS L’HUMAIN !
Entre les difficultés de recrutement, les tensions sur les salaires qui en sont la conséquence, la crise sanitaire et celle du pouvoir d’achat, les politiques de rémunération de l’officine sont mises à rude épreuve. Comment sortir de l’ornière ?
Selon une enquête de Pôle emploi sur les besoins de main-d’œuvre publiée en avril dernier sur le site letudiant.fr, la pharmacie est le troisième secteur qui a le plus de mal à recruter (83 % des recrutements y sont jugés difficiles). Une partie des difficultés de recrutement ne tiennent pas aux candidats, mais aux employeurs qui cherchent à leur faire les yeux doux dans un contexte d’embauche compliqué : pénurie d’adjoints et de préparateurs, déficit d’attractivité de la filière officine, conditions salariales et de travail insuffisantes, manque de perspectives d’évolution, etc. La crise n’a fait qu’empirer la situation de l’emploi en pharmacie. « L’officine vit les mêmes contraintes que la restauration qui connaît une véritable crise du personnel depuis la pandémie », souligne Joël Lecœur, expert-comptable du cabinet LLA et président du groupement CGP. Dans ce secteur, le patronat commence à adapter les conditions de travail pour trouver du personnel. Celui de l’officine ferait bien de s’en inspirer.
Covid et inflation : la double épreuve.
Si la pandémie du Covid-19 a été un facteur inflationniste des salaires, les coûts salariaux engendrés par les tests et la vaccination contre le Covid-19 ont été absorbés par l’augmentation très substantielle de la marge et de la rentabilité en 2021. Cependant, la problématique des salaires a pris depuis le début de l’année une nouvelle tournure, celle-ci étant soumise à la fois à l’épreuve du Covid-19 et de l’inflation galopante (+ 3,6 % en février, + 4,5 % en mars, + 4,8 % en avril et certainement + 5 % en mai selon l’Insee). Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), sait que les effets conjugués des deux vont nécessiter plus de ressources pour satisfaire les revendications des organisations salariales représentatives de l’officine. Ne pas y accéder reviendrait à aggraver les difficultés de recrutement au sein de la filière. « Notre branche professionnelle est en concurrence avec d’autres, mesure-t-il. Mais, pour pouvoir recruter, il est indispensable de renouveler et de pérenniser les budgets 2021 et 2022 de l’Assurance maladie », souligne-t-il.
Les primes, une politique à court terme.
« Malgré la décrue du Covid-19, les tensions sur les salaires restent fortes et il pourrait y avoir un effet boomerang quand la pandémie se calmera », craint Laurent Cassel, expert-comptable du cabinet AdequA. Et d’expliquer : « La pénurie de main-d’œuvre est inflationniste. Elle s’est aggravée avec le surcroît d’activité lié au Covid et le cash dégagé par les tests antigéniques et la vaccination a attisé la convoitise des salariés, estimant que leurs efforts doivent être récompensés par des primes ou des augmentations de salaires ». « La politique des primes n’a qu’un temps, les salaires doivent être revus à la hausse. Mais, surtout, les titulaires doivent poser un autre regard sur leurs équipes et prendre conscience que les salaires, ce n’est pas suffisant ! Ils doivent aussi être à leur écoute, avoir une vision d’entreprise à leur offrir, revoir et adapter leur mode de management », exhorte Mireille Soubrenie, formatrice et coach professionnelle chez Synopsis Management. Un avis partagé par Laurent Cassel : « Il faut passer les primes en salaires bruts, car lorsqu’un salarié veut acquérir un bien immobilier, c’est ce que regarde la banque ». Pour Laurent Cassel, « il ne faut pas voir un salarié comme une dépense, mais comme une ressource. Les titulaires auront de plus en plus besoin de pharmaciens pour réaliser les nouvelles missions, qui sont les relais de croissance de demain. Même si l’activité retombe, il faut toujours être en sureffectif assumé pour être en capacité de faire face à d’autres crises ».
Gouverner, c’est prévoir !
« Avec tous nos clients, nous regardons sur le compte de résultat les éléments exceptionnels liés à la situation sanitaire. Nous réalisons des simulations sur la base d’hypothèses d’activité à la hausse ou à la baisse, en fonction des impacts détectés et nous les prévenons qu’avec les évolutions liées à la mutation du métier, ils vivront une année ou deux années plus difficiles », poursuit-il. Ce travail a pour but de maintenir un niveau de trésorerie suffisant permettant d’investir et de piloter les augmentations de salaires au-delà du conventionnel, sans jamais les subir. Emmanuel Leroy, expert-comptable associé, leader national santé de KPMG développe avec ses clients la même approche anticipative. « La réalisation d’un prévisionnel de trésorerie sur les 36 mois à venir s’avère particulièrement nécessaire notamment pour affecter les excédents liés aux nouvelles missions, dont la pérennité n’est pas assurée », avance-t-il.
Et si on parlait intéressement…
Pour conduire leur politique salariale et managériale, les titulaires peuvent compter sur les mesures récemment mises en place pour favoriser l’emploi : la prime de 8 000 € versée aux employeurs pour recruter des apprentis. Un dispositif qui a fait ses preuves. Depuis sa mise en place, le nombre d’apprentis a augmenté de 15 à 20 % dans la branche. Mais, ce dispositif doit s’arrêter au 30 juin et pour l’après il n’y a aucune certitude. « Mise en place en 2019, la prime PEPA (ex prime Macron) devrait tripler cette année, passant de 1 000 à 3 000 € par collaborateur, et pourra même atteindre 6 000 € en cas d’accord d’intéressement », informe Emmanuel Leroy. Avec la réélection d’Emmanuel Macron comme président de la République, les employeurs devraient pouvoir récompenser leurs salariés dès cet été ! Cet expert-comptable incite les titulaires à mettre en place un accord d’intéressement qui lui paraît être un bon compromis. « L’accord fixe un taux d’intéressement des salariés aux résultats ou à la performance de l’entreprise par le versement de primes conditionnées à la réalisation d’objectifs préalablement définis et ceci dans un cadre fiscal et social avantageux. Un objectif sur le chiffre d’affaires est interdit en pharmacie, mais l’indicateur utilisé peut être la marge en valeur ou l’excédent brut d’exploitation (EBE), sachant que l’intéressement est plafonné à 20 % du total des rémunérations brutes versées aux salariés entrant dans l’accord ».
LE MANAGEMENT D’ÉQUIPE EN 8 POINTS CLÉS
• Faire preuve de bienveillance en gardant l’exigence nécessaire à la bonne posture managériale ;
• Former l’équipe sur les services et les techniques de communication avec les patients ;
• Investir sur le développement des compétences pour préparer l’avenir ;
• Former l’équipe aux outils innovants ;
• Spécialiser chaque membre de l’équipe dans un domaine où il excelle ;
• Recruter (pénurie de personnel : le travail en temps partagé suppose une modification du Code de la santé publique) ;
• Adapter l’organisation pour assurer le service, améliorer la qualité de vie au travail pour libérer les énergies (automatisation du back-office, travaux d’agencement…) ;
• Faire évoluer la gestion du temps et redéfinir son offre de services.
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