79 % des Français réclament des soins moins chers

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79 % des Français réclament des soins moins chers

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Publié le 8 avril 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Près d’un Français sur deux serait prêt à dépenser plus de 20 000 euros pour vivre plus longtemps et en meilleure santé. Pourtant, dans les faits, un tiers renonce encore aux soins pour des raisons financières. Un paradoxe révélateur d’un système sous tension.

Face à un système de soins perçu comme de moins en moins accessible, les Français oscillent entre aspiration au bien-être et réalités économiques. C’est ce que révèle une enquête menée en mars 2025 par la société de gestion d’épargne Yomoni auprès de 4 101 personnes. Cette étude met en lumière le décalage croissant entre la valeur subjective que les citoyens accordent à leur santé et leur capacité réelle à la préserver.

Un tiers des Français confronté au renoncement aux soins

28 % des Français ont déjà dû renoncer aux soins pour des raisons purement financières. Si 72 % des interrogés refusent de faire passer leur santé au second plan, la marge de manœuvre financière reste étroite : plus d’un Français sur quatre (27 %) indique ne prendre aucune mesure face à une dépense de santé imprévue, faute de moyens. « On observe une forme de résignation économique : les patients savent ce qu’ils devraient faire, mais ne peuvent pas se le permettre », souligne Yomoni dans son analyse.

Dépenses de santé imprévues : 1 Français sur 5 sous pression

Lorsqu’une dépense de santé imprévue survient, 37 % des sondés puisent dans leur épargne, 19 % sollicitent un crédit ou une aide extérieure, et 17 % étalent ou reportent la dépense. Mais 27 % n’ont tout simplement pas de solution. Selon l’étude, pour 57 % des Français, être en bonne santé coûte « beaucoup trop cher ». Et ce sentiment d’impuissance budgétaire progresse : 39 % considèrent cette situation comme un problème, tandis que 18 % doivent désormais arbitrer entre différents postes de dépense pour continuer à se soigner.

L’inégalité de l’accès aux soins, une fracture sociale en expansion

Loin de concerner uniquement les plus précaires, cette tension entre santé et pouvoir d’achat traverse toutes les catégories sociales. Seuls 15 % des sondés affirment que leur budget santé n’a jamais été une contrainte, et 28 % estiment encore pouvoir gérer « sereinement » leurs dépenses médicales. La majorité, elle, exprime une lassitude croissante face à un système qu’elle perçoit comme injuste.

79 % des Français réclament des soins moins chers

Les attentes des Français sont claires : pour 79 %, la priorité absolue doit être la baisse du coût des soins. Loin derrière, 11 % évoquent une meilleure couverture par les complémentaires santé, 7 % la création d’un budget santé spécifique, et 3 % seulement pensent qu’une meilleure éducation financière pourrait suffire.

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Une santé « à deux vitesses » ?

Malgré tout, les Français restent prêts à investir dans leur santé. Ils sont 45 % à se dire disposés à payer plus de 20 000 euros pour vivre plus longtemps et en meilleure forme. Résultat ? « Ces données traduisent une tension extrême entre la valeur subjective que les individus accordent à leur santé et leur capacité réelle à agir pour la préserver », analyse Yomoni.

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