Philapharm.fr, le blog d’un passionné de la santé

Réservé aux abonnés
Publié le 25 septembre 2010
Par Myriem Lahidely
Mettre en favori

Etudiant en pharmacie, David Sainati a mis à profit son penchant pour l’éducation en santé et sa passion pour les nouvelles technologies en créant un magazine « on line ». Le jeune webmaster a obtenu le prix Internet lors de la soirée Initiatives Pharmacie 2009 pour ce journal destiné au grand public et aux pharmaciens.

Si l’on voyait ce que les gens déposent comme messages sur un blog, on serait effaré. Il y a beaucoup de questions, et une vraie place à prendre. » David Sainati, 22 ans, l’a prise avec philapharm.fr, le blog qu’il a mis en ligne depuis un an et demi. Ou plutôt un web-magazine axé sur l’information et la prévention en santé… Prévention au sens large. Dans ses quatre rubriques, le jeune webmaster est assez éclectique. Il traite de médecine (dossiers sur les maladies et sur leurs traitements), de recherche (l’actualité des laboratoires notamment), de questions de société (campagnes de prévention, études sur la santé publique). Les sujets sont extrêmement variés : les stérols végétaux, les dangers réels des statines, des solvants ou des pigments des peintures, des conseils sur le test de diagnostic rapide de l’angine, sur le choix d’une solution hydro-alcoolique ou encore sur une farine pour le pain des diabétiques, la prévention des maladies cardiovasculaires avec du kiwi ou des douleurs musculaires avec du jus de cerise,… Pas moins de 70 articles ont été publiés depuis la mise en ligne du site en janvier 2009, avec des liens qui renvoient vers des sources « sûres » pour compléments d’information. Ce travail de titan, David l’effectue en dehors des heures de cours, la nuit le plus souvent… « Mes cours m’ont donné envie d’écrire. J’ai décidé de partager les connaissances que j’allais acquérir au fur et à mesure de mes études », explique tranquillement l’étudiant qui est actuellement en 5e année de pharmacie.

Assurer une veille permanente

Pour compléter ses cours magistraux et les rendre plus pertinents, David a très vite consacré du temps pour fouiller l’actualité médicale et pharmaceutique. Il a ainsi cherché les sources médicales considérées comme les plus sûres. « Le moteur de recherche Pubmed, entre autres, donne accès à des millions de données et articles sur la biologie et la médecine scientifique », confie-t-il. Mais il s’est aussi familiarisé avec les nombreuses revues médicales auxquelles la Faculté lui donne gratuitement accès, des sites américains, ou encore ceux de l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé, de la Haute Autorité de santé, de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé ou de l’Agence européenne du médicament (AEM)… Il y puise de la matière pour ses propres articles et ses synthèses. Et épluche tous les rapports des sites européens. Ce travail de fourmi lui a permis dès août 2009 de faire un point sur le générique de Plavix, avant qu’il n’arrive sur le marché, mais aussi sur les risques de Ritaline et les dernières recommandations de l’Agence européenne du médicament sur ce traitement prescrit aux enfants hyperactifs, ou sur les liens supposés de l’aspartame et du cancer. Des articles qu’il source et qu’il réactualise.

Des articles référencés par google

« J’y vais au feeling », explique David, qui a une méthode personnelle pour alimenter son journal. C’est ainsi qu’il s’interroge sur les bienfaits de la cerise après en avoir mangé. Il compulse toutes les publications sur le sujet, fait une synthèse des infos glanées et publie son article. Comme il fait une veille permanente sur des sujets que certains sites ne traitent pas, il anticipe parfois l’information. Cela a été le cas pour la mise sur le marché du générique du clopidrogel. « Avant d’écrire, je passe quatre à cinq heures pour me documenter sur un sujet », commente David. Sur le moteur de recherche Google, philapharm.fr a été régulièrement référencé parmi les premiers pour les articles sur le clopidrogel, Ritaline, ou les nouveaux médicaments de la fibromyalgie. « Parfois Google m’a référencé devant doctissimo.fr sur des sujets particuliers », concède fièrement le futur confrère. Son sujet sur l’aspartame et le cancer a longtemps été référencé parmi les premiers. Idem pour sa présentation, avant même que l’Institut national de recherche et de sécurité en parle, de l’harmonisation européenne des pictogrammes de dangers des produits chimiques. Pour son webzine, David Sainati a d’ailleurs signé la charte Health on the Net (HON) garantit notamment des principes de transparence. « Je dois indiquer si je suis payé pour faire un article », note David qui, par cette charte, veut assurer aux internautes ne pas être la voix d’un laboratoire.

Et cela fonctionne : 30 000 visiteurs sont venus sur son site la première année et déjà autant pour le premier semestre 2010. « A 75 % il s’agit de M. et Mme Toulemonde, de lecteurs plutôt éclairés, de pharmaciens, et de médecins », constate David. Le blogueur est par ailleurs régulièrement sollicité par des entreprises privées. Lorsque la Fondation Roche a voulu lancer « La voix des patients », plateforme où des anonymes évoquent leur maladie et partagent leur quotidien avec d’autres, elle a invité le webmaster à Paris.

Publicité

Internet pour aider les pharmaciens

« Le but c’est le patient. Le pharmacien est là pour le conseiller. » David veut impulser une dynamique, provoquer un déclic, inciter ses confrères au réflexe Internet pour enrichir leur conseil. Pour autant, l’étudiant ne se destine pas à travailler derrière le comptoir. Ses activités « parallèles » – création du site philapharm.fr, publication de l’UM1 (l’Humain) un journal inter-universités, formation de médecins oncologues sur les outils du web 2.0 appliqué à la médecine et à la pratique quotidienne – lui ont fait découvrir une autre voie possible : directeur d’informations médicales. « Ce personnage clé gère toutes les informations que diffuse un laboratoire. Il peut impulser une bonne image à l’entreprise et il s’occupe aussi de pharmacovigilance. » Cet été, un stage (mené parallèlement à son mi-temps dans une officine de Lunel) l’a amené à concevoir et coder pour une start-up montpelliéraine (Normind) le contenu d’un logiciel d’aide à la décision dans la vente de crèmes solaires à l’officine « Cosmétologie et risques solaires ». « Le pharmacien n’est pas là pour vendre des bonbons mais pour conseiller le patient. S’il le fait bien, les gens reviendront chez lui », rappelle David. Il réfléchit à un service qui permettrait au pharmacien, à travers ses conseils, de suivre le patient hors de l’officine.

Envie d’essayer ?

LES AVANTAGES

• L’approfondissement de ses connaissances.

• L’échange avec différents interlocuteurs ?: patients, pharmaciens, médecins, laboratoires pharmaceutiques, etc.

• La confrontation de ses idées avec celles des autres.

• La découverte de métiers auxquels on n’aurait jamais pu accéder par le seul biais des études ou de l’activité professionnelle.

• Un enrichissement permanent qui permet d’évoluer.

• Une façon d’aider à faire bouger les idées et les mentalités sur certains sujets.

• Un moyen de défendre la profession.

LES DIFFICULTÉS

• Le temps consacré à la tenue du blog au détriment parfois de sa vie personnelle ou sociale.

• L’acquisition de bases en informatiques et la formation indispensable à de nouveaux outils.

LES CONSEILS

• Choisir un nom de domaine libre et un hébergeur qui permet l’évolution du site.

• Etre prêt à investir de l’argent dans le projet notamment dans la protection du blog.

• Aller sur des sites d’entraide pour accéder aux moteurs de recherche gratuits.

• Ne pas hésiter à aller sur des forums de blogueurs pour bénéficier d’une aide technique.

• Etre réactif si on a une idée de sujet, ne surtout pas attendre pour la traiter.