Le soin anti-âge à l’aube d’une nouvelle ère

À la lumière de ces éléments, la frontière entre l’hydratation et l’antivieillissement est de plus en plus fine. Le segment de l’anti-âge est au coude à coude avec celui de l’hydratation en termes de chiffre d’affaires. L’anti-âge réalise plus de 192 millions d’euros (versus 204 millions d’euros pour l’hydratation) en croissance de + 7 %. Une dynamique qui attire d’ailleurs des marques du sélectif comme Clarins ou le groupe Estée Lauder qui semblent renforcer leurs positions en officine. « La pharmacie offre un positionnement aussi scientifique que prémium, rappelle Pierre Juhen, président de Finoli (propriétaire de Patyka).  L’anti-âge y est une catégorie reine de santé qui gagne des parts de marché, avec une approche scientifique et bien conseillée par un professionnel. À fin août, Patyka signe la plus forte croissance du top-10 avec +39% de croissance en volume et en valeur ». Ce qui séduit : l’efficacité rapide et surtout, la concentration en actifs. « La tendance est à une routine de plus en plus élaborée avec sérum, soin et protection solaire », explique Angélique Mahot, directrice générale France de Caudalie. Et Charlotte Cabel, responsable marketing France, Belgique et Suisse du laboratoire SVR, d’ajouter : « Les consommateurs sont de plus en plus avertis et renseignés sur le sujet. Les actifs phares tels que la vitamine C, le rétinol, le collagène ou encore l’acide hyaluronique sont connus de tous et très recherchés. » En témoigne le succès de la dernière-née de Caudalie, la gamme Resveratrol-Lift qui place quatre de ses références dans le top 10 des innovations du Gers. La marque annonce d’ailleurs, pour 2025, une nouveauté de taille sur le segment de l’anti-âge. La course aux actifs phares et aux technologies est effrénée. Cette année, Eucerin et Filorga ont lancé deux découvertes marquantes : la première s’appuie sur la recherche en épigénétique menée par Beiersdorf et la seconde s’inspire de la médecine esthétique avec une formule qui serait aussi efficace qu’un protocole d’injections revitalisantes. Elie Saad, directeur commercial Eau Thermale Jonzac émet un bémol : « Les trois dernières années sont marquées par un changement dans les promesses. » Les lancements portent moins sur le prisme de la correction que celui de la prévention, voire du mieux vieillir. Pour autant, la catégorie est en pleine sophistication, empruntant les codes de la parfumerie. En témoigne le succès des sérums (à + 20 % en volume) ou des crèmes de nuit, à l’image du produit star Dermabsolu d’Avène, la gamme des peaux matures qui fait peau neuve. Sur cette catégorie stratégique et bataillée, les laboratoires ne lésinent pas sur les moyens pour accompagner le personnel officinal. « Nous mettons en œuvre des moyens moteurs comme des challenges et des animations, et nous investissons dans les points de vente avec des vitrines, échantillons et testeurs », souligne Pierre Juhen.

Sur la voie du mieux vieillir 

Au-delà des catégories de produits, les acteurs de la dermocosmétique sont de plus en plus nombreux à s’engager dans la prise en charge des évolutions hormonales des femmes et qui entrent en considération dans la lutte contre le vieillissement cutané notamment. C’est le cas de Vichy qui a lancé, en mai dernier, sa plateforme www.hormonall.com. Avec l’aide d’experts de Wellbeing of Women, de spécialistes de la santé, de gynécologues et de chercheurs, les Laboratoires Vichy ont cocréé quatre modules de formation autour des étapes clés de la vie d’une femme : la puberté, le cycle menstruel, le post-partum et la ménopause. Chaque module, d’environ 15 minutes, offre de nombreuses informations de santé.

Les soins spécifiques drivent la croissance

Le marché du soin visage ne se résume évidemment pas uniquement à l’hydratation et à l’anti-âge. Cette année, les anti-acnéiques, les antirougeurs et les spécifiques contours des yeux sont aussi en forte croissance à respectivement + 18,7 %, + 12,6 % et + 9,7 % en valeur. Les soins antitaches tirent leur épingle du jeu avec + 20,3 %, portés par une innovation soutenue en 2023. « Ce sont les soins spécifiques qui drivent la croissance du marché et notamment l’antitache qui a été super puissant sur ce printemps 2024 avec une bataille de campagnes publicitaires sur le sujet », raconte Charlotte Cabel pour SVR. Caudalie a fait parler d’elle dans une collaboration avec l’influenceuse Léna Situations pour Vinoperfect. Ou encore Mela B3 de La Roche-Posay qui s’est affiché partout au printemps dernier.

À lire aussi :

>> Soins du visage  : un marché en pleine forme

>> Soins hydratants : les marques innovent pour séduire