Le disque est rayé

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Publié le 25 juin 2011 | modifié le 19 août 2025
Par Francois Pouzaud
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Dans le sillon d’autres marchés, celui des préservatifs a connu une année difficile en 2010. Les ventes en pharmacie ont reculé de 4,1 % et de 0,6 % en parapharmacie. Une perte de la face relative tant les achats sont majoritaires en officine.

La déception est palpable chez les grands acteurs du marché en officine. Selon eux, les mauvais résultats de l’année 2010 sur les préservatifs sont imputables en premier lieu aux pouvoirs publics, visiblement moins investis dans la prévention. Jean-Marc Bloch, directeur marketing France de Manix, explique cette évolution notamment par la perte d’impact des campagnes de prévention contre le Sida, entraînant de fait une déresponsabilisation des jeunes et par la recrudescence des achats de préservatifs à 20 centimes d’euro. « Leur part de marché en volume est passée de 9 % en 2009 à 12 % en 2010. Les ventes additionnelles que les préservatifs à 0,20 centimes d’euros réalisent sont autant de ventes en moins de préservatifs de marques plus chères. » Par ailleurs, les ventes en GMS sur ce segment, qui détiennent 69 % des volumes, ont progressé dans le même temps de 1,5 %. De leur côté, les parapharmacies limitent la casse (– 0,6 % en volume, – 2,9 % en valeur) mais elles ne pèsent « que » 751 000 boîtes et 518 000 euros.

Le préservatif, l’oublié des linéaires

Enfin, le médicament en libre accès, en prenant un ou plusieurs espaces devant le comptoir entraîne un relâchement de pression des pharmaciens qui mettent moins en valeur l’offre de préservatifs sur leurs linéaires. « Les préservatifs doivent être exposés pour chasser les tabous. Or il est plus simple pour le pharmacien de privilégier l’exposition de produits qui ne rencontrent pas ce problème », regrette-t-il. De fait, les marques leaders souffrent en officine : – 4 % pour Durex (45,1 % de PdM), – 5 % pour Manix (38,3 % de PdM), – 24 % pour Protex (10,2 % de PdM), tandis que Reflex (Polidis) avec ses préservatifs à 20 cts est le seul à tirer son épingle du jeu (+ 16 % à 4,5 % de PdM).

Difficile aussi de trouver le juste milieu, entre les utilisateurs qui aspirent à la plus grande discrétion au moment de l’acte d’achat d’un préservatif tout à fait classique et ceux en quête de fantaisie. Bien que tous les goûts soient dans la nature, les classiques restent indétrônables sur le marché (70 % de PdM), mais avec plus de 2 M€ de chiffre d’affaires annuel, les préservatifs de grande taille ont trouvé une place confortable. Pour maintenir le cap des ventes, les laboratoires doivent innover sans relâche pour attirer et fidéliser de nouveaux consommateurs. Et en ce domaine, ils sont a priori intarissables à la fois pour satisfaire les consommateurs à la recherche de nouvelles sensations, faire tomber définitivement les tabous et donner une autre image au bien-être sexuel.

Cependant, en 2010, la floraison des références « plaisir » semble avoir atteint ses limites. « Le levier de l’innovation n’est pas suffisant en soi », explique Jean-Marc Bloch. Nous sortons d’une période très fantaisiste afin de déculpabiliser l’acte d’achat pour nous recentrer aujourd’hui sur des innovations utiles qui doivent faire oublier au mieux que le port du préservatif est une obligation. Aussi, les améliorations portent-elles sur la finesse, la lubrification, la recherche d’une forme optimale ou d’un meilleur déroulement. »

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– 7,2 %

En 2010, le marché des préservatifs a chuté de 7,2 % en valeur, avec un chiffre d’affaires de 17,6 millions d’euros. En volume, la baisse est moins vertigineuse, avec – 4,3 % et 31 millions d’unités vendues.

EN HAUSSE, EN BAISSE

A la hausse

Manix Skyn, le préservatif ultra-fin à base de Sensoprène, s’impose comme une référence forte. Elle réalise à elle seule 5 % du marché.

A la baisse

La baisse à deux chiffres de Protex que les plus anciens ont connu sous le nom de Prophyltex.

LES MEILLEURES VENTES *

1 Durex Jeans Easy On (12)

2 Reflex Condoms Standard (25)

3 Manix Super (4)

*En unités