La croissance des génériques devrait bientôt se ralentir

Est-ce la fin de l’âge d’or des génériques ? Depuis 2006, leur croissance semble se tasser. D’après une récente étude Eurostaf sur « Les perspectives du marché français des médicaments génériques », ce marché n’a connu qu’un taux de croissance annuel moyen de 8,8 % entre 2006 et 2009, alors qu’il s’était envolé à 25,1 % entre 2000 et 2005.

Une croissance de 12 à 15 % par an d’ici 2012

Pourtant, le marché reste particulièrement dynamique. D’ici 2012, sa croissance va être alimentée par l’expiration de nombreux brevets de médicaments à fort volume de vente (atorvastatine, valsartan, montelukast, irbésartan, esoméprazole, rosuvastatine, budésonide associé au formotérol…). L’organisme d’études Eurostaf prédit que le générique restera, dans les deux ans à venir, le segment de marché le plus dynamique, affichant des ventes en progression en valeur de 12 % à 15 % en moyenne par an. « Sur la base d’un marché du générique à 2,3 milliards d’euros en 2009, les ventes devraient représenter entre 3,7 et 4,1 milliards en 2012, soit entre 15 % et 17 % de l’ensemble du marché des médicaments », estime Magali Affre, responsable du pôle pharmacie chez Eurostaf.

Une concentration des laboratoires

Mais, dès l’année prochaine, la croissance du générique devrait se tarir en raison de la réduction sensible du nombre de spécialités tombant dans le domaine public. Face à cette perspective de ralentissement, le secteur devrait opérer un double mouvement : d’abord de concentration des laboratoires puis de recherche de relais de croissance, notamment sur le segment des bio-similaires.

L’étude confirme en effet que la diversification en dehors du générique va s’accentuer. Les laboratoires vont s’ouvrir vers des segments de marché moins soumis à une forte concurrence de prix, comme les médicaments brevetés ou les dispositifs médicaux.

Par ailleurs, les acteurs se sont progressivement internationalisés. A l’exception de Biogaran, centré sur le marché français, les autres laboratoires de génériques sont présents sur les principaux marchés matures en dehors de l’Hexagone et se positionnent aujourd’hui sur les marchés émergents.

D’après Eurostaf, le marché du générique en France sera dans les prochaines années dominé par six acteurs d’envergure internationale, qu’ils soient filiales de groupes pharmaceutiques ou « pure players ».

Et ceux qui auront déjà investi le marché des bio-similaires pourraient bénéficier d’un avantage concurrentiel.

A quand des appels d’offre pour les génériques ?

Pour Magali Affre, la France n’est pas à l’abri d’un système d’appels d’offre sur les génériques, comme en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suède. Les remboursements seraient ainsi effectués sur le prix du générique le moins cher. « Les prix des génériques en France restent élevés par rapport aux autres pays d’Europe où le marché est beaucoup plus développé en volume », affirme Magali Affre. Même si une récente étude du Gemme place la France au 6^e rang de dix pays européens avec un prix moyen des génériques inférieurs de 4 %. Il n’empêche, d’après Eurostaf : « La direction de la Sécurité sociale est favorable à l’idée d’un appel d’offre pour les génériques, mais elle se heurte à une organisation centralisée des remboursements et aux lobbies industriels qui dénoncent les effets négatifs d’une telle politique sur les emplois du secteur. »