Des veinotoniques oraux en quête de ressort

Réservé aux abonnés
Publié le 30 juin 2018
Par Francois Pouzaud
Mettre en favori

Eclipsé par les articles de compression, le marché des veinotoniques oraux poursuit sa décrue. Il n’a cependant pas dit son dernier mot grâce aux efforts de certains acteurs pour le remettre en selle.

D ix ans après le déremboursement de cette classe thérapeutique, les ventes de phlébotoniques oraux continuent à pâtir de la baisse de la prescription alors que celle-ci reste « un moteur de la demande », selon Philippe Bayon, directeur marketing de Mylan. D’après les chiffres IMS à fin avril en cumul annuel mobile, le marché des veinotoniques oraux à l’officine est en érosion de 4,8 % en volume pour 17,1 millions d’unités vendues, et de 5,4 % en valeur pour un chiffre d’affaires de 151,1 millions d’euros. « Le poids de ce rayon n’en demeure pas moins conséquent, puisqu’il se situe au cinquième rang du marché de l’OTC selon l’Afipa », pointe Stéphane Curti, directeur cardiovasculaire et médecine interne chez Servier. Les pathologies associées, liées au vieillissement, à la sédentarité ou encore au surpoids, n’en ont pas fini de progresser : en France, 8 à 9 millions de personnes sont touchées par une maladie veineuse diagnostiquée, 20 millions en souffrent sans avoir été diagnostiquées, et 4 millions de patients connaissent des crises hémorroïdaires.

Les fractions flavonoïques résistent

Dans ce contexte, quand d’autres sombrent voire jettent l’éponge, certains acteurs parviennent à tirer leur épingle du jeu, en particulier sur le segment des fractions flavonoïques, qui représente 40 % du marché en valeur d’après les chiffres du GERS fournis par Mylan, devant les produits à base de diosmine et de Gingko biloba (18 % pour chacun de ces segments) et de troxérutine (11 %). Daflon 500, la référence de Servier issue d’un processus de micronisation de flavonoïdes d’origine naturelle, conserve ainsi le leadership des ventes de veinotoniques et bénéficie d’une redynamisation liée à sa forte exposition médiatique. « Depuis l’an dernier, nous avons étendu aux patients nos efforts de promotion, jusqu’alors uniquement ciblés sur les professionnels de santé », explique Stéphane Curti. Le laboratoire a également lancé en décembre dernier une nouvelle référence, Daflon 1000, indiquée pour les troubles hémorroïdaires. « Ce produit répond aux attentes des patients en termes de praticité et d’efficacité avec un conditionnement adapté à une cure d’une semaine. Il peut aussi être facilement proposé en conseil associé avec une crème, grâce un prix maîtrisé », fait valoir le porte-parole de Servier. La gamme Daflon enregistre ainsi une hausse de 5 % de son chiffre d’affaires à fin mars 2018. Deuxième acteur du marché des phlébotoniques par voie orale, Mylan surfe sur le succès de l’équivalent thérapeutique de Daflon, « une exclusivité parmi les génériqueurs », rappelle Philippe Bayon. Egalement en évolution, cette référence s’est arrogée en quelques années 40 % des parts de marché des fractions flavonoïques. Par ailleurs, les références en DCI de Mylan pèsent respectivement un quart des ventes sur le segment de la diosmine, quasiment déserté par les marques, et 28 % du segment de la troxérutine, encore à 60 % aux mains des laboratoires traditionnels. « Notre force est de proposer des alternatives de qualité équivalente aux produits d’origine, à des prix très attractifs », souligne le représentant de Mylan. Le génériqueur s’appuie aussi sur des partenariats avec les groupements, à travers des opérations de trade marketing notamment, et avec les pharmaciens en général auxquels il propose des remises toute l’année et des offres promotionnelles avant le pic des ventes estival. De son côté, Servier, tout en relançant une campagne grand public depuis le 25 mai, a renforcé cette année ses actions de formation auprès de la profession officinale sur les pathologies veineuses et hémorroïdaires. Pour Stéphane Curti, « la sensibilisation des acteurs de santé à l’importance de la prise en charge précoce de ces pathologies aux conséquences potentielles graves est une des clés de la reprise du marché ».

Publicité