Urgo sur le point de se séparer de son activité grand public ?

L’information a été révélée par L’Informé : le groupe Urgo envisage de se séparer de plusieurs de ses marques emblématiques du rayon parapharmacie, dont Juvamine, Mercurochrome, Marie Rose, Esprit Bio ou encore Intimy. Ces actifs, réunis au sein de la filiale Juva Santé, auraient suscité plusieurs marques d’intérêt non sollicitées. Pour évaluer ces propositions, la famille Le Lous, qui dirige toujours Urgo, a mandaté Natixis Partners, précise L’Informé.

Une activité à 130 millions d’euros dans la balance

Le scénario d’une cession partielle de l’activité est désormais sur la table. En cas de concrétisation, cette opération viendrait amputer le pôle Urgo Healthcare – qui regroupe les activités de santé grand public – d’une part significative de son chiffre d’affaires. Selon les données de L’Informé, le périmètre concerné pèserait environ 130 millions d’euros, sur un total de 300 millions pour Urgo Healthcare.

À l’échelle du groupe, Urgo revendique près de 900 millions d’euros de chiffre d’affaires en incluant sa branche Urgo Medical (cicatrisation, compression, dispositifs médicaux).

Une stratégie de recentrage sur les segments à forte valeur ajoutée

L’objectif, selon des sources financières citées par L’Informé, serait clair : se désengager des marques à faible valeur ajoutée, voire en perte de vitesse, pour accélérer la croissance sur les segments plus porteurs, notamment à l’international. Juva Santé, très dépendante des circuits de distribution GMS (grandes et moyennes surfaces), aurait connu une période difficile pendant la crise du Covid-19, avant de retrouver une trajectoire haussière.

L’histoire de certaines marques est pourtant bien ancrée dans le patrimoine français : Mercurochrome a rejoint Juva Santé en 1996, Marie Rose en 1997, Ricqlès (alcool de menthe) en 2008. Aujourd’hui, leur avenir pourrait s’écrire sous d’autres couleurs.

Deux acquisitions déjà finalisées en 2025

Ce recentrage stratégique s’accompagne en parallèle de mouvements offensifs sur le front des acquisitions. Au premier semestre 2025, Urgo a repris :

– Vista-Life Pharma, une PME belge positionnée sur les compléments alimentaires ;

– MyBestPharm, société polonaise disposant d’un portefeuille d’une vingtaine de produits dans les segments immunité, beauté et minceur.

Cicatrisations, lasers et peau artificielle : les nouveaux paris d’Urgo

Urgo continue également d’investir dans des projets industriels à haute valeur ajoutée, loin des rayons parapharmacie. Le plus structurant : Genesis, un programme de recherche en peau artificielle co-développé avec Dassault Systèmes, financé à hauteur de 100 millions d’euros (dont 20 millions de Bpifrance via France 2030).

Le groupe mise aussi sur la médecine esthétique, avec des technologies de lasers anti-rides et anti-cicatrices, positionnant Urgo à la frontière de la santé, du bien-être et de l’innovation.

Un changement d’ère assumé

Près de 3 800 salariés dans le monde, dont 2 000 en France et plus de 360 chez Juva Santé : le virage stratégique du groupe ne sera pas sans conséquences. Les héritiers d’Hervé Le Lous – qui avait lancé Juvamine il y a 40 ans – semblent déterminés à ne pas figer l’histoire du groupe dans ses marques historiques.

Contactés par L’Informé, ni Urgo ni Natixis Partners n’ont commenté l’information.