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Tous à l’eau !
Si l’eau constitue bien Souvent l’ingrédient Principal des produits cosmétiques, c’est plutôt la quête d’innocuité, de transparence et d’éthique qui a poussé sa remise sur le devant de la scène. En témoigne le boum des eaux micellaires et du thermalisme en cosmétique ou des eaux de Cologne en parfumerie.
L’eau est mythique. Elle est le symbole de la pureté et de la protection par excellence. En valeur universelle et originelle, l’eau s’inscrit parfaitement dans les nouvelles tendances de consommation qui découlent des scandales sur les formulations cosmétiques. D’ailleurs, l’eau fait partie intégrante des formules cosmétiques depuis l’avènement des émulsions, la fameuse huile dans eau. Comme la dureté de l’eau courante n’est pas compatible avec les contraintes de formulation, l’industrie cosmétique a mis en place des procédés de purification. Cette eau servant essentiellement à dissoudre des actifs à l’origine solides n’entraîne pas d’impact direct pour le produit fini. Ainsi, des eaux dites enrichies apparaissent. Le phénomène n’est pas récent.
ÇA COULE de source !
Seules sept marques – Avène, La Roche-Posay, Vichy, Uriage, Eau Thermale de Jonzac, Garmarde et Saint-Gervais Mont-Blanc – peuvent se targuer de formuler des produits de dermocosmétique avec le fameux sésame : l’eau thermale, avec pour chacune d’entre elles des spécificités de composition propres à leur situation géographique. Une eau naturellement riche en oligo-éléments et minéraux particulièrement appréciés des épidermes fragiles et sensibles, est un atout de taille. Plébiscitée depuis toujours comme principe actif « made in France », cette eau aux mille vertus ferait presque de l’ombre aux molécules hightech des laboratoires. Longtemps réservée à des pathologies dermatologiques, l’eau thermale se développe dans une offre dermocosmétique plus grand public, mais toujours réservée aux mains des officinaux : atopies, intolérances, rougeurs, acné et plus largement peau sensible… l’eau thermale fait ses preuves depuis plusieurs décennies. Très tôt, l’académie de médecine française en a reconnu un certain nombre comme aidant à reconstruire la barrière cutanée déficiente. En effet, l’eau thermale, de par sa composition en minéraux et indemne de toute pollution, renforce la fonction barrière de la peau et limite les pénétrations bactériennes. La renommée de cette eau s’est d’abord forgée via les centres de cures thermales. Puis des préparations cosmétiques la contenant ont vu le jour pour accompagner les traitements des curistes. Aujourd’hui, Avène compte au total 160 références autour de 20 gammes et La Roche-Posay propose pas moins de 27 lignes pour le visage et le corps. Preuve des temps, Vichy proposera dès le mois de mars les deux premières Eaux de protection solaire SPF 30. Leurs formules biphasées – une phase huileuse (48 %) et une phase aqueuse (52 %) – mettent en exergue les propriétés d’une eau thermale naturellement reminéralisante. Une véritable volonté pour la marque de remettre l’eau au cœur de sa stratégie marketing. D’ailleurs, elle relancera en avril sa franchise star Aqualia Thermal.
CLAIR comme de l’eau de roche
L’eau a donc fait du chemin et son destin est particulièrement lié à celui de l’officine, en témoigne le succès de Créaline H2O de Bioderma (lire l’encadré). Prescrite par les dermatologues, vantée par les maquilleurs de stars, l’eau micellaire est devenue en quelques années le geste incontournable du démaquillage. Aujourd’hui, elle est complètement en phase avec les attentes des consommatrices qui, d’une part, estiment de plus en plus avoir une peau sensible – 9 femmes sur 10 en France – et, d’autre part, qui sont à la recherche de produits pour lutter contre les agressions extérieures comme la pollution. « La formule à l’eau, symbole de propreté et de pureté mais aussi de sécurité, est devenue un avantage technique », explique le docteur Michèle Sayag, médecin-allergologue et directrice de la stratégie médicale de Bioderma. En pharmacie, toutes les marques de dermocosmétique comptent désormais une eau micellaire à leur catalogue. L’année dernière, La Roche-Posay a lancé une nouvelle architecture de formulation de ses Eaux micellaires, associant la puissance nettoyante des micelles au pouvoir hydratant de la glycérine. Au total, trois versions segmentées pour les peaux réactives, sensibles ou grasses, accompagnent cette tendance grandissante. La grande distribution – en quête de plus d’innocuité – s’est, elle aussi, emparée de ce geste révolutionnaire. Garnier, Mixa, et même plus récemment Nivea : ces marques surfent sur les mêmes codes de la pharmacie, qui mettent en exergue toute la transparence de la formule.
AU PARFUM
L’eau ne s’arrête pas aux linéaires du soin de la peau. Depuis toujours, elle inspire par son aura de fraîcheur et de transparence. L’eau de Cologne composée par Jean-Marie Farina en 1709 est toujours commercialisée par Roger&Gallet en pharmacies. Avec 3 à 6 % d’essences (diluées dans l’alcool), l’eau de cologne s’évapore en à peine trois heures mais la fraîcheur vivifiante qu’elle confère immédiatement – elle était d’ailleurs au départ un remède – charme les personnalités en quête de délicatesse et de sensorialité. L’eau a toujours inspiré les parfumeurs, en témoignent de nombreuses marques qui misent sur la sémantique : Acqua di parma, les fameuses Eaux (de pamplemousse rose, des Merveilles, etc.) d’Hermès, et même Ô de Lancôme.
VERS un horizon infini
Les désirs de transparence, d’innocuité et d’allègement des formules ont cette année poussé Nailmatic, la marque de vernis à ongles, à lancer la ligne Aqua Nail : un vernis innovant formulé à base de 54 % d’eau, à la place des solvants habituellement contenus dans ce type de produit. En plus d’être inodore, cette offre de 40 couleurs entraîne des gains industriels de taille, en termes de développement durable et de responsabilité sociale (moins d’ingrédients nocifs, moins de composés volatils, etc.). « C’est une vraie révolution qui redonne de la valeur et surfe sur la tendance d’une cosmétique plus verte », se félicite Lilian Monnier, co-fondateur de Nailmatic. Preuve que l’eau a encore bien d’autres chemins à explorer et que ses vertus ne s’arrêtent pas au soin de la peau et au parfum.
INFORMATION
En janvier 2018, le magazine 60 millions de consommateurs a établi un classement des meilleurs eaux micellaires. La Créaline H2O de Bioderma est arrivée en tête du classement, suivie de l’eau micellaire nocibé, celle d’Avène et l’express 3 en 1 de Diadermine.
500 ml
c’est la perte en eau quotidienne de la peau (800 ml en hiver).
Source Vichy
Eaux micellairesCréaline H2O : leader incontesté
Aujourd’hui, un flacon de Créaline H2O est vendu toutes les trois secondes dans le monde. Pourtant à ses débuts en 1995, le laboratoire Bioderma s’est heurté au scepticisme des professionnels de santé, habitués et attachés au bon vieux duo lait et tonique. « Au lancement, les dermatologues n’y ont pas cru, se souvient Michèle Sayag chez Bioderma. Il y avait même une suspicion à nettoyer la peau avec de l’eau, car elle était connue pour agresser les épidermes sensibles. » Lancée en pharmacie, la formule fait néanmoins recette auprès des peaux intolérantes et de certaines pathologies, comme la rosacée ou les peaux hypersensibles. Ce sont les maquilleurs professionnels puis les magazines féminins qui démocratisent son utilisation auprès du grand public. Depuis, le produit a connu un énorme succès. Et Bioderma mise sur son poulain en déclinant Créaline pour chaque type de peaux : normales, grasses à imperfections et même pour le change des bébés.
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