Médicaments matures : des laboratoires s’organisent face aux prix planchers

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Médicaments matures : des laboratoires s’organisent face aux prix planchers

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Publié le 23 juin 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Un nouveau collectif baptisé "Alliance des médicaments matures" (A2M France) vient de voir le jour. Il regroupe une dizaine de laboratoires produisant majoritairement en France et en Europe, avec une ambition : obtenir une meilleure reconnaissance économique et politique de ces médicaments anciens mais indispensables, à l’approche du PLFSS 2026.

L’A2M France entend défendre les médicaments dits « matures », c’est-à-dire anciens, largement prescrits, souvent essentiels (MITM), mais dont la valorisation économique est aujourd’hui jugée insuffisante. « On parle ici de produits en dessous de 5 euros, parfois vendus moins cher qu’une baguette de pain », alerte le collectif, qui dénonce une érosion continue des prix décidée par les pouvoirs publics.

Sans dévoiler l’identité de ses membres, l’Alliance affirme rassembler des industriels qui produisent en majorité sur le sol français ou européen. Elle revendique une approche complémentaire à celle du Gemme (qui représente les génériqueurs) et se distingue de l’Amlis (TPE/PME du secteur pharmaceutique). Objectif : se structurer rapidement en syndicat professionnel d’ici 2026, pour peser dans les arbitrages publics.

Une reconnaissance institutionnelle encore absente

Le collectif s’alarme de l’absence de mesures ciblées dans le PLFSS 2025 concernant les médicaments matures, pourtant au cœur de nombreuses stratégies thérapeutiques. Selon lui, leur maintien repose désormais sur trois priorités :

– renforcer leur compétitivité sur le marché intérieur,

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– faire évoluer leur cadre fiscal,

– obtenir une reconnaissance institutionnelle claire, dans les politiques de prix comme dans les dispositifs industriels.

Un enjeu de souveraineté pharmaceutique… et d’accès aux soins

Au-delà de la question des marges, l’Alliance soulève un risque industriel et sanitaire : si les prix continuent de s’effondrer, la production pourrait être délocalisée ou stoppée, avec des risques accrus de ruptures pour les patients. En clair : une perte de souveraineté, au détriment de l’accès aux soins.

Des représentants de l’A2M France devaient être reçus ce jeudi à la Direction générale des entreprises (DGE). Le collectif entend maintenant convaincre d’autres laboratoires de les rejoindre, pour peser dès les discussions préparatoires du PLFSS 2026.

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