Vos propres idées reçues

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Publié le 29 mars 2014
Par Francois Pouzaud
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« Ma pharmacie va être très pénaliséepar la taxation des ventes directes »

La taxation de 20 % des ventes directes instaurée par l’article 13 de la LFSS 2014 n’est pas aussi douloureuse qu’on ne pourrait le penser. L’assiette de cette taxe ne porte pas sur le chiffre d’affaires, mais sur le montant de la marge de distribution en gros rétrocédée, le cas échéant, par les laboratoires pharmaceutiques ou les grossistes-répartiteurs à leurs clients pharmaciens. « Il faut comprendre cette mesure comme la volonté des pouvoirs publics de limiter la prise en charge, par la collectivité, de la politique commerciale des opérateurs de la vente en gros », commente Emmanuel Déchin, délégué général de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique. Ainsi, évalue-t-il, cette mesure – dont les répercussions financières devraient être très limitées – n’aura pas d’effet significatif sur les flux traités par les différents circuits. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France partage cet avis. D’après ses calculs, elle estime que la perte de marge pour le réseau pourrait se chiffrer entre 5 et 7 millions d’euros, soit « seulement » 250 euros en moyenne par officine.

« On ne gagne rien avec les médicaments chers »

Les officinaux qui tiennent ce type de propos ne font pas la différence entre le taux de marge en pourcentage et la marge en valeur. La faute à la structure de la marge dégressive lissée, qui fait que plus le médicament est cher (en PFHT), moins le taux de marge est important. Le saviez-vous ? Une boîte de Sutent 50 (5 351,56 euros PPTTC pour une marge brute de 304,63 euros) rémunère mieux actuellement que la délivrance de 930 boîtes de paracétamol et d’ibuprofène ! « Les médicaments chers représentent souvent 20 % du CA pour des volumes faibles, inférieurs à 1 % du nombre de boîtes, remarque Yannick Piljean, expert-comptable du cabinet Cohésio. Ils sont les plus rentables en rapprochant les marges brutes diminuées des frais de personnel. » Ils concernent généralement des ALD, dont la croissance des dépenses est proche de 5 à 6 % par an. C’est bien pour cela que la CNAM souhaitait réduire la marge du pharmacien à 4 % sur la part du PFHT supérieure à 150 euros, puis a proposé de maintenir le taux de tranche à 6 % de marge dans la limite de 1 500 euros.

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