BONNE NOUVELLE

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Publié le 17 décembre 2011
Par Francois Pouzaud
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Malgré une évolution faible de l’activité en 2010, les pharmaciens s’en sortent à moindre mal. Les effets du ralentissement de la croissance sur la rentabilité ont été contenus grâce à une amélioration significative de la marge.

L’évolution de la marge commerciale (après remises) a donné satisfaction. Selon les données de la FSPF, le taux de marge progresse. L’inversion de tendance amorcée en 2009 se confirme. Elle trouve son explication dans l’amélioration des conditions commerciales liées à l’augmentation des ventes de génériques et l’accroissement (en valeur absolue) de la coopération commerciale en 2010. La marge brute a progressé en valeur de 1 000 euros, avec un montant moyen de 422 000 euros pour le réseau. En pourcentage, l’évolution est de 0,07 %. La progression du taux de marge reste faible, en moyenne de 0,4 point à 27,87 %, selon Fiducial, en raison des ventes qui n’augmentent plus.

LES GROSSES OFFICINES TIRENT LEUR EPINGLE DU JEU

La marge est donc toujours aussi friable, avec des répercussions variables selon les officines : 16 % affichent un taux de marge inférieur ou égal à 26 % (contre 18 % en 2009), 22 % un taux de marge supérieur ou égal à 29 % (contre 18 % en 2009). L’augmentation de la rentabilité est donc générale. « Mais les officines les plus importantes tirent mieux leur épingle du jeu que les autres en raison de la captation des conditions commerciales sur le générique », nuance Philippe Besset, président de la commission Economie de la FSPF.

D’une année sur l’autre, le taux de marge entre les différentes zones géographiques d’implantation des officines est homogène. Les disparités sont plus marquées entre les officines de centre-ville (avec un taux de marge de 27,9 %), de quartier (27,3 %) et de banlieue (26,8 %). En milieu rural, ce sont les officines de centre commercial et celles de centre-bourg qui sont les mieux loties, du fait de leur taille. Leur taux de marge se maintient à 28 %. De même, les officines situées à proximité d’une supérette ou localisées en périphérie s’en sortent bien, avec un taux de marge de 27,45 %. Mais, globalement, outre la qualité de vie souvent bien meilleure à la campagne, il est plus rentable d’exercer en milieu rural qu’en ville en raison de charges d’exploitation moins lourdes.

HAUSSE DU CA N’EST PLUS SYNONYME DE RENTABILITÉ

Les chiffres de la FSPF montrent qu’à partir de 2005 la marge a connu une lente dégradation (voir graphique ci-dessus). Elle n’évolue plus alors même que les autres indices progressent (dépenses de médicaments remboursés, chiffre d’affaires industriel, ONDAM). Depuis janvier 2006, la maîtrise des dépenses de santé ronge la marge de l’officine, engendrant une dégradation des volumes, une baisse du nombre d’unités prescrites par patient et une diminution du nombre de consultations et de visites.

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A partir de 2009, l’évolution de la marge des pharmaciens n’est plus déconnectée du chiffre d’affaires industriel. Habituellement, il fallait au minimum 3 % de croissance du chiffre d’affaires industriel pour faire progresser la marge de l’officine. Or, l’activité industrielle est aussi en berne. En 2010, curieusement, malgré un chiffre d’affaires en baisse, la marge est en hausse. « L’effet de la baisse de prix explique en partie l’augmentation du taux de marge et celle de la marge en valeur en raison d’un fort développement du générique en 2010. Cela compense partiellement la baisse d’activité, constate Philippe Besset. Auparavant, l’augmentation du chiffre d’affaires neutralisait la baisse de rentabilité. » L’inquiétude renaît en 2011. Dans les chiffres arrêtés par la Fédération en août dernier, la marge s’enfonce à nouveau (- 0,05 % à 5,647 milliards d’euros).

REPÈRES

Une marge corrélée au chiffre d’affaires

Sur les quatre derniers trimestres écoulés, un seul (1er trimestre 2011) est positif en termes d’unités remboursables vendues et de chiffre d’affaires. La baisse des volumes tire systématiquement cet indicateur à la baisse, alors qu’au cours des années précédentes il fallait une baisse de consommation pharmaceutique de 10 % pour que ce chiffre d’affaires industriel vire au rouge.

En 2011, le tableau montre que l’évolution de la marge des pharmaciens est corrélée à celle du chiffre d’affaires. en effet, depuis le second semestre 2011, les pharmaciens travaillent avec une marge sur le médicament remboursable inférieure à 21 %, dans un volume d’activité toujours atone.

Lexique

Marge

Différence entre les ventes de la pharmacie et les achats consommés, en déduisant les remises et les coopérations commerciales obtenues.

Taux de marge

Rapport en pourcentage de la marge en valeur sur les ventes.