5 étapes pour décrypter les comptes

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Publié le 29 janvier 2011
Par Francois Pouzaud
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Bien connaître son entreprise, c’est savoir analyser dans les grandes lignes ses comptes annuels, les comprendre et les interpréter.? Voici les notions indispensables à une bonne compréhension de vos résultats 2010 et à une approche essentiellement financière de votre comptabilité générale.

1. Lire le bilan

L’analyse du bilan précise, à un instant T, la valeur du patrimoine professionnel ainsi que les forces et faiblesses de la situation financière. Il est constitué d’un actif et d’un passif.

L’actif

→ L’actif immobilisé

Ce sont les biens de toute nature (en particulier le fonds de commerce) possédés par l’entreprise. Ces immobilisations sont comptabilisées à leur prix d’acquisition (immobilisations brutes) minoré de la dépréciation subie par la valeur de cet actif au cours du temps (amortissement). Le solde (immobilisations nettes) représente donc la valeur comptable des immobilisations.

→ L’actif circulant

Ce sont les biens et les créances qui évoluent en raison de l’activité de l’entreprise. C’est le cas des stocks et des valeurs disponibles. Les créances, qui matérialisent les dettes des tiers envers l’entreprise, constituent un actif. Les créances liées au cycle d’exploitation se décomposent en « créances clients et comptes rattachés » et « autres créances ? ». Les autres valeurs disponibles sont bien sûr les disponibilités de l’entreprise à la date de clôture (poste caisse, banque, valeurs mobilières de placement).

Le passif

Le passif du bilan répertorie les dettes de l’entreprise. Il comprend :

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→ Les capitaux propres : ils correspondent à la richesse comptable de l’entreprise. Leur montant est déterminé par le solde entre l’actif total et les dettes. Le résultat de l’entreprise est inclus dans les fonds propres.

→ Les dettes : ce sont celles qui sont contractées à plus d’un an d’échéance. L’ensemble des fonds propres et des dettes à terme forme les capitaux permanents à la disposition de l’entreprise.

→ Les crédits de trésorerie : ce sont les dettes bancaires à court terme.

→ Les crédits fournisseurs : c’est la contrepartie des crédits d’exploitation qui figurent dans l’actif.

→ Les autres dettes d’exploitation : ce sont des crédits à court terme générés par l’activité de l’entreprise (dettes fiscales et sociales, avances…).

2. Veiller à l’équilibre

Comparer le montant des actifs et du passif à long terme permet d’analyser comment sont financés les outils d’exploitation de l’entreprise. Destinés à être utilisés sur une période longue, leur financement doit également être étalé dans le temps. A l’inverse, s’ils sont financés avec du passif à court terme, l’entreprise se trouvera rapidement asphyxiée.

Un bilan structurellement équilibré implique donc que les actifs à long terme (les immobilisations) soient inférieurs au passif à long terme (capitaux propres et emprunts à long terme). Car une officine doit financer ses emplois permanents (actifs immobilisés à long terme) par des ressources permanentes (passif à long terme). Si ce n’est pas le cas, cela signifie que l’entreprise n’a pas mis en place les financements nécessaires pour investir dans ses outils d’exploitation. Elle risque même parfois de se retrouver asphyxiée du fait d’un autofinancement trop important.

Le fonds de roulement exprime donc l’aisance financière à moyen terme de l’entreprise. Il est égal à la différence entre les ressources permanentes et les emplois permanents. Il doit être positif, et donc dégager du financement.

3. Analyser le BFR

Après avoir examiné l’équilibre financier à long terme, il faut se pencher sur les éléments à court terme du bilan. Ainsi conviendra-t-il d’analyser le poids des stocks et des créances à court terme (c’est-à-dire les actifs à court terme hors trésorerie) par rapport aux dettes à court terme. S’ils sont inférieurs aux dettes à court terme, l’entreprise encaisse plus vite ses créances qu’elle ne règle ses dettes. Elle dégage ainsi un besoin en fonds de roulement (BFR) négatif qui lui est favorable.

Si la proportion est inversée, elle règle plus vite ses fournisseurs que ses clients ne la payent. Elle aura alors un BFR positif, besoin qu’elle devra financer. Le BFR se définit donc comme l’argent qu’il faut mettre dans la société pour la faire fonctionner.

4. Appréhender la trésorerie

La trésorerie comprend l’argent en banque ou en caisse. Son niveau dépend directement de l’équilibre financier à long terme et de l’importance du BFR. La trésorerie est le point de convergence de toutes les mesures de gestion (bonne ou mauvaise organisation, rentabilité, prévisions à moyen terme…).

Le solde de trésorerie est l’ajustement entre FR et BFR. Il représente le montant des disponibilités à la date de clôture.

5. Décrypter le compte de résultat

L’objet du compte de résultat est d’étudier l’activité de l’entreprise lui permettant de dégager un bénéfice net positif. Il est destiné à mettre en lumière la varition de la richesse de l’entreprise. Il est divisé en trois parties :

→ L’exploitation, qui comprend le détail des produits et charges d’exploitation, et qui sert à déterminer le résultat d’exploitation.

→ La partie financière, qui détermine le résultat financier.

→ La partie exceptionnelle, d’où découle le résultat exceptionnel.

C’est le cumul de ces trois résultats qui correspond au bénéfice net comptable ou à la perte de l’exercice. L’analyse financière du compte de résultat permet de comprendre comment l’entreprise réalise son bénéfice, de déterminer sa capacité d’autofinancement et de la comparer avec ses besoins financiers, et donc de contrôler si ceux-ci sont correctement couverts.

La capacité d’autofinancement de l’entreprise représente le flux de trésorerie dégagé sur l’exercice, et qui correspond à la capacité réelle de l’entreprise à générer de la trésorerie. Elle est égale à l’opération suivante :

Résultat net + Dotations aux amortissements – Reprises sur amortissements et provisions + Valeurs comptables des éléments d’actif cédés – Produits des cessions des éléments d’actif – Subventions d’investissements virées au compte de résultat.

Cette capacité d’autofinancement doit ensuite être comparée aux besoins financiers de l’entreprise. La part qui excède le résultat doit permettre de couvrir :

→ les remboursements d’emprunts, pour la part du capital (les intérêts étant déjà inclu dans les charges) ;

→ l’investissement autofinancé ;

→ les prélèvements des propriétaires : il s’agit des prélèvements de l’exploitant ou des dividendes.

L’excédent permet de constituer un fonds de trésorerie afin de couvrir les besoins générés par l’activité, et notamment son BFR.

Christian Wilhelm, titulaire à Mulhouse

« Grâce à l’analyse des comptes, j’ai pu rééchelonner mes dettes »

Pour Christian Wilhelm, titulaire à Mulhouse (Haut-Rhin), gestionnaire averti, le compte de résultat et le bilan sont des sources d’informations vitales pour prendre les bonnes décisions. « Au niveau du compte de résultat, je regarde le résultat global dégagé, la marge en pourcentage, le détail de la marge, l’EBE, le poids des charges d’exploitation et des salaires. Je peux ainsi voir dans quelles mesures je peux agir sur ces différents postes pour les améliorer. Par exemple, pour faire face à des difficultés financières,l’examen de la dette financière m’a conduit à regrouper plusieurs emprunts en un seul et à négocier un rééchelonnement de la dette globale à un meilleur taux avec un nouveau banquier. Cela a redonné de la trésorerie quotidienne à mon entreprise. »

Déposer les comptes

Après la clôture de l’exercice et l’approbation des comptes, les SARL, EURL, SEL et SNC (sous certaines conditions) sont tenues tous les ans de déposer leurs comptes annuels au greffe du tribunal de commerce. Les entreprises individuelles et les SNC dont au moins l’un des associés est une personne physique ne sont pas tenus de le faire. Celles-ci font l’objet d’une publication au « Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales » à la diligence du greffier.