- Accueil ›
- Business ›
- Economie ›
- Stratégie et Gestion ›
- UN ÉQUILIBRE PRÉCAIRE
UN ÉQUILIBRE PRÉCAIRE
Déconnecter la rémunération des prix et des volumes. L’objectif recherché par la réforme mise en place en janvier 2015 n’est que partiellement atteint, comme le révèle le bilan d’IMS-Pharmastat.
L’année 2015 a été marquée par l’une des réformes essentielles pour la pharmacie : la rémunération. » Lors de la présentation de ses vœux à la presse le 26 janvier, Philippe Gaertner, président de la FSPF, reste droit dans ses bottes. « Cette réforme s’est déroulée sans difficultés au comptoir et les honoraires de dispensation font désormais partie de notre profession », déclare-t-il. Reste que le bilan en année pleine dévoilé par IMS-Pharmastat n’est pas bon. Le réseau a perdu 147 M€ de rémunération sur le médicament remboursable, soit environ 6 700 M€ par officine en moyenne.
Mais, sans cette réforme de la rémunération, l’addition aurait été plus salée, soutient la FSPF : – 222 M€. Elle a donc protégé partiellement, à hauteur de 75 M€, les pharmacies des baisses de prix massives programmées dans les lois de financement de la Sécurité sociale. Critiquée pour avoir entériné cette réforme la FSPF rappelle une nouvelle fois que les baisses de prix n’avaient pas été annoncées par les pouvoirs publics lors des négociations sur les honoraires. Pis, le compte, prévu initialement dans le cadrage de la CNAMTS, qui a servi de base à la signature de l’accord, n’y est pas.
Les projections de cette dernière, réalisées en 2013 pour l’année 2015 concernant la marge du réseau sur le médicament remboursable et les autres rémunérations, ne se retrouvent pas dans les faits. Tantôt, elles ont été surévaluées par rapport à la réalité de 70 M€ pour la marge liée à l’effet structure (transfert des prescriptions sur des médicaments plus chers), de 7 M€ pour la ROSP génériques 2015, de 14 M€ sur les entretiens AVK et de 17 M€ sur le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi). Tantôt, les projections ont été sous-évaluées au détriment de l’officine. C’est le cas avec l’impact des baisses de prix sur la marge qui a été plus élevé de 30 M€ par rapport aux estimations de la CNAMTS. De même sur les remises génériques, les projections sont faussées puisqu’elles se basaient sur l’ancien plafond de 17 %. Mais, remises commerciales et coopérations commerciales confondues, les rémunérations versées sont stables depuis 3 ans, autour du milliard d’euros, et ce, malgré un marché du générique en croissance en 2015 (+ 5,6 % en unités, + 1,3 % en valeur à fin novembre en année glissante).
Alors que la CNAMTS visait à l’origine une stabilisation de l’économie officinale, « nous sommes aujourd’hui en négatif », affirme Philippe Gaertner, « une centaine de millions manquent dans le réseau ».
Disposant des mêmes données, Gilles Bonnefond, président de l’USPO, sur un ton moins critique que lors de la campagne pour les URPS, explique : « Les deux paramètres sur lesquels la FSPF a misé reculent, les unités et les ordonnances de 5 lignes et plus, alors que le nombre total d’ordonnances est quasi stable. »
Le syndicaliste est toujours déterminé à faire évoluer la rémunération mais montre un autre état d’esprit, constructif et consensuel, avec son alter ego de la FSPF. « L’année qui précède des élections est toujours stratégique, c’est maintenant qu’il faut bouger et travailler ensemble pour ne pas passer à côté du débat qui va s’ouvrir lors des élections présidentielles. »
Compenser le manque à gagner
Même unis, les deux syndicats représentatifs de la profession parviendront-ils à se faire entendre des pouvoirs publics ? Car ces derniers pourraient leur opposer qu’en dépit des baisses de prix, le chiffre d’affaires global de la pharmacie est stable. Selon des données IMS-Pharmastat, le CA des douze derniers mois arrêtés à fin novembre 2015 progresse de 0,3 % en dépit d’une baisse de CA sur le remboursable de 1 %. La pharmacie ne doit cette évolution légèrement positive qu’à la bonne tenue des autres secteurs d’activité : + 2,3 % sur le médicament non remboursable, + 5,1 % sur les produits de la LPPR et + 6 % sur la parapharmacie.
Peu importe, la FSPF compte bien faire acter le manque à gagner pour la profession lors de la prochaine réunion de l’observatoire de suivi sur la rémunération en mars. « Notre objectif est de demander une compensation de ce qui n’a pas été stabilisé à travers la rémunération », affirme Philippe Gaertner, en évoquant notamment les mesures de son plan d’urgence pour l’officine. Au-delà, la FSPF souhaite aborder la question globale de la rémunération lors d’un prochain rendez-vous avec la ministre de la Santé. « Les honoraires à l’ordonnance sont bien une étape prévue dans la convention pharmaceutique actuelle. Si l’Etat veut respecter son contrat, il doit y avoir une négociation dans le cadre de cette convention. »
De son côté, Gilles Bonnefond n’est pas pour des « mesures de bricolage » et souhaite engager immédiatement une rénovation de fond de la rémunération, mais dans un ordre bien défini. « Il faut d’abord élaborer un projet professionnel pour la pharmacie, puis une fois le rôle et les missions du pharmacien définis, on déclinera le mode de rémunération dans le cadre d’une enveloppe fixée avec l’Etat pour trois ans. Cela peut aller très vite car nous avons déjà tous les outils législatifs. » Sauf peut-être la volonté politique des pouvoirs publics.
- Pharma espagnole : 9 milliards d’investissements et une réforme en vue
- Réforme de la facture électronique, mode d’emploi
- Mon espace santé : un guide pour maîtriser l’accès et la consultation
- Fraude à la e-CPS : l’alerte discrète mais ferme de l’Agence du numérique en santé
- Pharmacie de Trémuson : une officine bretonne pionnière en RSE et qualité
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis