Tels parents, tel fil… conducteur pour une succession

J’ai choisi la facilité », reconnaît Julien Delenclos. Diplômé de la faculté de pharmacie d’Amiens (Somme) en 2012, il a d’emblée rejoint ses parents. Sa mère était titulaire, son père la secondait en tant qu’adjoint, ce qu’il a fait également. « Au début, je n’avais pas d’emploi du temps et il s’est écoulé près d’un an et demi avant de le mettre en place », se souvient-il, ce qui a pu être source de tensions… comme dans toute relation parent/enfant. Cependant, respecter les choix et le rythme de chacun a été à la base d’une transmission familiale réussie. « J’habitais seul au-dessus de la pharmacie, payais un loyer à mes parents, propriétaires des murs, et effectuais toutes les gardes », raconte-t-il.

De 2012 à 2021, sous l’aile de ses ascendants modèles, il bénéficie de la transmission de leurs connaissances et compétences en gestion et management. Consciemment ou non, ils lui donnent des habitudes de travail et lui expliquent les ficelles du métier. C’est ainsi que Julien Delenclos trouve le juste équilibre entre le respect de ce que ses parents lui ont légué, son propre espace de liberté et un nouvel élan. Passionné d’informatique, il a travaillé sur l’optimisation du logiciel métier de la pharmacie. « J’ai développé en son sein un extracteur de données permettant de sécuriser davantage les délivrances d’ordonnances, de tracer la survenue des effets secondaires, d’identifier les erreurs de délivrance et les molécules concernées pour que ces erreurs ne se reproduisent plus, etc. », précise-t-il.

Cette progression en douceur, en y apportant sa touche personnelle, lui a permis de bien appréhender l’entreprise, sa santé financière (la pharmacie ayant été transférée en 2010, il n’a pas eu d’investissements importants à supporter à la reprise), son potentiel de développement, ainsi que la patientèle qu’il connaît bien et qui le connaît bien. Un choix en toute connaissance de cause. Cette continuité rassure même clients, collaborateurs, fournisseurs et banquier. Ayant repris en main seul (en SELURL* à l’impôt sur les sociétés) les rênes de la pharmacie, sans aucune ingérence maternelle et paternelle pendant et après la passation de pouvoirs, « j’ai la responsabilité et la chance de faire grandir le patrimoine familial », mesure Julien Delenclos.

Côté embûches, il a cependant été confronté malgré lui à une vague de démissions au moment de la reprise ; il en a profité pour insuffler un vent de fraîcheur réformateur concernant ses nouvelles recrues. « La première personne que j’ai embauchée n’était ni pharmacien ni préparateur, mais un commercial avec qui je partage une affinité pour les technologies numériques. C’est aujourd’hui mon bras droit, il s’occupe du management et des achats, dit-il. Je travaille également, sans qu’il soit salarié de l’officine, avec un développeur informatique afin d’optimiser mon logiciel de gestion officinal (LGO). »

L’intérêt de la donation-partage

Concernant la construction juridique de cette transmission onéreuse de la pharmacie familiale (cession au prix du marché), pour éviter les conflits entre enfants et ne pas créer de déséquilibre entre les futurs héritiers, chaque parent a donné en franchise d’impôt à chacun de ses enfants 100 000 € (soit 200 000 € par enfant exonérés de droits de succession), en optant pour la donation-partage. Contrairement à la donation simple, les biens attribués au titre de la donation-partage ne sont jamais rapportables à la succession du donateur. Ainsi, il n’y aura pas de mauvaise surprise pour l’enfant diplômé lors de la succession future.