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Rémunération, capital, missions : 7 réformes pour l’officine
Sept recommandations pour adapter le réseau officinal aux nouvelles réalités du système de santé : recul des volumes de prescription, montée des missions, tensions économiques et concentration capitalistique. Voilà ce que contient, entre autres, le rapport 2025 sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale de la Cour des comptes.
1. Identifier les officines réellement fragiles, pas seulement les territoires
La notion actuelle de « territoires fragiles » masque, selon la Cour, des situations critiques hors des zones classées prioritaires. Elle appelle à cibler directement les officines essentielles à l’accès aux soins, en prenant en compte leur isolement économique et leur rôle social, même en dehors des territoires labellisés. Une évolution qui permettrait de redéfinir les aides selon des critères de viabilité réelle, et non plus de simple géographie.
2. Réformer en profondeur la rémunération des pharmaciens
La Cour plaide pour une rupture avec la logique du paiement à la boîte, devenue inadaptée à la montée en puissance des missions de santé publique. Elle propose de fonder la rémunération sur l’acte de dispensation, renforçant ainsi la reconnaissance de la valeur clinique du conseil pharmaceutique. En parallèle, elle recommande d’intégrer les remises commerciales sur les médicaments et les marges sur dispositifs médicaux dans la base de calcul de la rémunération, pour restaurer transparence et équité entre officines.
3. Évaluer Osys avant toute généralisation nationale
L’expérimentation Osys, qui permet aux pharmaciens de prendre en charge certaines pathologies bénignes, pourrait être généralisée dès janvier 2026. Mais la Cour alerte : pas de généralisation sans évaluation préalable rigoureuse. Elle demande que l’impact économique pour les officines, les résultats sanitaires et la qualité du service soient mesurés avant tout élargissement du dispositif.
4. Réviser le statut du pharmacien adjoint et encadrer juridiquement les installations
Face à l’évolution du capital officinal et aux risques de financiarisation, la Cour recommande une révision du statut de pharmacien adjoint, notamment en matière de détention du capital et de présence obligatoire dans l’officine. Elle appelle également à soumettre à l’approbation du Conseil national de l’Ordre les contrats régissant l’installation d’un pharmacien. L’objectif est de reprendre le contrôle juridique et déontologique sur les montages capitalistiques.
5. Adapter le modèle économique à la baisse des volumes de prescription
La tendance est structurelle : la prescription recule, les missions progressent. Pour la Cour, il est urgent de repenser le modèle de revenu officinal en anticipant les baisses de volumes et en renforçant la rémunération des services. Une adaptation qui suppose un dialogue plus stratégique entre la profession et l’Assurance maladie sur la valeur des actes, la structuration des missions et leur financement.
6. Clarifier la rémunération pour plus de lisibilité et d’équité
En intégrant les éléments opaques du modèle actuel – remises, marges, avantages commerciaux – dans une rémunération unique et lisible, la Cour vise une plus grande équité entre officines et une meilleure compréhension du revenu par les autorités de régulation. Ce changement faciliterait aussi les négociations conventionnelles et réduirait les effets de rente des plus grandes structures.
7. Redonner à l’Ordre des pharmaciens un rôle de régulateur économique
La Cour propose de confier à l’Ordre des pharmaciens un droit de regard juridique sur l’installation des titulaires. Une mesure qui redonne à l’Ordre sa capacité à prévenir les dérives capitalistiques, à garantir l’indépendance professionnelle et à protéger la cohérence du réseau officinal face aux logiques de concentration ou d’optimisation financière.
Une feuille de route pour refonder l’officine
Ces sept recommandations constituent bien plus qu’un ajustement technique. Elles dessinent une réforme systémique du cadre officinal, impliquant l’État, l’Assurance maladie, les syndicats, l’Ordre et les professionnels de terrain. Entre bascule économique, clarification juridique et reconnaissance des missions, la Cour des comptes appelle à sortir de l’inertie. Reste à voir si le ministère et l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (Uncam) s’en saisiront pour ouvrir un nouveau cycle conventionnel à la hauteur des enjeux.
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