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MON ENTREPRISE A-T-ELLE LES REINS ASSEZ SOLIDES ?
Avec le développement des nouvelles missions, les pharmaciens vont devoir recruter. Des experts comptables nous apportent leur analyse pour calculer sa Capacité d’Autofinancement (CAF) et anticiper les ratios de productivité d’un nouveau salarié.
AVEC LE DÉVELOPPEMENT DES NOUVELLES MISSIONS, les pharmaciens vont devoir recruter. Pour préparer l’avenir et assurer le développement de l’officine, les titulaires, face à la crise sanitaire, peuvent raisonnablement revoir leurs hypothèses d’activité à la hausse. Mais, aussi à la lumière des orientations prévisibles de la nouvelle convention nationale pharmaceutique sur les aspects “métier”. A la veille de l’ouverture des négociations, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), a indiqué que le recrutement de bras serait nécessaire dans l’optique de nouvelles missions de dépistage (TROD angine, cancer colorectal, VIH…) et de prévention (rappels vaccinaux des adultes…) qui viendront, en termes de rémunération, prendre le relais des missions Covid (vaccination, tests antigéniques, autotests supervisés…). L’objectif des négociations : Transformer une rémunération conjoncturelle liée à la crise sanitaire – les tests antigéniques et la vaccination anti-Covid représentent une manne d’1 à 1,5 Md€ pour le réseau en 2021 – en une rémunération structurelle inscrite dans la convention pharmaceutique. Ce postulat de base se joue toutefois dans un contexte de tension salariale. « Les nouveaux services ont entraîné des difficultés de recrutement et de recherche de qualification. Les officinaux sont confrontés à un effort important sur les salaires de leurs équipes, au-delà du conventionnel », explique Emmanuel Leroy, expert-comptable chez KPMG. Dans certaines régions, les difficultés de recrutement impactent considérablement le coût salarial. « Il y a quelques années, le coût chargé d’un préparateur était de l’ordre de 25 k€/an. Il se situe maintenant entre 30 k€ et 35 k€ », renchérit Thomas Grosse, expert-comptable associé du cabinet Extensia.
La Capacité d’Autofinancement : un ratio-clé.
Dans une stratégie de croissance, donc d’investissement, on peut recruter un nouveau poste simplement pour générer et absorber plus d’activité. Même si cette activité ne suffit pas à rentabiliser le poste dans un premier temps. « Il faut regarder la rentabilité dégagée par l’entreprise pour savoir si on peut embaucher », souligne Nicolas Baldo, expertcomptable chez KPMG. La réponse est dans la capacité d’autofinancement de l’entreprise (CAF), car cet indicateur-clé détermine le surplus de trésorerie issu de l’activité. Le calcul de la CAF permet d’analyser ses finances et définit si le modèle économique tient la route. Il enlève le doute sur le potentiel de l’entreprise à recruter. Ce ratio financier (à faire calculer par son expert-comptable) détermine la capacité de remboursement de l’entreprise. S’il est positif, il permet à l’entreprise de gérer par elle-même ses besoins en investissement. Sinon, il va servir au remboursement du capital emprunté, au financement des investissements, à l’augmentation de sa marge de sécurité financière…
Endettée ou pas, le calcul diffère.
« Il faut faire une dichotomie entre pharmacies endettées et pharmacies désendettées », expose Nicolas Baldo. Bien sûr, la CAF sera plus élevée si la pharmacie n’a plus d’emprunt. « Mais si cet investissement en RH ne se traduit pas par une augmentation du C.A, le titulaire désendetté pourra toujours réduire sa rémunération (si c’est possible, par exemple, en la baissant de 100 k€ à 70 k€) afin de ne pas mettre l’entreprise en difficulté », conseille-t-il. Reprenant l’exemple d’un investissement humain de 30 k€/an, Thomas Grosse explique qu’ « avec une CAF de 100 k€an, le titulaire a trois ans pour rentabiliser son investissement à activité constante ». Au-delà, l’entreprise devra puiser dans la trésorerie pour financer le coût de ce salarié supplémentaire. Si la pharmacie est endettée, il faut vérifier que la CAF est suffisante pour rembourser les emprunts, financer les investissements et assurer la rétribution des titulaires. « Si la pharmacie a une bonne rentabilité et dispose d’un solde de trésorerie largement positif, par exemple supérieur à 100 k€, la situation est suffisamment confortable pour rembourser l’emprunt et financer pendant un an le recrutement d’un collaborateur », enchaîne Nicolas Baldo. Le C.A engrangé par cette nouvelle compétence va générer de la marge et de la rentabilité additionnelle qui permettra ensuite d’absorber le coût (salaires + charges) de cette embauche.
Analyser les ratios de productivité.
« Dans nos moyennes professionnelles 2020, les ratios C.A TTC/ effectif Equivalent Temps Plein (ETP) et marge/effectif (ETP) sont respectivement de 319,5 k€ et de 99,5 k€ », indique Emmanuel Leroy. Ces deux ratios permettent d’évaluer la productivité du personnel. Thomas Grosse alerte sur le fait de privilégier le second, car la valeur du premier doit être interprétée avec prudence. Du fait de l’augmentation des médicaments chers, le C.A n’est plus un indicateur essentiel à retenir dans l’analyse de la performance d’une officine. En cas de Capacité d’ Autofinancement faible, « une mesure de prudence peut consister à embaucher un salarié en CDD, ainsi le titulaire n’aura pas le fil à la patte si le C.A n’a pas progressé au bout d’un an. Le Prêt Garanti par l’Etat (PGE), souscrit par quelques officines, peut aussi être utilisé à l’embauche d’un salarié. Cela permet d’attendre un an, le temps que cet investissement devienne rentable et rapporte de la trésorerie à l’entreprise », conclut Nicolas Baldo.
LE SEUIL DE RENTABILITÉ
Caroline Philippon, manager gestion sociale du hub Provence chez KPMG, donne quelques repères pour fixer le seuil de rentabilité d’une embauche d’un préparateur et d’un pharmacien adjoint. Pour un salaire de base sans éléments variables (coefficient 290), le coût annuel est de 30 788 €. Le C.A minimum devra être de 98 998 €. Pour un salaire de base sans les éléments variables (coefficient 500), le coût annuel est de 57 877 €, le C.A minimum devra être de 186 103 €.
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