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Médicaments : la variable d’ajustement de Bayrou au détriment des pharmaciens ?
François Bayrou inscrit la dépense pharmaceutique au cœur de son plan d’économies. Derrière la volonté affichée de responsabiliser les patients, c’est l’équilibre économique des pharmacies qui se trouve directement questionné.
Annoncé le 15 juillet, le plan de rigueur présenté par le Premier ministre prévoit 43,8 Md€ d’économies dès 2026, dont 5,5 Md€ sur le champ social. Si les mesures touchent l’ensemble des dépenses publiques, le médicament devient le symbole assumé d’un changement de paradigme, au croisement des enjeux budgétaires, sociaux et politiques.
Double coup de frein sur le médicament
La première mesure concerne le doublement du plafond annuel de reste à charge des patients, porté de 50 à 100 euros. La seconde, inédite, prévoit que les médicaments prescrits à des patients en affection longue durée (ALD) ne seront plus pris en charge à 100 % s’ils ne sont pas directement liés à la pathologie.
Ce virage met fin au principe de solidarité étendue attaché aux ALD depuis 75 ans. Pour le gouvernement, il s’agit de freiner une dynamique de dépenses « déraisonnable » et d’envoyer un signal de responsabilité aux assurés. Pour les officines, ces mesures ne sont pas neutres et pourraient même provoquer un effet ciseau préoccupant.
Un risque de dégradation du chiffre d’affaires remboursé
La limitation des remboursements, conjuguée à un reste à charge accru, pourrait se traduire par un recul des volumes délivrés, en particulier pour les médicaments les plus sensibles aux arbitrages économiques des patients.
Une pression accrue sur les marges
Face à des ventes remboursées sous contrainte et des prix encadrés, les officines pourraient être tentées de compenser sur les segments non remboursés, avec un risque d’instabilité économique à court terme. En outre, le pharmacien pourrait voir son rôle fragilisé, coincé entre l’obligation de conseil et le ressenti des patients face à des coûts nouveaux.
Un effet systémique sur les petits officinaux
Les officines rurales et périurbaines, où le médicament remboursé pèse lourd dans l’activité, seront mécaniquement les plus touchées, avec un risque accru de fragilisation financière.
En somme, loin d’être une simple mesure budgétaire, cette réforme pourrait avoir un effet direct sur la rentabilité des officines, leur positionnement économique et leur lien avec les patients.
Le médicament, régulateur budgétaire et catalyseur de tensions
En prenant pour cible la pharmacie, le gouvernement actionne un levier budgétaire à effet immédiat, mais dont les répercussions pourraient durablement peser sur l’économie officinale.
Pour l’État : une mesure rapide, facile à justifier politiquement.
Pour l’Assurance maladie : un outil de régulation des dépenses qui évite toute réforme structurelle.
Pour les pharmaciens : une contrainte supplémentaire, sans garantie de compensation ni ajustement des rémunérations.
Si cette logique financière devait l’emporter, elle pourrait précipiter l’évolution du modèle officinal, entre recul des volumes remboursés, repositionnement sur les services et essor des activités non conventionnées.
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