L’HEMORRAGIE EST STOPPÉE

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Publié le 17 décembre 2011
Par Francois Pouzaud
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En 2010, la rentabilité des officines se maintient. Elle progresse même légèrement après plusieurs années difficiles. Mais, au fil des ans, le retour sur investissement est en chute libre.

L’année 2010 a stoppé la descente infernale. La rémunération moyenne annuelle du pharmacien a chuté sans discontinuer de 2004 (102 000 €) à 2009 (87 000 €). Par pharmacien, elle remonte à 90 000 € en 2010. Malgré ce léger rebond, son pouvoir d’achat a terriblement souffert depuis le début des années 2000 : de 2001 à 2010, il a perdu près de 25 %. Ce faible résultat suffit-il à rembourser le capital emprunté, investir dans la pharmacie, payer les impôts et vivre ? « Aucune profession libérale n’a connu une telle dégradation de ses ressources en dix ans », souligne Philippe Besset, en charge de l’économie à la FSPF.

INVESTIR DANS UNE OFFICINE N’EST PLUS RENTABLE…

D’après les chiffres de l’enquête économique annuelle de la Fédération (voir infographies ci-contre), un titulaire (sur une base de coefficient 800) perçoit un salaire net annuel de 50 000 euros. Si l’on retranche la valeur salariale du travail du revenu, il lui reste 40 000 euros pour un chiffre d’affaires de 1,544 million d’euros et un investissement moyen de 1,058 million. Le retour sur investissement est de 3,78 %, alors qu’il était de 7,99 % en 2001. A titre de comparaison, le rendement d’un bon du Trésor est de 3,75 %. « Il n’y a plus de revenu du capital ni de rente !, s’exclame Philippe Besset. Avec un écart de rentabilité de 0,03 % entre ces deux types de placement, la limite est atteinte pour l’exercice libéral et on milite en faveur du statut de pharmacien salarié. »

Plus on affaiblit cette valeur des revenus du capital investi, plus les pharmaciens appelés à assurer la relève auront intérêt à rester salariés et à placer leur argent ailleurs que dans la pharmacie. Cette remise en cause de l’exercice libéral devient un modèle difficile à défendre sur les bancs de la faculté. On comprend donc l’inquiétude de l’Ordre des pharmaciens qui constate pour 2010 une « évaporation » des jeunes diplômés : 20 % d’entre eux ne s’inscrivent pas à l’Ordre à l’issue de l’obtention de leur diplôme, en choisissant probablement d’autres professions connexes ou d’autres voies.

… ET N’EST PLUS RÉMUNÉRATEUR

Pire : 40 % des pharmaciens touchent un revenu inférieur au salaire net d’un pharmacien gérant. Pour eux, le travail ne paie plus : 19 % d’entre eux ont un revenu annuel inférieur à 30 000 €. Ceux-là gagnent moins (en brut) qu’un adjoint débutant au coefficient 400. Avec des prix des fonds supérieurs à la valeur économique, l’intérêt capitalistique de l’investissement a toujours prédominé sur l’outil de travail et la sortie en capital a systématiquement pris le pas sur la rémunération du travail. Il est donc plus que temps, dans l’intérêt des pharmaciens, qu’un rééquilibrage s’opère entre revenu du travail et du capital.

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Malgré tous leurs efforts, les pharmaciens ont compris que les temps glorieux étaient révolus. Ils doivent aujourd’hui retrouver de la sérénité au niveau de leurs revenus, de leurs résultats et de leur capacité d’investissement. Au travers, peut-être, du nouveau modèle économique qui se profile pour 2012…