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La prudence est de mise en 2023
L’accroissement des charges d’exploitation et l’augmentation des frais de personnel nécessaire pour faire face aux nouvelles missions et à l’inflation vont très probablement impacter la rentabilité des officines dans les mois à venir. Les titulaires doivent de fait anticiper les éventuelles difficultés et prendre les bonnes décisions pour préserver leur trésorerie.
APRÈS LES RESULTATS HISTORIQUES ET EXCEPTIONNELS DES ANNÉES 2021 ET 2022, l’économie officinale pourrait redescendre d’un cran l’an prochain. Le tassement des activités liées à la pandémie du Covid-19 et la poursuite de l’inflation pourraient, avec la baisse du pouvoir d’achat, favoriser une contraction du chiffre d’affaires des médicaments non remboursables. À cela s’ajoute une hausse générale des prix attendue qui va impacter les frais de personnel et les frais généraux. Face à ce contexte, Joffrey Blondel, directeur finance et gestion de l’officine au sein du répartiteur CERP Rouen groupe Astera, recommande aux titulaires d’anticiper une baisse de leur marge globale l’an prochain : « Il faut procéder à une analyse détaillée de toutes les lignes de marge, de la part qu’elles génèrent dans l’excédent brut d’exploitation (EBE), prévoir la volatilité dans le temps des marges liées aux missions Covid-19 afin de projeter l’activité sans ces lignes (tests antigéniques, masques, vaccination, etc.), soit un montant moyen de 50 000 € de marge en moins par officine, et appréhender le niveau futur de la marge globale de l’officine. »
Un prévisionnel à tout prix.
La perspective d’une ère d’instabilité économique impose de compléter cette analyse par l’établissement d’un prévisionnel d’exploitation et de trésorerie (avec l’assistance de son expert-comptable) et d’agir prudemment en n’oubliant pas de le réactualiser au cours de l’année. « Le titulaire devra préparer un budget prévisionnel de trésorerie début 2023 à partir des chiffres établis en 2022, en anticipant l’incidence des augmentations tarifaires d’électricité et de gaz ainsi que des autres charges, et les éventuelles revalorisations des salaires de branche, et à défaut d’hypothèses plus précises, en vérifiant leur cohérence avec le contexte inflationniste actuel », conseille Emmanuel Leroy, expert-comptable de KPMG. Il ne faut pas non plus noircir le tableau. « La trésorerie constituée pendant les années Covid devrait être suffisante pour absorber l’augmentation des charges d’exploitation et des frais de personnel en 2023. Elle permettra de financer les encours dans la plupart des cas », estime Joffrey Blondel. « Les officines les plus fragiles devront, elles, restructurer leur dette en cours, étaler leurs emprunts financiers de manière à alléger les mensualités et, le cas échéant, refinancer les comptes courants d’associés », poursuit-il, même si cela doit se traduire par une augmentation relative des frais financiers liée à la hausse des taux d’intérêt (voir article « Crédit : la hausse des taux s’emballe… », Pharmacien Manager n° 226, p. 18).
Bien gérer ses excédents de trésorerie.
Face à ces difficultés d’interprétation de ce que sera le futur de la pharmacie d’officine, deux attitudes s’imposent d’elles-mêmes : le réalisme et la pondération. Ainsi, le pharmacien doit s’interroger sur la meilleure façon d’utiliser la trésorerie générée pendant la crise sanitaire. Par exemple, si les excédents de trésorerie sont importants, le chef d’entreprise peut être tenté de rembourser un prêt par anticipation (prêt garanti par l’État, autre emprunt). Mais, est-il opportun d’assainir son ratio d’endettement ? « Il ne faut pas se précipiter à rembourser un prêt par anticipation et prendre le risque de fragiliser une trésorerie jusqu’ici en bonne santé », conseille Joffrey Blondel. Autre argument en faveur du maintien du remboursement d’un prêt ancien à taux bas : la remontée des taux d’intérêt. « Il peut être intéressant de placer ses excédents de trésorerie à un taux de rendement supérieur à celui de l’emprunt contracté par l’entreprise avant inflation », signale Emmanuel Leroy. Tout est, bien sûr, cas d’espèce, mais avant toute prise de décision, il faut s’interroger sur ce qui pourrait amener à mobiliser de la trésorerie pour financer un besoin. Par exemple, « une augmentation de l’impôt sur les sociétés (IS) non anticipée, à la suite de l’augmentation du résultat de l’entreprise, qu’il faudra provisionner », illustre Joffrey Blondel. Il invite également les titulaires à identifier les futurs postes de dépenses à autofinancer : « Quels sont les investissements à réaliser ? Des embauches à mi-temps sont-elles à prévoir pour soulager l’équipe officinale fatiguée par trois années de crise sanitaire éprouvantes physiquement et psychologiquement ? Etc. »
Continuer d’Investir.
Faire preuve de prudence avec sa trésorerie ne signifie nullement que le titulaire doit se replier sur lui-même et attendre. Il doit diriger son entreprise avec un processus d’analyse et de décision plus respectueux des règles de base de la gestion commerciale et financière. « L’officine doit se mettre en situation de gestion de crise, ou plutôt de préparation d’un retour à la normalité, défend Amaury Tierny, expert-comptable du cabinet AdequA. En intégrant les tendances mécaniques présentées ci-dessus, en acceptant que le Covid-19 ait été difficile professionnellement, mais lucratif financièrement, et en se préparant psychologiquement à travailler pour des rentabilités à venir moindres, mais acceptables, ne doit pas conduire pour autant à réduire la voilure en termes de personnel. La profession a un certain nombre de challenges à relever : nouvelles missions, prise de relais par rapport à la pénurie des médecins, tests, vaccinations, etc. », argumente-t-il. Le trésor de guerre amassé pendant le Covid-19 doit surtout servir à fidéliser les équipes, particulièrement volatiles dans un marché de l’emploi favorable aux candidats, à robotiser ou automatiser le back-office pour mieux linéariser les flux de patients.
FONDS PROPRES ET ENDETTEMENT : TROUVER LE BON ÉQUILIBRE
Pour calculer un ratio d’indépendance ou d’autonomie financière, le chef d’entreprise doit regrouper ses capitaux propres, ses provisions du passif et ses dettes financières – tous ces éléments sont dans le passif du bilan et diviser ensuite les capitaux propres par le résultat obtenu (appelé capitaux permanents). Plus ce ratio est proche de 1, plus la situation de l’entreprise est favorable. Quant à l’autonomie financière, elle est mesurée par le niveau des capitaux propres qui progresse au fur et à mesure du désendettement constaté par le remboursement de l’emprunt d’acquisition. Dans les statistiques 2022 du groupement d’accompagnement en gestion de patrimoine CGP Entrepreneurs, les capitaux propres représentent en moyenne 58 % du total du bilan en 2021, contre 55 % en 2020.
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