Des holdings pour redonner l’envie aux jeunes ?

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Publié le 11 décembre 2010
Par Francois Pouzaud
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A l’occasion de ses universités de la pharmacie, le réseau de professions de santé de KPMG a tiré la sonnette d’alarme sur l’urgence de restructurer le réseau pour donner aux pharmaciens les moyens financiers de se développer. Avec, en ligne de mire, les regroupements et les holdings.

En 2011, les pharmaciens risquent d’avoir davantage besoin de leur expert-comptable pour conduire leur embarcation sur les flots agités de l’économie officinale. Tel est le premier constat qu’ont dressé les représentants des instances professionnelles, lors de la table ronde organisée par KPMG le 29 novembre. Pour comprendre les évolutions probables du réseau, Philippe Besset, responsable du dossier économique à la FSPF, a rappelé les trois possibilités offertes à la pharmacie pour consolider son économie : améliorer la marge, développer l’activité ou réduire les coûts en comprimant le réseau. « Nous avons donné la priorité à la première solution ? », mais parallèlement, « les pharmaciens ne doivent plus hésiter à mettre des moyens en commun pour être plus forts demain ». Jean-Charles Tellier, président du conseil central A de l’Ordre des pharmaciens, estime qu’il est urgent d’aller dans cette direction pour éviter un blocage du marché des cessions de pharmacie et donner envie aux jeunes de s’installer. « Un certain nombre d’entre eux n’avancent plus par manque de visibilité et, donc, ne franchissent pas le pas de l’installation, constate-t-il. Ils n’ont pas envie de rentrer dans une affaire car ils ne savent pas s’ils pourront en sortir dans plusieurs années et dans de bonnes conditions. »

Les holdings, un espoir de restructurer le réseau

Pascal Louis, président du collectif des groupements, craint de son côté que la proportion de pharmacies qui ne se vendent pas grossisse. « On risque de créer une bulle autour des officines qui pourrait intéresser des investisseurs et relancer l’arrivée de capitaux extérieurs. » Certes, les SPF-PL peuvent faciliter l’accès des fonds aux jeunes et, par conséquent, constituer un facteur de renchérissement des prix des fonds, comme l’ont été les SEL, avant que tout le monde y ait recours (92 % à 93 % des officines reprises en 2010 l’ont été par le biais d’une SEL). « Les holdings vont permettre de restructurer le réseau et de donner aux nouvelles missions du pharmacien les moyens financiers et humains dont elles ont besoin sur le terrain. »

Quant à l’article 5.1, qui autorise en SELAS la dissociation entre parts en capital et droits de vote, et donc la possibilité pour un investisseur d’être majoritaire en capital, chacun campe sur ses positions. Concernant la parution du décret, tous les regards sont désormais tournés vers Bruxelles, comme l’a souligné Frédéric Laurent, vice-président de l’UNPF. Pour Jean-Charles Tellier, les SELAS ne doivent pas être diabolisées. « Elles génèrent moins de conflits d’associés qu’en SNC », rapporte-t-il.

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Le casse-tête des regroupements

Sur le marché, on compte à peine une centaine de regroupements par an. « De plus, ils ne se font pas toujours là où on les attend », fait remarquer Jean-Charles Tellier. Le problème est flagrant dans les grandes métropoles. « Dans certains quartiers, les pharmaciens ne se regroupent pas car les emplacements sont plus chers que les fonds. » Les freins sont multiples : psychologiques, administratifs, juridiques, financiers…