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DE NOUVELLES MISSIONS À ÉCRIRE
LE DÉPISTAGE DU CANCER COLORECTAL, L’ACCOMPAGNEMENT DU PATIENT DANS SON SEVRAGE TABAGIQUE ET LA DISPENSATION DES MÉDICAMENTS À DOMICILE SONT LES MISSIONS INÉDITES ANNONCÉES DANS LE CHAMP CONVENTIONNEL ET ESPÉRÉES POUR 2021.
La demande d’élargissement des nouvelles missions a été entendue et acceptée par l’Assurance maladie, les discussions préparatoires se sont engagées dans trois directions pour 2021 : cancer colorectal, sevrage tabagique et dispensation à domicile. La conduite de ces chantiers en commission paritaire nationale des programmes d’accompagnement (CPNPA) s’annonce plus ou moins difficile.
Les travaux sur le dépistage du cancer colorectal, qui peuvent s’appuyer sur les résultats concluants des expérimentations menées en Corse et dans le Finistère, ne seront certainement pas les plus compliqués à mener.
Selon l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), mi-avril 2020, 38 % des pharmaciens avaient réalisé une à trois dispensations à domicile par jour depuis le début du (premier) confinement afin d’assurer la continuité des traitements. L’Assurance maladie avait alors pourtant considéré que l’indemnisation des dispensations à domicile n’était pas un sujet prioritaire et qu’elle ne recueillait pas l’unanimité de la profession. Cette demande sera finalement étudiée dans le cadre de la nouvelle convention. Quant à la préparation des doses à administrer (PDA), les discussions resteront au point mort, tant que ne sera pas publié le décret sur les bonnes pratiques.
Pour l’accompagnement au sevrage tabagique, les premières discussions avec Thomas Fatome, directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam), achoppent sur le pharmacien « prescripteur et dispensateur des substituts nicotiniques », en raison d’un conflit d’intérêts. Car ce double statut réclame une évolution des textes réglementaires.
Dispensation protocolisée : corriger le tir
Autre mission très attendue, inscrite dans la loi relative à l’organisation et à la transformation du système de santé, promulguée en juillet 2019 : la dispensation protocolisée. Elle permet au pharmacien de délivrer sans ordonnance certains médicaments de prescription obligatoire pour quatre premières pathologies bénignes (cystites, angine, varicelle et rhinoconjonctivite allergique saisonnière), selon un protocole strict et dans le respect d’une nécessaire coordination des soins. L’objectif : faciliter le parcours de soins non programmés des patients, désengorger les cabinets médicaux et les services d’urgence.
La dispensation sous protocole sera financée par l’Assurance maladie à hauteur de 25 €. Cette rémunération ne sera pas versée directement au professionnel de santé l’ayant réalisée, mais à la structure pluriprofessionnelle dont il dépend. Pour les syndicats pharmaceutiques, le cadre défini pour cette dispensation protocolisé est discriminant. « Elle n’est ouverte qu’aux pharmaciens exerçant dans une maison de santé pluridisciplinaire et partageant un système d’information commun, soit aujourd’hui quelques dizaines de pharmacies », regrette Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Si les textes réglementaires ne sont pas modifiés, « elle créera une médecine de soins non programmés à deux vitesses, car tous les patients ne vivent pas à côté de professionnels de santé travaillant dans une structure d’exercice coordonnée », dénonce Gilles Bonnefond, ex-président de l’USPO, qui réclame des protocoles nationaux et un acte pharmaceutique de prise en charge du patient, en plus de la marge sur les médicaments délivrés.
Porté par Pharma Système Qualité, le projet Osys, lancé par l’agence régionale de santé (ARS) Bretagne, évalue ladite dispensation protocolisée et un nouveau parcours du patient adapté aux déserts médicaux. Maryse Garenaux, titulaire à Pluméliau (Morbihan), fait partie des 50 pharmacies volontaires pour cette expérimentation qui a démarré en juin. Exerçant dans un territoire qualifié de désert médical, elle attend beaucoup du dispositif de triage qui va être testé sur deux ans et qui ouvre trois possibilités au pharmacien : prise en charge du patient par la dispensation d’un médicament, orientation vers une consultation médicale ou vers un service d’urgence. « Notre commune a perdu deux de ses trois médecins et projette d’installer une maison médicale avec une équipe de soins primaires afin d’en attirer de nouveaux, raconte-t-elle. En attendant, c’est compliqué d’envoyer sans arrêt des personnes à ce seul médecin mais, grâce à la démarche et aux protocoles du projet Osys qu’il a validés et qui ne nous autorisent pas à poser de diagnostic, notre conseil est formalisé et sécurisé, le médecin est soulagé et le patient est assuré d’un suivi. »
Autour des médicaments
La profession souhaite aussi pérenniser la rétrocession des médicaments de la réserve hospitalière et la collaboration ville-hôpital mises en place pendant la crise sanitaire. Une mission conditionnée par l’avis de la Direction générale de la santé et le résultat de travaux à mener avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui est responsable du statut des médicaments.
Après la dispensation adaptée (DAD), les projets d’interventions pharmaceutiques rémunérées visent à détacher le pharmacien de son rôle de distributeur et à le désintéresser des flux sur lesquels s’est fondée historiquement sa marge. Comment ? En facturant le temps passé avec le médecin à faire une proposition de suppression de médicaments redondants, de modification de posologie ou de toute autre suggestion visant à améliorer la prise en charge thérapeutique…
La FSPF porte également dans son programme pour les cinq années à venir un système de trois entretiens de prévention à 25, 45 et 65 ans, aux dates des rappels vaccinaux. « Le pharmacien serait autorisé à pratiquer ces rappels dans le cadre d’un entretien qui serait offert au patient et pris en charge par l’Assurance maladie », explique Philippe Besset. Il servirait ensuite de tremplin à d’autres entretiens de suivi du patient, de prévention et d’éducation à la santé… Parce que l’officine est un lieu incontournable de la santé, « il faut aller sur tous les dépistages, cela est source d’économies pour le payeur et permet de faire entrer les patients dans un parcours de soins cohérent », conclut Gilles Bonnefond.
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