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Trafic de Paxlovid : contrôles de pharmacies en représailles
Ce sont les répartiteurs qui ont sonné l’alerte auprès des autorités sanitaires. Alors que les pharmacies commandent habituellement au fil de l’eau à leur grossiste 1 boîte de Paxlovid (nirmatrelvir/ritonavir), ils ont constaté – depuis une quinzaine de jours selon Alliance Healthcare répartition – des achats importants, de l’ordre de 100 à 200 boîtes, par certains pharmaciens d’Ile-de-France, de Paca (Marseille principalement) et du Grand-Est (notamment au niveau frontalier). « Nous avons eu connaissance d’une agence en Ile-de-France à laquelle une pharmacie de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) a commandé mille boîtes et une autre dont les stocks ont été mis à zéro suite à des commandes importantes de Paxlovid », rapporte Emmanuel Déchin, délégué général de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP). « Ce ne sont que quelques cas isolés », complète Alliance Healthcare répartition.
Ces trafics se ressentent sur les chiffres de vente de Paxlovid des pharmacies. « De début octobre à mi-décembre (semaine 49), le réseau officinal a vendu en moyenne 3 400 boîtes par semaine, alors que sur les trois dernières semaines de décembre (semaines 50, 51 et 52), il s’en est vendu 5 800 par semaine », indique David Syr, directeur général adjoint de Gers Data.
Contrôles et contingentement
Ces commandes atypiques ont fait l’objet immédiatement d’une information transmise de façon nominative à Santé publique France auprès de qui les répartiteurs se fournissent. « Conformément à leurs bonnes pratiques de distribution, les répartiteurs sont tenus de surveiller les ventes en quantités anormales et de les déclarer tous les mois à l’ANSM et à Santé publique France (pour les médicaments issus du stock Etat), ainsi les pharmaciens se livrant à des trafics ne peuvent pas agir en toute impunité », explique Lilia Bulteel, directrice générale en charge du commercial de Phoenix Pharma.
Pour se procurer Paxlovid en quantité importante et l’envoyer en Chine et en Allemagne principalement, les trafiquants présentent aux pharmaciens des ordonnances étrangères d’origine asiatique ou des prescriptions de médecins généralistes français, falsifiées ou non. Face à la récente explosion des cas de Covid-19 en Chine, ils sont prêts à payer 200 euros la boîte qu’ils envoient ensuite en Chine en la revendant à prix d’or, selon Marie-Josée Augé-Caumon, membre du bureau de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
« La Direction générale de la santé (DGS) va se saisir de cette affaire de trafic et les pharmacies vont faire l’objet de contrôles », prévient Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, ajoutant qu’un contingentement à 20 boîtes par officine est déjà instauré. Il appelle les pharmaciens à la vigilance face à ces demandes illicites et à se montrer attentifs aux prescriptions présentées. Les pharmaciens ne peuvent pas exporter de médicaments et ne peuvent faire de la vente au détail que pour leur patientèle. S’ils contreviennent à ces règles de dispensation, ils s’exposent à de lourdes sanctions pénales et financières.
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