Médicaments chers : la vente directe peut coûter bonbon

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Médicaments chers : la vente directe peut coûter bonbon

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Publié le 17 juin 2022
Par Francois Pouzaud
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Des pharmaciens pressent leur agence régionale de santé (ARS) pour limiter la vente directe excluant les grossistes répartiteurs de médicaments spécifiques et souvent chers. Un procédé contraignant pour le pharmacien comme pour le patient. Et qui peut coûter cher.

La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) du Haut-Rhin a adressé un courrier à l’Agence régionale de santé (ARS) du Grand-Est pour se plaindre de problèmes d’approvisionnement rencontrés par plusieurs officinaux sur des médicaments très onéreux, dépassant les 3 000 € HT. Et pour fustiger la politique de certains laboratoires de livrer ces produits de santé très spécifiques exclusivement en direct.

Les répartiteurs regrettent également ce choix au détriment des patients et de la santé publique. « Les grossistes sont soumis, de par le Code de la santé publique, à des obligation de service public », rappelle Emmanuel Déchin, délégué général de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP). Parmi elles, l’obligation de livrer les officines dans les 24 heures… quand la commande en directe est parfois livrée en 48 heures. Et d’ajouter : « La problématique se pose plus en termes d’organisation de la chaîne de distribution et de services qu’en termes économiques, même si  l’exclusion des grossistes de la distribution de ces produits se traduit par une perte de marge pour la répartition et, plus gênant pour les pharmaciens, par des avances de trésorerie si le paiement se fait à la commande. » Il rapporte que des petites pharmacies dans les DOM rencontrent des problèmes de trésorerie sur la commande de médicaments très chers, de 10 000 à 15 000 euros.

Les grossistes répartiteurs trinquent aussi

La distribution de ces médicaments échappe partiellement aux grossistes. Concernant l’année 2021, sur 99 références commercialisées en ville ayant un prix public HT supérieur à 3 000 €, 36 sont distribuées à 100 % en direct dont 9 nécessitent le respect de la chaîne du froid (source : CSRP). Cela représente 148 000 unités, soit une progression des volumes de 36 % par rapport à l’année 2020.

Les ventes directes représentant un total de 157 000 unités, 9 000 unités ne font donc pas l’objet d’une distribution à 100 % en direct et peuvent aussi transiter par le grossiste. 63 des 99 références sont délivrées par les répartiteurs, représentant en 2021, 261 000 unités et parmi elles, 32 (50 %) sont des produits du « froid ».

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Sur les médicaments remboursables, les répartiteurs ont une marge plafonnée à 32,50 €. Leur perte de marge, si les 157 000 unités étaient toutes vendues en direct aux pharmacies, serait donc d’environ 5 102 000 € (157 000 x 32,50 €).