Les volailles et la fermière

Réservé aux abonnés
Publié le 9 octobre 2010
Par Jean-Pierre Couderc
Mettre en favori

Il était une fois dans une ancienne contrée

Un vieux poulailler jadis prospère et envié

Qui doucement, pourtant, année après année,

Devint si triste, humide, et déguenillé,

Que même les œufs ne paraissaient plus pressés

Sur la paille moisie de venir se poser.

La fermière à force d’économiser

Publicité

N’avait que supprimé l’envie de nidifier.

Les trois vieux coqs se partageant l’autorité,

N’ayant plus un seul caleçon sec à porter,

Incitèrent les poules à ne plus honorer

De la moindre ponte les avides paniers.

La production chutant, la fermière énervée

Proposa à nos belligérants un marché :

Si, à moindre coût, une solution est trouvée,

Qui puisse à la fois, ses finances préserver

Et la bonne humeur au poulailler ramener,

Elle sursoirait à la demande, c’est juré !

Très gauchement, et en toute imbécillité,

Ce ne fut pas une, non plus deux, mais trois idées

Qui, à notre fermière, furent présentées.

Le premier voulait refaire l’étanchéité,

Le deuxième préférait de quoi se percher

Et le troisième, une cantine améliorée.

Que croyez-vous qu’il arriva, pour clôturer,

Sur un tel épandage de stupidité ?

Et bien RIEN ! Si ce n’est la menace appuyée

De couper la tête à tout le poulailler

Si les œufs ne retrouvaient pas dans la foulée

Et, avec quantité, le chemin des paniers.

Cette histoire, bien sûr, a une moralité,

Et si comme moi, en bonne volaille abusée,

Vous êtes pharmacien et avez assisté

A la brillante démonstration d’unité

De nos chers syndicats soi-disant rassemblés

Pour défendre notre profession menacée,

C’est sûr, elle ne vous aura pas échappé :

A trop réclamer, et en ordre dispersé,

On n’obtient que dédain et sourire amusé,

Là où union, cohérence et volonté,

Auraient donné crainte et envie de concilier […]