La chirurgie bariatrique de Manelle Vemincir

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Publié le 1 avril 2023
Par Nathalie Belin
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Mme Vemincir, hypertendue et diabétique de type 2, souffre d’obésité sévère (IMC = 37,1 kg/m²). Elle a bénéficié d’un bypass gastrique il y a quelques jours, chirurgie qui consiste à créer une poche gastrique (réduisant la quantité d’aliments ingérés) et un court-circuit gastro-intestinal (induisant une malabsorption).

 

Conseils complémentaires

Observance indispensable. La supplémentation en micronutriments est essentielle durant toute la période de perte de poids rapide qui dure de 12 à 18 mois et au cours de laquelle les risques de carences sont importants. Bien respecter les dosages biologiques prescrits tous les 3 à 6 mois durant cette période avant la prescription de contrôles annuels à vie. Des carences en vitamines B notamment, parfois plusieurs années après l’intervention, entraînent des troubles neurologiques potentiellement graves ; fatigue importante, fourmillements dans les mains et les pieds, troubles visuels, pertes de mémoire ou vertiges doivent alerter.

Adaptation des traitements des comorbidités. Une adaptation très rapide des doses d’antidiabétiques peut être nécessaire dans les jours suivant l’intervention. Encourager à consulter le médecin généraliste ou l’endocrinologue dans les plus brefs délais. Une fatigue importante, des chutes de tension ou des malaises peuvent nécessiter une adaptation du traitement antihypertenseur.

S’enquérir de la méthode contraceptive utilisée. Une chirurgie malabsorptive comme le bypass constitue un risque d’échec d’une contraception orale. Un dispositif intra-utérin, l’implant progestatif ou, après prise en compte du risque cardiovasculaire, l’anneau vaginal sont préconisés.

Accompagner la dispensation

Esoméprazole : le comprimé (ou la gélule pour certains génériques) doit être avalé sans le mâcher, en diluant le comprimé (ou en dispersant le contenu de la gélule) dans un demi-verre d’eau non gazeuse et en avalant les microgranules sans les croquer.

Acide ursodésoxycholique : les prises se font matin et soir.

Vitamines et minéraux : le calcium peut interférer avec les sels de fer (ou de zinc et de magnésium) et doit être pris à distance de ces minéraux. Avaler les sels de fer si possible avant le repas pour une meilleure biodisponibilité ou au cours de celui-ci si les troubles digestifs induits sont gênants (constipation, diarrhée, etc.). Pour éviter les oublis, prendre la vitamine B12 un jour fixe de la semaine et la vitamine D dès le renouvellement de la prescription tous les mois.

Analyser l’ordonnance

Esoméprazole> Inhibiteur de la pompe à protons dont la prescription est systématique après certaines chirurgies bariatriques en raison d’un reflux gastroœsophagien fréquent.

Acide ursodésoxycholique> Acide biliaire exerçant un effet régulateur sur la composition de la bile et diminuant le taux sanguin d’acides biliaires endogènes. Il prévient le risque de lithiase biliaire postopératoire lié à l’amaigrissement rapide (saturation biliaire à la suite d’une mobilisation importante du cholestérol périphérique). La prescription prophylactique d’acide ursodésoxycholique est de mise les 6 premiers mois qui suivent l’intervention (sauf en cas de réalisation d’une cholécystectomie prophylactique).

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Uvedose et Orocal> Le risque ostéoporotique est augmenté après une chirurgie bariatrique du fait d’une malabsorption du calcium et de la vitamine D et parfois d’une malnutrition protéique.

Sulfate de fer, Vitamine B12 et Azinc> Les chirurgies malabsorptives exposent à des risques de carence en fer et vitamine B12 en particulier, mais aussi en d’autres micronutriments, et font recommander une supplémentation systématique « à vie », à défaut de pouvoir en préciser la durée. Ces supplémentations sont d’autant plus importantes que les patients obèses présentent souvent des déficits ou des carences préalables du fait d’une alimentation à faible densité nutritionnelle.