Santé publique : Le pharmacien plébiscité

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Publié le 29 janvier 2005
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Qui parlait de santé publique il y a 25 ans ? « Cette discipline n’existait pas », affirme Gilles Brücker, président de l’INVS, invité avec Didier Tabuteau, haut fonctionnaire vingt ans durant, et François Bourdillon, vice-président de MSF, à la dernière soirée-débat de l’Association des cadres de l’industrie pharmaceutique en tant que coauteurs d’un livre sur la santé publique*. « J’ai le souvenir, lors de réunions d’arbitrage à Matignon, des sourires narquois de nos interlocuteurs à ce sujet », se souvient Didier Tabuteau. Et pourtant la France fut, affirment les trois auteurs, à la pointe de la promotion de la santé publique, notamment au niveau européen, en raison des scandales qui avaient éclaboussé et donc sensibilisé experts, administrations et politiques (sang contaminé, hormone de croissance…). Ainsi la France insista-t-elle sur la prise en compte des effets secondaires par l’Agence européenne d’évaluation des médicaments, alors que d’autres ne juraient que par l’efficacité des produits.

Par ailleurs, la sécurité sanitaire n’est plus l’apanage du système de soins : « La politique ayant eu récemment le plus d’impact en santé publique relève du ministère des Transports, avec la sécurité routière », remarque Didier Tabuteau. Et puis les médecins n’ont pas le temps et sont ancrés « dans une démarche de diagnostic, de soins ». Alors qui, parmi les professionnels de santé, occupe une position privilégiée pour relayer les messages de santé publique ? Eh bien le pharmacien, a-t-on conclu lors du débat. Selon Gilles Brücker, « il s’implique de manière beaucoup plus ouverte que le médecin, avec une vision plus axée vers la sécurité sanitaire ». A méditer. Car ce qui peut a priori ressembler à une contrainte supplémentaire pourrait demain devenir un atout tant le sujet est porteur.

* « Traité de santé publique », édition Flammarion, 84,55 Euro(s).

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