Plan antichute des personnes âgées : une campagne de prévention qui illustre le rôle des pharmaciens

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Plan antichute des personnes âgées : une campagne de prévention qui illustre le rôle des pharmaciens

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Publié le 29 novembre 2023
Par Audrey Chaussalet
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Le plan antichute des personnes âgées est un enjeu de santé publique qui va s’intensifier avec la transition démographique, puisque la population âgée entre 75 et 84 ans augmentera de 49 % dans la décennie 2020-2030. Pour que ce secteur n’échappe pas à l’officine, la coopérative Welcoop lance un dispositif clé en main à disposition de toutes les pharmacies.

99 % des seniors considèrent que le « bien vieillir » repose avant tout sur le fait de rester le plus longtemps possible à leur domicile, selon une étude Ipsos*. Le risque de chute est bien sûr le plus avéré. 40% des répondants déclarent d’ailleurs être déjà tombés au moins une fois. Pour autant, seuls 22 % ont mis en place des mesures de prévention à leur domicile*. Tels sont les principaux enseignements du sondage Ipsos réalisé pour le compte de la coopérative Welcoop, qui a présenté jeudi 28 novembre 2023, son plan antichute, un dispositif clé en mains à disposition des pharmaciens. Celui-ci s’inscrit dans le cadre du plan antichute des personnes âgées, lancé par le gouvernement en 2022, et dont l’objectif visait à réduire de 20 % le nombre de chutes sur les trois prochaines années. Des chutes qui sont la première cause de mortalité accidentelle chez les plus de 65 ans, engendrant chaque année 10 000 décès et 130 000 hospitalisations, ce qui représente 2 milliards d’euros de dépenses annuelles pour le système de santé. « De par son maillage territorial et son lien de proximité avec le patient, nous sommes persuadés que la pharmacie a un rôle à jouer dans cette mesure de santé publique », déclare Jean-Pierre Dosdat, président du conseil de surveillance de la coopérative Welcoop. 

Le plan antichute a déjà permis d’économiser 4,56 millions d’euros 

Après une première expérimentation dans trois pharmacies en 2022, le service « plan antichute » a été étendu en 2023, sur la base du volontariat, dans soixante-sept pharmacies. Majoritairement des officines sous l’enseigne Wellpharma qui appartient à la coopérative Welcoop. Mais, le kit de communication du plan antichute, comprenant affiches, flyers, dépliants, adhésifs sols et vitrines, badges…, est désormais téléchargeable gratuitement par toutes les pharmacies de France. « Si 21 000 pharmacies françaises participent à ce dispositif, c’est 400 000 chutes par an qui pourraient être évitées. Imaginez les impacts financiers positifs que cela implique pour l’Assurance maladie ! », ajoute Jean-Pierre Dosdat. Un message de bon augure à l’aube de l’ouverture des négociations conventionnelles sur l’économie officinale. D’ailleurs, Jean-Pierre Dosdat souhaiterait que le plan antichute en fasse partie. Par exemple, lors de l’entretien de prévention aux âges clés de la vie pour les patients de 75 ans et plus. Pour étayer ses propos, Jean-Pierre Dosdat rappelle que lors de l’expérimentation menée en 2023, 628 profils à risque sur près de 3 000 patients identifiés aux comptoirs ont bénéficié d’un audit. Et 456 patients, après un diagnostic à domicile, ont réalisé des aménagements de leur logement. « Cela a permis de détecter et d’éviter des chutes qui auraient pu coûter environ 10 000€ par patient, soit une économie de 4,56 millions d’euros pour le système de santé ». Ainsi, des discussions sont en cours avec l’agence régionale de santé (ARS) et l’union régionale des professionnels de santé (URPS) du grand Est pour qu’une expérimentation soit lancée l’année prochaine. D’ores et déjà, les 105 pharmacies Wellpharma proposeront ce service en 2024 et d’autres réseaux devraient emboîter le pas en 2024, à l’image de Santalis. 

Le plan antichute : une nouvelle source de revenus pour la pharmacie

À l’heure où la marge officinale est malmenée, « le plan antichute représente une nouvelle source de revenus pour la pharmacie », assure Jean-Pierre Dosdat. Preuves à l’appui. En 2023, les pharmacies ont réalisé, en moyenne, un audit par semaine, ce qui équivaut à un chiffre d’affaires annuel de 33 800 € par pharmacie et une marge nette confortable de 12 000 €. « En s’immisçant indirectement au domicile du patient, cela contribue aussi à créer du liant avec sa patientèle. Sans oublier qu’un patient qui entre en Ehpad est souvent un patient de perdu ! », continue d’argumenter Jean-Pierre Dosdat. Dans le dispositif imaginé par la coopérative Welcoop, l’audit à domicile est réalisé par sa filiale D Medica, spécialisée dans le maintien à domicile (MAD). Mais, chaque pharmacien est libre de passer par le prestataire de son choix. Quant aux patients, le reste à charge est souvent marginal si une ordonnance du médecin confirme la nécessité des aménagements prévus par l’audit. Hasard du calendrier, le dernier baromètre de la Silver Alliance et Retraite.com, paru jeudi 28 novembre 2023, démontre que bien vieillir chez soi coûte de plus en plus cher. Le coût moyen pour une personne âgée est de 1 216 euros par mois, un chiffre en hausse de 4,5 % par rapport à l’année dernière et de quasiment 17 % par rapport à 2020. 

* Sondage Ipsos auprès d’un échantillon de 1001 personnes, représentatif de la population française âgée de 65 ans et plus. 

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