« Tout n’a pas été fait a priori pour les patients parkinsoniens »

Réservé aux abonnés
Publié le 16 décembre 2023
Par Matthieu Vandendriessche
Mettre en favori

 

Manon Auffret vient de recevoir le prix de l’Ordre national des pharmaciens pour ses nombreux travaux de recherche sur la maladie de Parkinson. Adjointe intermittente en officine pendant huit ans, elle s’emploie à renforcer l’implication de ses confrères auprès des malades parkinsoniens.

 

 

Tremblements, akinésie et rigidité : ces signes de la maladie de Parkinson sont bien connus. Une affection à laquelle Manon Auffret prête toute son attention. Ses travaux sur la prise en charge pluridisciplinaire des patients atteints de la maladie de Parkinson lui ont valu d’être récompensée le 20 novembre par le prix de l’Ordre des pharmaciens. Cette professionnelle de 35 ans n’a pas toujours été chercheuse et docteure en neurosciences. Dès la sortie de la fac et pendant huit ans, elle a été férue du comptoir. « C’est une activité qui me manque sous certains aspects : la variété de l’exercice, le contact et l’accompagnement des patients », confie cette consœur qui a été remplaçante en Bretagne et en Normandie. En parallèle de l’exercice officinal, elle suit un master 2 en neurosciences à la faculté de Caen (Calvados). « En 2e et 3e années d’études, comme je n’avais pas la fibre d’une titulaire, j’ai choisi l’unité d’enseignement sur l’initiation à la recherche plutôt que sur la gestion officinale. » 

Son appétence pour la recherche se dessine plus encore lors de son stage d’externat de 5e année à Missoula, dans le Montana. Pourquoi cette jolie localité de l’Amérique profonde ? Un hasard de la désignation qui a conquis la pharmacienne. « Les modalités d’exercice aux Etats-Unis m’ont beaucoup plu. Les échanges se faisaient en anglais avec une équipe accueillante et formatrice dans un contexte très différent. » De retour en France, la lecture scientifique en anglais n’est plus du tout un problème ! En 2010, son premier projet de recherche porte sur la caractérisation de souches bactériennes buccales issues d’enfants en immunodépression thérapeutique. En 2014, une place de thésarde se libère. Pendant trois ans, elle travaille sur les potentialités thérapeutiques de l’apomorphine dans la maladie de Parkinson.

Un regard pharmaceutique

 

Au centre d’investigation clinique du centre hospitalier universitaire de Rennes (Ille-et-Vilaine), aux côtés de médecins et d’étudiants, elle coordonne actuellement différents projets en lien avec cet agoniste dopaminergique. « Certains travaux auraient été orientés différemment s’il n’y avait pas eu ce regard pharmaceutique », affirme-t-elle. La recherche académique ne l’éloigne pas de la pratique. A destination de ses confrères, elle rédige un ouvrage* et s’investit dans la formation initiale et continue. « De nombreuses actions sont possibles dès lors que les pharmaciens sont formés et se sentent à l’aise dans cette prise en charge. Au-delà des considérations médicamenteuses, ils peuvent s’impliquer dans l’orientation du patient vers des consultations adaptées ou dans l’aménagement du domicile. Il ne faut pas s’imaginer que tout a été dit ou été fait pour les patients et leur famille en amont de l’officine. Nous avons notre place à des endroits que l’on n’imagine pas. »

Publicité
 

BIO Manon Auffret


Diplôme de docteure en pharmacie à la faculté de Rennes (Ille-et-Vilaine)

Thèse de sciences sur les « faces cachées de l’apomorphine »

Prix de l’Ordre national des pharmaciens

  • * Conseiller et accompagner le patient atteint de la maladie de Parkinson à l’officine, Les Editions du Moniteur des pharmacies, 2023.