Déprescription : ces médicaments à risque pour le patient âgé

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Déprescription : ces médicaments à risque pour le patient âgé

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Publié le 5 mai 2025
Par Matthieu Vandendriessche
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Certains médicaments, encore trop souvent prescrits ou accessibles sans ordonnance, présentent un risque net chez les plus de 75 ans. AINS, anticholinergiques, neuroleptiques ou IPP : tour d’horizon des classes à proscrire, et des interactions à surveiller de près à l’officine.

« Chez le patient âgé, avant de déprescrire, il faut surtout éviter de prescrire certaines classes thérapeutiques du fait d’un rapport bénéfices / risques défavorable ou de bénéfices qui ne sont pas clairement démontrés ou évalués », indique le Pr Thomas Vogel, chef de pôle en gériatrie aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg. Cette démarche concerne les molécules non indiquées et présentant des effets indésirables ainsi que des médicaments sources d’interactions potentiellement dangereuses. Plus spécifiquement, le praticien hospitalier élimine les antibiotiques dans des infections présumées, des antibiothérapies trop longues ou la prescription au long cours et non justifiée de neuroleptiques.

Des médicaments à proscrire

Dans le viseur du Pr Vogel figurent en priorité les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). « Ils ne doivent jamais être des antalgiques de première intention chez les personnes âgées de plus de 75 ans. » Ces médicaments sont essentiellement prescrits par les médecins généralistes et sont en vente libre en pharmacie, pointe le praticien. Ils présentent un très mauvais rapport bénéfices / risques pour ce profil de patients du fait d’un risque élevé de gastrotoxicité, de néphrotoxicité mais aussi d’ordre cardiovasculaire, hémorragique et infectieux. Le Pr Vogel cible également les médicaments anticholinergiques, à l’origine de confusion, d’hallucinations, de chutes, de constipation, de rétention urinaire, etc. « Ils doivent être évités chez le patient âgé quel que soit son statut cognitif. » Ces médicaments sont bien connus : amitriptyline, clozapine, alimémazine, disopyramide, etc. La charge anticholinergique augmente lorsque ces molécules sont prescrites en association ou à posologie élevée.

Attention aux plantes

D’autres médicaments sont à risque en particulier pour le patient âgé : la metformine, la trinitrine, certains antiarythmiques, le tramadol, la pseudo-éphédrine et aussi des associations comme la coadministration de rivaroxaban et de clarithromycine (ce macrolide est un puissant inhibiteur du cytochrome P450 3A4). Concernant les anticoagulants, l’association est à risque avec les inhibiteurs de recapture de la sérotonine et le tramadol, qui ont un impact sur la fluidité sanguine. C’est aussi le cas de certaines plantes : millepertuis, camomille, gingembre, ginseng. Quant aux inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), en plus de la possibilité d’un effet rebond et donc d’une dépendance, ils ne sont pas sans présenter des effets indésirables tels que diarrhée à Clostridium difficile, pneumopathie, ostéoporose, hyponatrémie, risque de néphrite interstitielle, de cancer de l’estomac, etc.

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