Les antimoustiques battent de l’aile
L’état de santé du marché des antimoustiques est suspendu aux conditions météorologiques favorisant ou non La proLifération desdits insectes. résuLtat : L’année 2017 a été, de toute évidence, un mauvais « cru ». Pour autant, le secteur ne cesse d’innover et continue de s’orienter vers le naturel.
Le secteur des références antimoustiques a enregistré, en 2017, une baisse supérieure à – 20 %, tant en volume qu’en valeur, selon IMS/Iqvia (en cumul annuel mobile à fin novembre). Une chute, liée à une météo défavorable, qui semble d’autant plus saisissante que les chiffres 2016 étaient exceptionnels, période pendant laquelle « on a beaucoup parlé du virus Zika et du besoin de se protéger, une communication qui s’est estompée en 2017 », remarque Amina Affane, responsable marketing, en charge de la marque Apaisyl (Merck Médication familiale). Gardons toutefois à l’esprit que l’emploi d’un répulsif est loin d’être acquis (environ 37 % des Françaisles utilisent, d’après l’étude “Usages et attitudes” réalisée par Ipsos en 2015, pour Merck Médication Familiale). « L’odeur et l’agressivité des formules sont souvent désignées comme des freins à l’achat. L’éducation des Français, en matière de prévention, reste à faire et passe notamment par le conseil du pharmacien », relève notre interlocutrice. La baisse actuelle n’est donc pas le signe d’un quelconque affaissement de l’offre. Bien au contraire. D’abord, les produits biocides continuent de passer à la moulinette du règlement européen UE 528/2012 dont l’objectif est la mise sur le marché de solutions sûres et efficaces. Une réglementation qui « permet d’éviter la prolifération de produits à l’efficacité non prouvée et qui assure aux utilisateurs un bénéficerisque optimal », juge Marie-Emmanuelle d’Hautefort, chef de produits Insect Ecran (Cooper). Ensuite, les acteurs multiplient les lancements pour couvrir tous les besoins et tous les âges. Nombre d’entre eux revoient également leurs packagings pour gagner en clarté et se distinguer au sein d’une offre foisonnante, signe du dynamisme du secteur.
UN LARGE positionnement.
En toute logique, les répulsifs cutanés réalisent l’essentiel des ventes (76,2 % de PDM en valeur, selon Ospharm), très loin devant les répulsifs vêtements et environnement. Si la plupart des produits se distinguent selon la zone traversée (tempérée/tropicale), excepté pour la marque Manouka qui segmente son offre selon ses publics (enfants, famille, adultes), l’écrasante majorité des références s’adressent à une cible extensible, englobant adultes et enfants (89,2 % de PDM en valeur, selon Ospharm). Marque leader et prescrite à l’origine dans les centres de vaccination, Insect Ecran (Cooper) est aujourd’hui sérieusement talonnée par le challenger Cinq sur Cinq (Bausch & Lomb) qui abreuve régulièrement le marché de ses lancements. Produit star du secteur, le spray Cinq sur Cinq Tropic (11,2 % de PDM en valeur, selon Ospharm) est disponible en stick, depuis 2017. « Un format pratique lancé à la demande des mères », explique Inès Pérez, responsable marketing. Parmi les autres best-sellers, trois références siglées Insect Ecran : les sprays Zones infestées (affichant la plus grande concentration de DEET, soit 50 %), Famille et Spécial tropiques. Conclusion : Cooper est talonné de près par Bausch & Lomb, tant en valeur avec respectivement 26 % et 24 % de parts de marché qu’en volume, (27 % et 23 %), selon Ospharm.
L’OFFRE s’étoffe sur le bracelet.
Les formats proposés vont dans le sens d’une protection facilitée. Tous segments confondus, les sprays sont plébiscités par les consommateurs (59,1 % de PDM en valeur par catégorie de produits, selon Ospharm) à l’instar des sticks et autres roll-on (15 % de PDM) qui séduisent par leur nomadisme (+ 7 %). Pourtant déconseillés par les autorités de santé, les bracelets (11,6 % de PDM en valeur), sont loin d’être abandonnés, plaçant l’acteur Para’kito (Evergreen Land) à la troisième place du podium. Son credo : « Proposer les solutions les plus naturelles et les plus saines possible, sans alcool, sans surfactant et sans parabène pour toute la famille, y compris les enfants, les femmes enceintes et les personnes aux peaux sensibles », avance Emmanuelle Mather, directrice marketing. Les bracelets enfants (waterproof) se complètent en 2018 de versions « Sport » et « Party » pour les soirées festives. Rappelons qu’il y a deux ans, la marque commercialisait son premier spray Famille Zones infestées, au Citrepel dosé à 26 % (dès 6 mois), complété début 2018 par une version Tropiques formulée avec le même actif (30 %) et parfumée aux huiles essentielles (dès 3 ans). Une extension de gamme stratégique qui positionne Para’Kito sur le segment disputé des sprays. De son côté, Moustidose (Gilbert) vient de lancer son bracelet antimoustiques aux huiles essentielles (dès 6 ans), doté d’un système de fermeture, tandis que la gamme Arko Essentiel (Arkopharma) s’enrichit de bracelets équipés d’une pastille imprégnée d’extraits d’huile essentielle d’Eucalyptus citriodora et d’huile essentielle de Lavandin (dès 3 ans). Très présents sur le segment des accessoires (ses bracelets et diffuseurs-boules représentant 60 % de ses ventes), la marque Manouka (Laboratoire A) vise une plus grande notoriété. En 2017, les pharmaciens se voyaient proposés une offre premium : « Chaque nouvelle implantation en officine s’est accompagnée d’un engagement à reprendre les invendus à la fin de la saison », explique Pascal Segui, directeur des opérations. Test reconduit en 2018. Une visibilité qui passe également par une refonte des packagings, en papier kraft recyclable.
VERS la naturalité.
C’est la grande tendance du moment, un incontournable repris par l’ensemble des acteurs : la protection 100 % naturelle. Des produits qui correspondent à une forte attente des consommateurs et qui pourraient, également, faire tomber les dernières résistances des non-utilisateurs. Après la vague des références faiblement dosées (à destination des familles et des peaux sensibles), c’est, de toute évidence, le levier de croissance du marché. Une catégorie de produits (33,5 % de PDM en valeur, selon Ospharm) qui souffre, d’ailleurs, moins que les autres segments (- 8,3 % des ventes en cumul annuel mobile à fin octobre 2017, selon Ospharm) des conditions météos peu propices de l’année écoulée. Précurseur, Puressentiel, des laboratoires éponymes, s’est taillée une place de choix sur ce segment avec son spray Anti-pique (5,5 % de PDM en valeur, selon Ospharm) et, malgré la décrue de 2017, revendique une croissance de + 9 % (source fabricant, décembre 2017). La marque, bien connue des consommateurs, ambitionne de « devenir un grand acteur du marché au même titre que les grands laboratoires OTC », prévient Manon Fragny, chef de gamme. Elle est désormais présente sur tous les segments du secteur (répulsifs cutanés, vêtements et apaisants). Quant à la marque Pranarôm, acteur clé du marché de l’aromathérapie, elle a étoffé son offre, en 2017, d’un spray corporel antimoustique aux huiles essentielles biologiques, enrichi aux extraits de coco. De son côté, Cinq sur Cinq a commercialisé en 2017, un spray Citriodora sans alcool (dès 1 an), une crème antimoustiques peaux sensibles enrichie en aloe vera et un lait antimoustique après-soleil 2 en 1, à l’huile d’Eucalyptus citriodora. Enfin, Insect Ecran a sorti début 2018, un répulsif actif naturel (dès 36 mois), à base d’huile essentielle d’Eucalyptus citriodora (30 %).
DES COMPLÉMENTS précieux.
S’il est recommandé de les utiliser conjointement avec un répulsif cutané, tel qu’annoncé plus haut, les répulsifs vêtements (5,2 % de PDM en valeur, selon Ospharm) et les références environnement (6,3 % de PDM en valeur) sont, avant tout, regardés comme des compléments de gammes, majoritairement achetés par les voyageurs ou utilisés en cas de forte infestation. Pour offrir une réponse complète, nombre d’acteurs proposent leur propre palette de solutions. Avec ses trois produits à la perméthrine (sprays de 100 ml et 200 ml, solution pour trempage), Insect Ecran revendique une place de choix sur le segment des répulsifs vêtements (65 % de PDM, en valeur, source fabricant). Signalons le lancement en 2017, par Cinq sur Cinq, d’un aérosol tissus multidirectionnel, pour traiter les surfaces importantes (tentes, rideaux, moustiquaires). De son côté, la marque Puressentiel livre, au mois de mars, son spray répulsif Vêtements & Tissus à base de Citriodiol. « Sans conservateur, sans paraben, sans parfum de synthèse et non photo-toxique, il ne contient aucun actif neurotoxique », précise Manon Fragny. Pour traiter l’environnement, nombre d’accessoires sont disponibles dont les moustiquaires et les diffuseurs électriques (+ 26,6 % des ventes en CAM à fin octobre 2017, selon Ospharm). Sur ce segment, Cinq sur Cinq, qui inclut deux diffuseurs (l’un électrique, l’autre à piles et nomade), réalise 80 % de PDM en valeur (source fabricant). Quant aux références apaisantes (12,2 % de PDM valeur, selon Ospharm), pas toujours strictement réservées aux piqûres assénées par les moustiques, elles tirent leur épingle du jeu (+ 2,4 % des ventes en CAM à fin octobre 2017) et multiplient les présentations. En 2017, Insect Ecran a lancé un gel après-piqûres et Puressentiel une crème multi-apaisante adulte en renfort de son roller apaisant. Une déclinaison pour les bébés, dès six mois, sans huiles essentielles pour une parfaite tolérance, sera disponible en mars 2018. Quant à Cinq sur Cinq, la marque a sorti des patchs adhésifs (pour les enfants) ainsi qu’un gel crépitant à effet froid apaisant. Ajoutons la mise sur le marché en mars, du roll-on apaisant Moustifluid (Gifrer) et d’une pommade apaisante Moustikologne (Marque verte). Apaisyl aprèspiqûres roll-on (Merck Médication Familiale), à l’effet glaçon, se démarque sur ce segment, à l’instar de la version BabyApaisyl. Tous les voyants sont au vert sur le marché des antimoustiques, dont l’offre considérable ne cesse de s’étoffer. Reste à convaincre les consommateurs à acheter des produits qu’ils n’ont pas toujours le réflexe de se procurer…
3,3 MILLIONS D’UNITÉS VENDUES
ÉVOLUTION en volume
– 20,6 % Telle est la forte chute des ventes en volume enregistrée en pharmacie sur les produits antimoustiques.
Source IMS/Iqvia en CAM à fin novembre 2017.
28,9 MILLIONS D’EUROS DE CHIFFRE D’AFFAIRES
ÉVOLUTION en valeur
20,7 % Telle est la baisse des ventes en valeur enregistrée en pharmacie sur les produits antimoustiques.
Source IMS/Iqvia en CAM à fin novembre 2017.
LE NATUREL REVIENT AU GALOP !
Le segment est porté par les marques faisant de la naturalité leur argument phare (Puressentiel, Pranarôm, etc) et actuellement rejoint par les acteurs OTC du marché (Cinq sur Cinq et Insect Ecran).
LES RÉPULSIFS VÊTEMENTS JOUENT LA COMPLÉMENTARITÉ. Parmi les nouveautés de ce segment, l’aérosol tissus multidirectionnel de Cinq sur Cinq, pour traiter les surfaces importantes (tentes, rideaux, moustiquaires).
La TENDANCE
Si les répulsifs, et a fortiori les produits estampillés « familles », ont vocation à s’adresser à un public élargi (en moyenne, à partir de 24 mois), les bébés étaient, jusqu’à récemment, peu pris en charge par les acteurs. Une offre longtemps résiduelle assurant au Lait à l’Icaridine (25 %) de Moustidose, applicable dès 6 mois, précurseur sur ce segment et meilleure vente de la marque, une place pérenne. Un segment peau de chagrin que les acteurs ont décidé d’investir. En 2017, Puressentiel a lancé un spray répulsif bébé anti-pique, utilisable dès 6 mois à base de Citriodiol. Quant à la marque Insect Ecran, elle a enrichi son offre d’un répulsif Enfant (dès 6 mois), sans alcool, sans conservateur et sans parfum, formulée à base d’IR3535 (10 %), ainsi que d’une moustiquaire longue durée, au format rectangulaire, adaptée aux lits bébés.
CHIFFRES CLÉS EN PARTENARIAT AVEC OSPHARM* ET IMS
Top 5*des marques
1 Insect Ecran PDM 25,5 %
2 Cinq sur Cinq PDM 24,2 %
3 Para’kito PDM 8,9 %
4 Puressentiel PDM 8,5 %
5 Apaisyl PDM 8,2 %
33,5 % C’EST LE POURCENTAGE DES VENTES DE PRODUITS NATURELS SUR LE MARCHÉ DES ANTIMOUSTIQUES EN OFFICINE, EN CUMUL ANNUEL À FIN OCTOBRE 2017. Source Ospharm
RÉPARTITION DES VENTES du marché des antimoustiques en officine, par typologie de patients. En valeur, en cumul annuel mobile à fin octobre 2017. Source Ospharm.
*Ospharm Datastat comprend un panel de 5 500 pharmacies. Ospharm traite et restitue l’ensemble des flux de ventes de ses adhérents en temps réel.
* Le Top 5 des marques est calculé par Ospharm, en cumul annuel mobile à fin octobre 2017. PDM : parts de marché en valeur des cinq premières marques vendues à l’officine sur le marché des antimoustiques.
DEUX EN UN. Cinq sur Cinq a sorti, entre autres, un lait antimoustique après-soleil 2 en 1, à l’huile d’Eucalyptus citriodora, en 2017.
LES BRACELETS, À LA MODE. Pourtant déconseillés par le Haut conseil en santé publique, les bracelets séduisent enfants et adultes. Les nouveaux entrants sur le segment (arko Essentiel, Moustidose) en profitent.
Grande distributionLa GMS touchée par l’effet météo
Si l’offre des antimoustiques en Gms est moins étoffée qu’en pharmacie, elle se répand à la fois dans les rayons parapharmacie et insecticide.
La météo défavorable à la propagation des moustiques en 2017 n’a pas épargné le secteur de la GMs, en baisse de – 13,6 % en valeur, selon Iri. Nous voici face à un petit marché (10,5 millions d’euros pour 1,7 million d’unités écoulées) englobant produits préventifs (6,2 millions d’euros) et curatifs (4,2 millions d’euros) qui reste dans l’ombre du circuit officinal. Une sphère de produits fortement soumise aux us et coutumes des grandes surfaces : « Ce qui fait la force de ce marché, c’est la capacité des acteurs à mettre en avant leurs références via des displays et des promotions », indique Hélène Martinon, directrice marketing de Juva santé. À cela s’ajoute une double implantation qui permet de toucher « différentes typologies d’acheteurs », reprend notre interlocutrice. Les antimoustiques se répartissent entre les rayons « parapharmacie » et « insecticides » telle la marque Marie-rose (Juva santé), leader du marché (44,1 % de PDM en valeur, 2017, source fabricant) qui propose dans chacun de ces linéaires des produits ad hoc. Acteur historique de la GMs, la marque familiale Marie-rose, experte des antiparasitaires, « bénéficie d’une image de qualité et d’efficacité », argue Hélène Martinon. En 2018, Juva santé lance ses patchs apaisants pour les enfants à l’huile de pépin de raisin, à l’huile de soja et au menthol, et son soin sOs apaisant, un filmogène qui s’applique à l’aide d’une spatule. Ses best of : le spray répulsif, à base d’IR3535, la Crème apaisante et l’Aérosol anti-volants aux huiles essentielles. Car le naturel a également sa place sur ce circuit, une tendance qui se renforce depuis deux ans. L’autre acteur phare du circuit, la société SC Johnson, propriétaire des marques Autan et raid, qui propose également des solutions sans insecticide sous la marque Pyrel.
Source : IRI, CAM décembre 2017.
LES APAISANTS PLAISENT. En multipliant les déclinaisons (rollon, patch, pommade), ils sont devenus descompléments de gamme incontournable. Moustifluid et Moustikologne viennent cette année s’ajouter à l’offre.
PARA’KITO SE MET AU SPRAY. La marque étoffe sa gamme de sprays d’une version tropique formulé au Citrepel (30 %) et parfumé aux huiles essentielles (dès 3 ans).
CommunicationDes médias au… comptoir
Parce qu’il est encore question d’éduquer les patients sur la nécessité de se protéger et qu’il s’agit de les orienter dans le choix du produit à utiliser, nombre d’acteurs augmentent leur présence à l’officine avec des outils de PLV. Une stratégie adoptée, par exemple, par Insect ecran, pour qui l’utilisation d’un antimoustique est, dans les zones à risque de transmission de maladies, « un achat très impliquant qui s’appuie sur le conseil expert du pharmacien et sur une forte visibilité sur le point de vente », remarque Marie-emmanuelle d’Hautefort. De son côté, Cinq sur Cinq choisit le publi-rédactionnel pour mener à bien cette mission d’éducation du grand public. Plus largement, les médias font connaître les produits et entretiennent la notoriété des marques. Quand la marque Apaisyl communique, en presse, sur son Lait Haute protection “Les moustiques détestent, la peau adore”, Puressentiel met en avant ses sprays adultes et bébés « L’efficacité à l’état pur ». De son côté, Para’Kito peaufine ses partenariats (à la fois fournisseur et sponsor de « Koh Lanta » et visible dans le magazine Passion rando de la Fédération française de randonnée) en s’adressant aux voyageurs. Idem pour Manouka, référencée sur le site vigilance moustiques. Une manière de toucher directement les utilisateurs.
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