Covid-19 : préparer des piluliers et approvisionner les EHPAD

Les résidents des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) sont particulièrement menacés par l’épidémie de Covid-19. Les pharmacies qui les approvisionnent en médicaments doivent s’adapter aux risques encourus par des personnes souvent très âgées. Tout d’abord au niveau de l’organisation de la production. « Il faut revoir toutes les étapes de la préparation et des contrôles sous l’angle de la sécurité anti-contamination », indique Martine Costedoat, pharmacienne et directrice générale de Pharma Système Qualité (PHSQ). Lorsque la préparation des doses à administrer (PDA) est automatisée, des procédures de fabrication sont déjà appliquées, rappelle Anaïs Le Fur, responsable du groupement PDA Pharma. Matériel, machines et local de préparation sont régulièrement nettoyés et désinfectés. « Le port de masques pour la préparation et de gants pour le déconditionnement est obligatoire », rapporte Marie Leterme, dont l’officine de Conflans-Saint-Honorine, dans les Yvelines, fournit plusieurs EHPAD.

Concernant l’équipe, il est recommandé de prévoir la fatigue et le stress, voire l’absence d’un collaborateur. « S’il n’y a qu’un seul préparateur de piluliers, il est utile de mettre en place des doublons », préconise la responsable de PHSQ. Les périodes de préparation sont adaptées aux nouvelles heures d’affluence de l’officine. « Pour tenir le rythme, il peut être préférable de produire pour deux semaines au lieu d’une et de le formaliser par écrit. La fréquence de dépannage reste inchangée », indique Anaïs Le Fur.

Avant la livraison à l’EHPAD, une mise en quarantaine de une à deux jours est envisagée. « De fait, c’est le cas si la préparation est réalisée la veille ou l’avant-veille et la livraison  effectuée dans l’après-midi », explique la responsable de PDA Pharma.

La livraison elle-même constitue un important point de vigilance. Les livreurs portent des masques et des gants. Ils évitent tout contact humain. Dans l’établissement, un sas permet de déposer les caisses de piluliers sans en franchir le seuil.

De retour de l’établissement, les caisses vides sont nettoyées et désinfectées. « Proposez à l’EHPAD  les consignes de sécurisation qui s’imposent à  votre officine. La contamination se fait dans les deux sens ! », pointe Martine Costedoat.

Pour maintenir la communication avec l’équipe soignante de l’EHPAD, des échanges sont possibles par messagerie sécurisée ou si besoin par le biais d’une visioconférence. Par le flux informatique entre officines et établissements, les pharmaciens sont informés du transfert de résidents vers un hôpital, d’un retour au domicile ou d’un décès. En contact avec l’établissement, l’officine peut être un lien avec les proches du résident, qui ne peuvent plus se rendre sur place. « Vous pouvez imaginer une feuille de transfert d’informations sur l’état de santé du résident », propose la responsable de PHSQ.

L’implication des officinaux auprès des EHPAD va au-delà de la fourniture de médicaments. Le groupement PDA Pharma a permis à ses pharmaciens adhérents de donner aux établissements 25 litres de liquide hydroalcoolique. « Médecins et infirmiers coordonnateurs se sont tournés vers moi dès le début pour obtenir des masques. J’ai fait en sorte de leur trouver des solutions. Et il y a aussi aujourd’hui une demande importante en médicaments de soins palliatifs », indique la titulaire de Conflans-Sainte-Honorine.