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© covid-19, gestion de crise, crise sanitaire, ARS - Pixabay
Covid-19 : les failles de la gestion de la crise par l’Etat
Comment l’Etat a-t-il géré la crise sanitaire ? Quelles leçons en termes d’action publique en tirer ? L’Institut Montaigne a souhaité livré une première analyse après ces quatre premiers mois de crise. Nicolas Bauquet, historien et directeur des études de l’Institut, s’est appuyé notamment sur des entretiens avec une cinquantaine d’acteurs du monde de l’entreprise, des collectivités locales, de la médecine, ou de l’administration.
Lourdeurs administratives
L’analyse et les constats de l’Institut Montaigne sont critiques. La note met ainsi en avant plusieurs failles révélées par la crise. Au plus haut niveau de l’Etat, il s’agit notamment d’une « absence de lieu clair et transparent de prise de la décision publique, une gestion de crise marquée par un très haut degré de centralisation, une faible place laissée aux initiatives locales, et donc des difficultés à faire remonter rapidement les informations pertinentes, et à adapter les dispositifs selon une logique de retour d’expérience ».
La réponse à la crise dans les territoires « a été caractérisée par le paradoxe saisissant d’une extrême centralisation, notamment dans les modalités du confinement, et d’une absence de l’État face aux défis les plus pressants, comme l’approvisionnement en masques ou l’organisation de tests massifs ». Les Agences régionales de santé (ARS) ont ainsi concentré beaucoup des critiques faites à l’État. Selon la note, cette difficulté à faire face à la situation tient principalement au décalage entre la vocation première de ces agences et le rôle qui leur a été dévolu dans l’urgence : la gestion d’une crise sanitaire de grande ampleur, la mise en place de circuits logistiques complexes, la coordination d’un grand nombre d’acteurs obéissant à des logiques différentes. Il ressort des témoignages recueillis qu’il y a eu un « décalage entre l’urgence sur le terrain et les modes d’action de l’ARS, marqués par la lourdeur bureaucratique et la volonté de contrôle de l’information ». La conclusion de la note est cinglante : « L’impuissance de l’État sur le plan territorial est donc la traduction concrète, et parfois dramatique, de la multiplication des agences indépendantes ou autonomes censées organiser une gouvernance, mais rendant surtout impossible une réponse rapide, unifiée et efficace des services de l’État ».
Déresponsabilisation
Au sujet des masques, l’Institut Montaigne critique le fait que « l’État a choisi de gérer seul la question des approvisionnements, sans exploiter toute l’expertise qu’auraient pu apporter certains groupes de distribution ou de logistique ». Il dénonce également le fait que le déconfinement rime avec déresponsabilisation, l’Etat évitant toute implication des entreprises pour la reprise de l’activité. Ainsi, c’est l’Etat sans concertation qui définit les protocoles sanitaires que les entreprises doivent appliquer. Autre exemple : l’Etat refuse finalement que les entreprises puissent tester leurs salariés au détriment d’une stratégie nationale de dépistage. D’ailleurs, pour l’Institut Montaigne, la dimension de santé publique est singulièrement absente de la gestion de la crise sanitaire : « Il en résulte à la fois un manque de stratégie scientifique pour construire un appareil de connaissance efficace du suivi de l’épidémie, et une incertitude de l’opinion sur la source et l’autorité de la parole scientifique ».
Quatre leçons
L’Institut Montaigne, qui pointe « la verticalité » de la gestion de cette crise, tire quatre leçons de cette première analyse. Il s’agit de :
– restaurer les lignes hiérarchiques claires au sein de l’État, au niveau central comme au niveau déconcentré, en revenant sur la multiplication des agences ;
– s’appuyer sur les réseaux qui ont émergé pendant la crise, notamment les associations d’élus ;
– s’appuyer sur les structures et les personnalités qui ont fait la preuve, pendant la crise, d’un engagement et d’une lucidité particulières ;
– faire du numérique le levier décisif pour casser les verticalités administratives, développer une culture de la donnée partagée, partir des fins et non des moyens, privilégier l’engagement et l’efficacité par rapport aux normes administratives et aux codes sociaux.
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