“Un sacrifice personnel, mais un mal nécessaire”

Présidente de la société Prepa’Forma, Christel Leclercq est, depuis six ans, formatrice et vient en aide aux pharmacies qui souhaitent installer ou développer leur préparatoire. Pour autant, il n’est pas question pour elle « d’être déconnectée de la vraie vie », c’est pourquoi elle retrouve sa place sous la hotte du préparatoire de la pharmacie Delpech, à Paris dans le 6^e arrondissement, pendant les vacances scolaires.

Dès le 17 mars, premier jour du confinement, elle a mis son activité entre parenthèse « chômage partiel, on peut même dire total », mais elle ne souhaitait pas rester spectatrice de la situation. Elle a donc quitté son domicile lillois et s’est installée à Paris, pour rejoindre le préparatoire de Fabien Bruno, titulaire de la pharmacie Delpech. Car, dès que la formule des solutions hydroalcooliques (SHA) a été donnée et que les autorisations ont été publiées, la pharmacie a eu besoin de renfort pour faire face aux demandes de préparations. « Nous avons constitué deux équipes, une dédiée à la préparation des SHA, l’autre pour continuer le travail de fond et maintenir ainsi l’activité habituelle de sous-traitance ».

Du dévouement et de l’engagement

Au fur et à mesure que les demandes de production affluaient, l’équipe s’est sentie à l’étroit dans le préparatoire de la rue Danton. Christel Leclercq s’est alors retrouvée “à la rue”. « Un arrêté préfectoral nous a permis de bloquer la rue, pour y installer nos énormes cuves ». Présence policière régulière, vigiles et maîtres-chiens ont permis de sécuriser le dispositif mis en place à ciel ouvert. Mesures hors normes pour un exercice hors du commun ! Même l’équipement individuel a pris des proportions exceptionnelles : visière ou lunettes de protection, masque, gants et surgants, blouson aux bandes réfléchissantes ont remplacé la blouse officinale… « Beaucoup de contraintes qui restent des détails en période de crise sanitaire ». Christel Leclercq s’est investie pleinement dans cette nouvelle mission : « Je ne suis pas rentrée chez moi pendant plusieurs semaines. Un sacrifice personnel, mais un mal nécessaire. Et toute la famille m’a soutenue ». Sept jours sur sept, douze heures par jour, l’équipe SHA s’est relayée au mélange des matières premières. Les bidons de 25 litres vidés dans les cuves ont fait place aux fûts levés par des transpalettes, avant la mise en place d’un système de pompes pour remplir les cuves : « Le mélange en lui-même est très simple, la complexité vient des volumes. De semaine en semaine, le process a évolué pour que, physiquement, on puisse tenir la cadence ». Pour éviter une lassitude légitime, l’équipe a tourné sur les postes de conditionnement de la production et de la vente au chaland. « Un espace distinct de la pharmacie est dédié à la vente directe aux pharmaciens. Et vu les volumes, les expéditions, comme pour les autres préparations, sont impossibles ». Aujourd’hui, le site de production a déménagé dans un site classé Seveso et la rue a été « rendue à la ville ». Christel Leclercq, qui n’a pas compté ses heures, ne fait que peu de cas de la fatigue accumulée, « je reste aussi longtemps qu’on aura besoin de moi. C’est un beau travail d’équipe ».

BIO EXPRESS

1995

BP de préparatrice en pharmacie à Villeneuve d’Ascq (Nord)

2002

Formatrice à temps plein au CFA de Douai (Nord)

2013

Présidente de Prepa’Forma et formatrice