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- Covid-19 : 3 questions à Alice Desbiolles
© Alice Desbiolles
Covid-19 : 3 questions à Alice Desbiolles
Alice Desbiolles est médecin de santé publique et épidémiologiste.
Santé publique France alerte sur une augmentation des cas de Covid-19 depuis fin juin. Ne risque-t-on pas de centrer de nouveau, comme pendant le confinement, la politique de santé publique uniquement sur l’épidémie ?
La lutte contre le coronavirus doit bien sûr être une priorité, mais pas forcément une priorité exclusive. En effet, la santé publique ne se limite pas à une seule maladie. Il me semble délicat de se focaliser sur une seule pathologie dont le taux de létalité est, pour rappel, de 0,2 à 0,3 %. L’Unicef a d’ailleurs alerté sur le risque de reprise de la rougeole ou de la poliomyélite dans le monde suite à la baisse de la vaccination liée au confinement. Il convient donc de s’interroger sur les conséquences sanitaires, économiques et sociales de la priorisation de la Covid-19 par rapport aux autres maladies et autres composantes de notre société, comme l’éducation, le travail ou la mobilité. L’enjeu est désormais de communiquer de façon raisonnée et raisonnable afin que les patients ne soient pas effrayés et continuent de se faire soigner pour d’autres pathologies.Il faut trouver un juste équilibre dans les mesures mises en place et appliquer le principe d’universalisme proportionné. Concrètement, il s’agit d’adapter la prévention aux différents publics selon leurs besoins, leurs comorbidités et leurs ressources aussi bien intellectuelles que sanitaires et économiques.
Justement, ne doit-on pas mettre en œuvre une prévention ciblée sur les personnes les plus à risques face au Covid-19 ?
Des réflexions doivent s’inscrire dans le cadre de cet « universalisme proportionné ». Elles devraient permettre de protéger les plus fragiles avec des mesures adaptées et spécifiques, qui ne seront pas nécessairement les mêmes que pour des publics moins vulnérables à la Covid-19. Par exemple, les employeurs pourraient réfléchir à des mesures de précaution afin de mieux protéger leurs salariés atteints de maladies chroniques en leur proposant le télétravail ou le chômage partiel, et permettre ainsi aux plus jeunes et aux personnes sans comorbidités de travailler, puisqu’elles sont moins à risque de développer une forme grave de la Covid-19. Autre exemple : ne vaut-il pas mieux mettre plus de moyens pour limiter la transmission du virus dans les EHPAD sans que cela soit au détriment des soins, plutôt que de fermer les écoles ? J’ai l’impression qu’actuellement le gouvernement a une gestion raisonnable de l’épidémie avec les mesures prises – gestes barrières, télétravail, chômage partiel -.
En termes de prévention, quel rôle peuvent avoir les professionnels de santé en ville dont les pharmaciens ?
Ils peuvent informer et rassurer les patients. La Covid-19 est une maladie infectieuse dont le taux de létalité est, rappelons-le, faible. Nous avons déjà connu des épidémies et nous en connaitrons très certainement d’autres. Il est donc important que les patients consultent leur médecin s’ils ont des symptômes d’autres maladies sans attendre que leur état s’aggrave. Les pharmaciens qui connaissent leurs patients atteints de pathologies chroniques, ont ainsi un vrai rôle de prévention et d’informations à jouer auprès de ces personnes.
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