La mélatonine

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Publié le 3 octobre 2020
Par Nathalie Belin
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Avec une synthèse influencée par la lumière, la mélatonine constitue le premier synchroniseur endogène de nos horloges biologiques. Elle peut être utile dans certains troubles du sommeil.

D’où vient-elle ?

• La mélatonine est une hormone sécrétée principalement par l’épiphyse. Sa transformation métabolique passe par la sérotonine, elle-même synthétisée à partir du L-tryptophane. Sa libération débute le soir lorsque la lumière baisse, s’étale sur environ 10 heures avec une concentration maximale entre 3 et 4 heures du matin.

• Sa sécrétion est influencée par la longueur du jour (elle est plus importante en hiver), la lumière artificielle comme celle des écrans (qui diminuent sa sécrétion) ou encore l’activité physique journalière (qui augmente les taux nocturnes de mélatonine). Elle peut diminuer avec l’âge.

• Le taux de mélatonine sécrété par chaque individu lui est propre, avec de grandes variations interindividuelles : les dosages biologiques ont donc peu d’intérêt.

Quels sont ses effets ?

• La mélatonine informe l’organisme de l’alternance jour-nuit, le prépare et maintient l’endormissement : on parle d’effet chronobiotique qui peut se manifester à de très faibles doses (dès 0,5 mg). A des doses plus fortes (généralement au-delà de 5 mg), elle a un effet hypnotique modéré.

• Elle intervient par ailleurs sur de nombreuses autres fonctions de l’organisme : modulation de l’humeur, du comportement sexuel, du système immunitaire, de la pression artérielle et de la température corporelle, action vasorégulatrice et pro-inflammatoire…

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Quelles allégations ?

• La mélatonine est autorisée dans les compléments alimentaires à une dose inférieure à 2 mg par prise. Elle dispose dans ce cadre de 2 allégations :

– limiter les effets du décalage horaire à partir de 0,5 mg, dose prise juste avant le coucher le premier jour du voyage et les quelques jours suivant l’arrivée ; cet effet est surtout bien documenté pour les voyages d’ouest vers l’est ;

– réduire le temps d’endormissement à une dose d’au moins 1 mg par prise consommée avant le coucher.

• Dans le cadre de la prise en charge de l’insomnie, les effets les mieux documentés de la mélatonine sont le syndrome de retard de phase (se traduisant par un endormissement tardif et un réveil tardif) et le jetlag pour lesquels une forme à libération immédiate de mélatonine est utilisée. Une forme à libération prolongée semble plus appropriée dans le cadre de troubles du sommeil en rapport avec une diminution de sa sécrétion.

Quelles sont les précautions ?

– Les effets indésirables recensés (90 déclarations entre 2009 et 2017 via le dispositif nutrivigilance) sont principalement des céphalées, vertiges, tremblements, troubles psychiques et digestifs. Sa toxicité à long terme n’étant pas connue et du fait de ses nombreuses implications physiologiques, son utilisation est déconseillée aux personnes souffrant de maladies inflammatoires ou auto-immunes, aux femmes enceintes et allaitantes, aux enfants et adolescents. Les personnes asthmatiques, épileptiques ou soufrant de troubles de l’humeur ne devraient y recourir que sur avis médical.

– La mélatonine est susceptible d’interagir avec de nombreux traitements : antiagrégants plaquettaires, anticoagulants, anti-inflammatoires, substances agissant sur le système nerveux central (antiépileptiques, hypnotiques, certains antidépresseurs…).

Sources : Avis de l’Anses-Saisine n° 2016-SA-0209, rapport de février 2018 ; « Mélatonine : bilan des notifications d’effets indésirables en France », Prescrire, novembre 2018 ; « Prescrire de la mélatonine : un premier consensus d’expert », egora.fr le 7/12/2017 ; « Prise en charge de l’insomnie », Sylvie Royant-Parola, éditions Elsevier Masson, septembre 2017.

EN PRATIQUE

– La mélatonine est présentée sous des formes à libération immédiate (incluant des formes sublinguales) ou prolongée, seule ou en association à des minéraux (dont le magnésium), du tryptophane (pouvant induire un syndrome sérotoninergique en cas d’association à des médicaments à effet sérotoninergique) et/ou des plantes aux propriétés sédatives ou anxiolytiques (ce qui peut favoriser le risque de somnolence). – Privilégier les formes à libération immédiate dans le jetlag et les difficultés d’endormissement lié à un retard de phase.

– Son maniement est délicat : pour de nombreux spécialistes, prise à une heure inadéquate, elle est susceptible de perturber les rythmes biologiques, voire d’aggraver les difficultés d’endormissement. Proposer d’arrêter les prises si aucune amélioration n’est constatée après quelques jours d’administration, et de ne pas augmenter les doses.

– Limiter son usage à quelques semaines.