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Publié le 7 novembre 2020
Par Anne-Hélène Collin
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Dans son allocution aux Français du 28 octobre, Emmanuel Macron annonçait, grave : « Nous avons tous été surpris par l’accélération soudaine de l’épidémie. Tous. » Vraiment ? Le chef de l’Etat n’a peut-être pas entendu les alertes de deuxième vague de Covid-19 que des médecins et scientifiques – qualifiés alors « d’alarmistes » – répétaient depuis septembre. A-t-il simplement lu l’avis du 27 juillet de son Conseil scientifique qui augurait déjà : « Il est hautement probable qu’une seconde vague épidémique soit observée à l’automne ou hiver prochain » et qui incitait « fortement les autorités à préparer, à anticiper tous les scénarios possibles quelles que soient leurs difficultés » ? En regard de l’épidémie, les autorités se félicitent en tout cas de réaliser 1,9 million de tests de dépistage du Sars-CoV-2 par semaine, même si, derrière, le dispositif de tracing est débordé et les indicateurs de suivi de l’épidémie « sous-estimés » faute de résultats communiqués à temps. L’arrivée des tests antigéniques rapides, en officine notamment, pourrait changer la donne. A condition que les pharmaciens puissent intégrer la plateforme SI-DEP pour renseigner les résultats. Eux qui, dans cette attente, n’ont pour seuls moyens de transmission qu’une messagerie sécurisée de santé ou un numéro de téléphone. Celui que l’Assurance maladie a donné aux quelque 300 000 patients zéro dépistés la semaine dernière et aux 600 000 cas contacts pour répondre à leurs questions. Forcément saturé. A condition aussi d’adopter une stratégie de test claire et organisée. Sans elle, on avance à l’aveugle, pas forcément dans le bon sens. Et on ne voit rien venir.

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