Pénuries d’été : un problème toujours aussi brûlant

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Pénuries d’été : un problème toujours aussi brûlant

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Publié le 7 août 2025 | modifié le 13 août 2025
Par Hakim Saleck
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Comme chaque été, les officines font face à des pénuries de médicaments persistantes. Si l’ANSM parle de « tensions », les syndicats de pharmaciens alertent sur une réalité bien plus brutale pour les patients et les professionnels.

Si certaines molécules sont officiellement classées « en tension » par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), les pharmaciens d’officine évoquent, eux, une réalité bien plus dure sur le terrain. Les difficultés d’approvisionnement se poursuivent avec leur lot de prescriptions impossibles à honorer et de patients contraints de faire le tour des officines.

« Ce qu’on appelle une tension pour l’ANSM, c’est souvent une vraie rupture pour les officinaux », résume Nathalie Arnoux, présidente de la Fédération des syndicats pharamaceutiques de France (FSPF) du Val-d’Oise. Lorsqu’un médicament est livré sous quota ou distribué de façon hétérogène selon les régions, les pharmacies peuvent se retrouver dans l’impossibilité de répondre à la demande au moment voulu. Ce qui oblige certains patients à chercher leur traitement ailleurs, parfois dans un autre département. 

« On se coltine ces pénuries depuis plusieurs années », constate Yorick Berger, porte-parole de la FSPF. Certaines classes thérapeutiques sont particulièrement touchées cet été, notamment en psychiatrie, les collyres, ou encore les laxatifs. Il s’agit souvent de spécialités anciennes et peu chères, jugées moins prioritaires par les industriels.

La quétiapine, antipsychotique largement prescrit, fait également l’objet de tensions persistantes, avec un retour à la normale annoncé seulement pour la fin de l’année.  

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Les raisons des pénuries restent structurelles. Depuis la crise sanitaire, la demande mondiale a fortement augmenté, et il suffit d’un accroc dans la chaîne de production – retard de fabrication, problème de matière première ou défaut de contrôle qualité –  pour que l’approvisionnement soit fragilisé. Les pharmaciens estiment que les autorités peinent à réagir efficacement. « On ne compte plus sur l’ANSM », déplore Yorick Berger « La seule chose qu’elle fait, c’est retirer des médicaments. ».

Autre facteur d’inquiétude, et non des moindres : la récente baisse des remises sur les génériques. Pour les officinaux, cette réforme pourrait aggraver la situation. « Cela ne va pas faciliter l’accès aux traitements », anticipe le porte-parole de la FSPF.  

Face à cette situation, les professionnels de terrain se disent désabusés. Alors que les autorités poursuivent la structuration de la nouvelle base de données sur les pénuries et que des mécanismes d’alerte se mettent lentement en place, la confiance, elle, reste largement à reconstruire.