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L’affaire du labo clandestin conforte la raison d’être des officines
Mardi 3 juin, la gendarmerie a interpellé neuf personnes, dont trois pharmaciens, à Messimy près de Lyon. Elles sont soupçonnées d’avoir fabriqué et vendu par correspondance des produits non autorisés. La DGS en profite pour rappeler l’importance du circuit officinal.
Cerner la nature des produits, déterminer l’ampleur du trafic, recenser les acheteurs et surtout comprendre les motivations de ceux à l’origine de ce laboratoire clandestin sont les objectifs d’une enquête qui ne fait que démarrer. En attendant, les personnes soupçonnées – dont des pharmaciens (voir encadré) – ont été déférées au parquet de Marseille.
La DGS a tenu, dès le lundi 9 juin, à rappeler que « tout autre circuit d’achat que la pharmacie d’officine ou hospitalière n’offre aucune garantie sérieuse sur l’origine réelle du médicament, sur son efficacité […], sur ses conditions de conservation […], sur la sécurité du produit, sur la qualité des matières premières utilisées, sur la présence et les quantités de substance active, ou encore sur l’absence de substances toxiques ». Quant aux sites de vente en ligne, pourquoi pas, mais à la condition qu’ils soient gérés par « des pharmacies légalement autorisées ayant un point de vente physique et offrant toutes les garanties de qualité et de sécurité ».
Une centaine de malades concernés
L’Afssaps, elle, salue le confrère qui, en 2006, lui a signalé l’existence des produits incriminés suite à la demande d’un de ses clients. Marc Stoltz, directeur de l’inspection à l’Afssaps, raconte : « Ce pharmacien a parfaitement joué son rôle. Son action nous a permis de saisir le pôle santé du tribunal de grande instance de Marseille qui a mis à profit les deux années suivantes pour remonter l’ensemble de la filière. » Laquelle mène notamment à Choisis la vie, une association chrétienne ayant pignon sur rue. Les premiers résultats indiquent que le laboratoire, parfaitement équipé, produisait sous les marques Vita, Vitoral et Sovita des pommades, des suppositoires, des comprimés, des sirops ou des ampoules injectables. Ils étaient envoyés par la poste à des malades, pour l’instant évalués à une centaine, dans toute la France. Les analyses devront déterminer si ces produits – notamment prescrits par des médecins en exercice – ne sont que des placebos ou des produits actifs ne bénéficiant pas d’AMM.
L’association Choisis la vie aurait réalisé en 2007 un chiffre d’affaires de plusieurs centaines de milliers d’euros. Elle fait elle aussi l’objet d’une mise en examen pour « exercice illégal de la pharmacie par personne morale ».
Les pharmaciens remparts vigilants
Plusieurs pharmaciens se souviennent avoir été interrogés par des patients détenant ces produits douteux. Dont Didier Vieilly, à Vénissieux, à qui une dame lui a demandé un jour si elle pouvait poursuivre la prise d’un médicament périmé qui lui avait coûté 1 000 euros les 5 boîtes. Or il était vendu 10 euros en pharmacie ! « Des réseaux existent, affirme Didier Vieilly, on finit par le savoir car les gens posent des questions. Seul le réseau officinal peut apporter une garantie », poursuit Didier Vieilly. Ce que confirme Bernard Minne, président régional de l’Ordre : « Cette affaire montre à la fois que le circuit pharmaceutique fonctionne bien et que la vente par d’autres canaux peut poser problème. »
D’ailleurs la DGS finalise actuellement les travaux engagés avec l’Afssaps et l’Odre pour définir le cadre juridique sécurisant la vente de médicaments sur Internet. Cela devient urgent !
Trois moutons noirs
Quatre personnes ont été mises en examen dont deux dirigeants de l’association : un pharmacien de 70 ans et son épouse, médecin. Ils sont poursuivis respectivement pour exercice illégal de la pharmacie et de la médecine. Le juge a également retenu contre eux : « tromperie sur une marchandise entraînant un danger pour la santé de l’homme, blessures involontaires et mise en danger de la vie d’autrui ». Ils encourent des peines de quatre ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Par ailleurs, deux pharmaciens de 51 et 55 ans, qui fabriquaient clandestinement les produits, ont également été mis en examen pour « exercice illégal de la pharmacie, tromperie, mise en danger d’autrui et préparation de médicaments sans respect des bonnes pratiques ». Tous sont restés en liberté sous contrôle judiciaire, en versant des cautions de 35 000 à 50 000 euros.
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