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Vétémacien ou pharmarinaire ?
Pour Guy Barral, qui a développé un rayon vétérinaire depuis son installation, le médicament, qu’il soit à usage humain ou vétérinaire, ne fait qu’un. Une conviction saluée par le prix Initiatives Pharmacie 2010 « spécialisation de l’officine ».
L’engouement de Guy Barral pour le médicament vétérinaire a commencé sur un hasard. « En 1983, j’ai souhaité soutenir ma thèse sur l’aromathérapie humaine, mais le sujet était déjà traité. Je l’ai donc appliquée aux animaux… », explique le titulaire de Brignais dans le Rhône. Son travail l’a alors conduit à collaborer étroitement avec les enseignants de l’Ecole vétérinaire de Lyon, mais aussi avec un titulaire de Jassans-Riottier (Ain), spécialiste des médicaments vétérinaires. Par la suite, ce dernier lui a offert son premier contrat de travail. En marge de ses recherches, Guy Barral a aussi épluché les textes de loi relatifs à la vente des médicaments vétérinaires.
« Je me suis installé en 1990 et, dès le départ, j’ai vendu des médicaments vétérinaires. Mon objectif était tout simplement de répondre à la demande car il y avait de nombreux éleveurs et agriculteurs aux alentours. Aujourd’hui, l’urbanisation a gagné du terrain, mais la demande reste forte pour ces produits », indique le titulaire. D’autant que la Pharmacie Barral a désormais acquis une solide réputation en matière de produits vétérinaires. Si bien qu’éleveurs, agriculteurs mais aussi chasseurs et propriétaires d’animaux de compagnie n’hésitent pas à parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour se fournir en médicaments. La pharmacie expédie même certaines spécialités à un parc zoologique situé hors du département. « Les médicaments sont vendus moins chers en pharmacie que chez les vétérinaires », tient à rappeler Guy Barral, qui constate également que la marge des produits vétérinaires a tendance à rester stable là où celle des médicaments humains diminue.
10 à 15 % du stock est composé de médicaments vétérinaires
Aujourd’hui, le titulaire estime que 10 à 15 % de son stock est composé de médicaments vétérinaires. Dans son officine, à la vue du public, trois colonnes sont entièrement consacrées aux produits pour animaux. Une pour les petits animaux de compagnie, une autre pour les chevaux et une dernière pour la diététique équine. « L’activité est saisonnière, notamment pour les antiparasitaires qui représentent le gros de nos ventes, surtout au printemps et à la fin de l’automne », rapporte le titulaire. La Pharmacie de Guy Barral réalise également des préparations magistrales pour les animaux. « Ce sont essentiellement des préparations destinées à soulager les dermites estivales du cheval. Elles sont élaborées à partir de formules aromatiques, que je maîtrise particulièrement depuis ma thèse sur ce sujet. »
Très disparate sur le plan géographique, la clientèle de la Pharmacie Barral ne l’est pas moins dans sa typologie. Ce qui oblige à faire preuve d’adaptation. « Nous avons face à nous des éleveurs qui ont de grandes connaissances sur les médicaments, sur la façon de les administrer ainsi que sur leurs effets sur la viande ou le lait. En revanche, les propriétaires de chiens ou chats sont plus désemparés face à la maladie de leur animal », explique Guy Barral.
Pour l’achat des médicaments vétérinaires, la Pharmacie Barral fait partie, avec cinq autres officines, d’un groupement d’intérêt économique (Les Horizons verts) qui se charge de traiter directement avec les laboratoires. Les trois principaux grossistes-répartiteurs du GIE disposent en outre de la presque quasi-totalité des références les plus vendues.
Des protocoles de délivrance à disposition de l’équipe
Au quotidien, Guy Barral implique pleinement ses neuf employés. Une de ses collaboratrices est elle-même éleveuse et possède 270 vaches. L’équipe dispose de protocoles de délivrance permettant de dispenser des conseils avisés. « Par exemple, quand une vache est malade, on demande à l’éleveur si ses mamelles sont bien nettoyées ou si elle n’est pas restée trop longtemps les pattes dans la boue » , explique le titulaire. Cependant, Guy Barral refuse systématiquement d’examiner un animal et ne vend les médicaments vétérinaires listés que sur présentation d’une prescription. Il estime avoir un rôle de santé publique en limitant les abus chez les animaux, notamment pour la consommation des antibiotiques. C’est dans ce but que le pharmacien a fondé en octobre 2008, avec d’autres confrères, l’Union nationale pour la pharmacie vétérinaire d’officine (UNPVO). Cette association, qui compte 60 adhérents et 120 sympathisants, mène des actions de communication et de pédagogie auprès des éleveurs de la région. « Par exemple, nous les incitons en permanence à ne pas acheter une boîte d’antibiotiques comme une vulgaire boîte de bonbons », martèle Guy Barral. En outre, l’UNPVO apporte des conseils aux officinaux qui souhaitent développer un rayon vétérinaire dans leur pharmacie.
Renaissance d’un DU de pharmacie vétérinaire
Concernant les rapports entre les pharmaciens et les vétérinaires, Guy Barral reconnaît quelques petites frictions, même si, selon lui, les tensions semblent s’aplanir. « La loi de 1975 qui reconnaît aux pharmaciens, comme aux vétérinaires et aux groupements d’éleveurs, le droit de vendre les médicaments a rencontré des difficultés d’application. Les vétérinaires ont eu tendance à ne pas rédiger d’ordonnance, les pharmaciens n’ont alors pas pu trouver leur place dans ce domaine. Mais, depuis quelques années, nous nous parlons et c’est tant mieux, car nous avons tout intérêt à collaborer et à évoluer ensemble », rappelle le pharmacien. Loin d’entretenir polémiques et velléités entre vétérinaires et pharmaciens, il préfère aller de l’avant et œuvrer pour aplanir les tensions.
« Alors qu’il n’y avait plus aucun diplôme universitaire de pharmacie vétérinaire en France, nous venons d’en recréer un à la faculté de pharmacie de Lyon, en collaboration avec l’Ecole vétérinaire de Lyon, pour les petits et les gros animaux », se félicite Guy Barral. Le programme de ce DU, dont il fut le principal artisan et pour lequel il a travaillé activement, prévoit deux sessions, en janvier et juin 2011. Il est ouvert aux pharmaciens et aux vétérinaires. Une satisfaction pour Guy Barral, qui prône le rapprochement entre les deux professions.
Envie d’essayer ?
LES AVANTAGES
• C’est l’occasion pour le pharmacien d’explorer d’autres domaines.
• Cette activité permet une ouverture vers d’autres clients et d’autres problématiques.
• Le pharmacien s’inscrit dans une réelle mission de santé publique. Il connaît les effets des médicaments vétérinaires sur l’homme (alimentation).
• La découverte de nouvelles molécules et de nouvelles thérapeutiques.
LES DIFFICULTÉS
• Le cadre légal n’est pas encore totalement appliqué à la lettre par les différents protagonistes (vétérinaires et parfois pharmaciens).
• Les vétérinaires ayant un droit limité* pour délivrer des médicaments vétérinaires, les relations avec les pharmaciens sont parfois tendues.
• Parvenir à convaincre les prescripteurs de vivre de leurs actes et non de la marge.
LES CONSEILS
• Privilégier cette activité dans les zones où des besoins existent, notamment à proximité d’élevages.
• Se rapprocher de confrères ou d’associations actifs dans la vente de médicaments vétérinaires.
• Développer les échanges avec les vétérinaires qui exercent à proximité de la pharmacie.
• Bien se former auprès d’un pharmacien qui vend des médicaments vétérinaires et, si possible, en suivant un DU.
• Faire preuve d’une grande rigueur vis-à-vis des médicaments vétérinaires. Il faut notamment être vigilant sur le temps d’attente des spécialités. (entre la dernière administration du médicament à usage vétérinaire et la collecte des denrées alimentaires).
* La loi autorise les vétérinaires à commercialiser des médicaments dans la limite de 25 % de leur CA aux seuls animaux qu’ils examinent ou suite à un bilan sanitaire d’élevage et un protocole de soins.
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