Les syndicats de pharmaciens entre « inquiétude » et « résistance »

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Publié le 3 mai 2014
Par Loan Tranthimy
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Pour financer le pacte de responsabilité promis par François Hollande, un plan prévoit une réduction des dépenses de santé de 10 milliards d’euros d’ici 2017 dont 3,5 milliards proviendront du poste du médicament. Vives réactions des syndicats.

Baisses de prix, développement des génériques… Si le détail des mesures du plan d’économies reste encore à connaître, les trois syndicats de pharmaciens (FSPF, USPO et UNPF) sont sur le qui-vive. L’officine risque d’être lourdement pénalisée par ce plan de rigueur, d’autant plus que le gouvernement prévoit aussi de diminuer le budget de l’assurance maladie (ONDAM) pour les trois prochaines années (2,1 % de progression en 2015 contre 2,4 % en 2014, 2 % en 2016 puis 1,9 % en 2017). Dans un communiqué, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) alerte le gouvernement sur la forte dégradation des indicateurs économiques des pharmacies d’officine observée au premier trimestre, « dégradation liée à l’application de la LFSS 2014 ». « La perte de marge s’élève à 3,7 % par rapport au premier trimestre de l’année 2013, soit la plus forte baisse dans l’histoire du réseau officinal ».

Seul syndicat favorable à la réforme instaurant un nouveau mode de rémunération (évolution vers des honoraires à la boîte), la FSPF réclame aussi la mise en oeuvre rapide de cette réforme qui « permettra de limiter l’impact des baisses de prix ».

Ne cachant pas son inquiétude quant au retard pris à la publication des textes réglementaires ministériels (marge dégressive lissée et plafond des remises des génériques) qui conditionnent la signature des avenants conventionnels, Philippe Gaertner, président du syndicat, reconnaît que « les projections économiques réalisées par l’assurance maladie lors des négociations conventionnelles ont été faites dans un périmètre. Ce périmètre aujourd’hui a changé et nécessitera des réajustements. Si l’engagement protocolisé en janvier ne devait pas aboutir, ce serait une vraie catastrophe ».

La réforme balayée par le plan d’économies ?

De son côté, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) s’est montrée plus radicale. Gilles Bonnefond, président du syndicat dénonce l’effort disproportionné demandé à l’officine. « Plus de 35 % des économies sont à réaliser par le médicament alors qu’il ne représente que 15 % des dépenses de santé. On est en train de sacrifier le réseau officinal en envoyant à la faillite des pharmaciens dont les jeunes installés », tempête-t-il, en appelant la profession à se rassembler pour protester (voir l’encadré). Le syndicaliste considère aussi que la réforme de la rémunération a été balayée par le plan d’économies. « Le piège de la rémunération à la boîte se referme sur la profession. Elle ne nous préserve pas des baisses de prix. Il faut repartir à la négociation avec un projet commun de toute la profession », ajoute-t-il. L’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), elle, estime que « toutes les baisses tarifaires ont déjà gommé ce qui a été donné aux pharmaciens via la rémunération sur objectifs de santé publique ». « Les politiques devraient regarder l’officine comme une vraie économie et non comme un variable d’ajustement. », conclut Michel Caillaud, président de l’UNPF.

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L’USPO appelle à un large rassemblement

Pour protester contre le plan d’économies du gouvernement, l’USPO sonne le tocsin et demande à l’ensemble de la profession de se réunir dans la première quinzaine de mai. Un rassemblement que Gilles Bonnefond, président du syndicat souhaite « large, au-delà des organisations syndicales ». Les groupements, les étudiants, les adjoints ou encore les préparateurs sont ainsi invités à participer à cette rencontre pour décider des actions à mettre en place pendant les mois de mai ou juin. « Nous ne pouvons pas rester inertes face à cette situation. Rien que le rassemblement de la profession aura déjà un effet important sur le gouvernement », ajoute Gilles Bonnefond.