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La pharmacie mondiale à l’heure française
Quatre-vingt-dix ans après sa création, la Fédération internationale de la pharmacie (FIP) est présidée pour la première fois par un Français, Jean Parrot. L’actuel président du Conseil national de l’Ordre a été élu pour quatre ans à l’occasion du 62e congrès de la FIP qui se tenait à Nice.
La Fédération internationale pharmaceutique représente à la fois les confrères qui travaillent dans les différents métiers de la pharmacie (officine, hôpital, industrie…) mais aussi les pharmaciens chercheurs. Il s’agit donc de la voix des pharmaciens au niveau international, en particulier vis-à-vis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En 2002, 21 nouveaux pays ont souhaité rejoindre la FIP, démontrant la vitalité de cette organisation, dont huit pays africains francophones. Une très bonne nouvelle pour le nouveau président français de l’organisation, car l’Afrique y était jusqu’alors sous-représentée, tout comme l’Amérique latine. Une des priorités de Jean Parrot est d’ailleurs d’organiser en 2003 sur le continent africain un forum avec le concours de l’OMS. Autre priorité, démontrer le rôle spécifique du pharmacien, en particulier dans les pays en voie de développement où il doit faire face à des circuits parallèles très virulents. Interview du nouveau président de la FIP.
« Le Moniteur » : En quoi l’action de la FIP peut-elle changer la pratique d’un officinal français ?
Jean Parrot : Pour nous Français, l’intérêt est de s’inspirer de pays plus développés que nous en matière de pharmacie clinique et de soins pharmaceutiques (le pharmaceutical-care). Au Canada par exemple, les pharmaciens hospitaliers sont dix fois plus nombreux et sont responsables de la clinique au quotidien. Parallèlement, la pharmacie canadienne dans son ensemble bénéficie peu à peu de responsabilités nouvelles [NdlR : une loi actuellement en préparation prévoit d’autoriser les officinaux québécois à initier des traitements].
Il semble pourtant que le pharmaceutical-care ait du mal à s’imposer au niveau mondial…
En Europe en général et en France en particulier, nous avons effectivement du mal à faire comprendre à nos autorités de tutelle que les progrès de la thérapeutique, la prise en charge de maladies nouvelles, l’arrivée de traitements à marge thérapeutique étroite nécessitent un investissement beaucoup plus important de la part des pharmaciens. Il faudra donc, selon moi, revoir à brève échéance la rémunération des pharmaciens. Une part devra comme actuellement être constituée par une marge sur la vente de médicaments, car la pharmacie est une entreprise commerciale ; l’autre part, liée elle à l’acte pharmaceutique proprement dit (gestion du dossier médical, contrôle des interactions…), devra être perçue sous forme d’honoraires.
La FIP va-t-elle prendre officiellement position sur l’« e-pharmacy » ?
L’e-pharmacy peut être une réponse quand le réseau pharmaceutique n’est pas suffisamment dense afin de répondre aux besoins de la population, à condition que les contrôles soient stricts. Je souhaite que la FIP édicte des règles en matière d’e-pharmacy ; elles seront assez souples pour que chaque Etat puisse se déterminer, mais tous les pays membres de la FIP devront s’engager à contrôler les sites santé qui se trouvent sur leur territoire. Cela dit, à mes yeux, il n’y a pas de place pour ce type de distribution en Europe du Sud. De plus, contrairement à ce que certains avancent, l’« e-commerce » n’est pas une source d’économie pour la collectivité. On peut toutefois envisager ponctuellement le recours à Internet quand le malade a des problèmes pour se déplacer.
La FIP a-t-elle les moyens de sa politique ?
Au regard de ses moyens financiers*, la FIP est une toute petite structure comparée aux organisations nationales : dix permanents, dont trois pharmaciens. Nous ne souhaitons pas augmenter les cotisations car cela serait un frein à l’adhésion pour les pays en voie de développement. La seule façon de progresser, c’est que les élus de la FIP trouvent les appuis nécessaires, y compris financiers, dans leur propre structure nationale.
Ce nouveau mandat vous incite-t-il à quitter la présidence de l’Ordre ?
Je compte bien assurer mon mandat national jusqu’à son terme [NdlR : de nouvelles élections auront lieu en 2003], sans que cela porte préjudice à notre organisation. Pour cela je vais demander à tous mes collaborateurs ainsi qu’aux élus ordinaux de s’investir encore plus. Je peux également vous annoncer que je me représenterai lors des prochaines élections.
* Deux millions d’euros de budget annuel.
L’OMS a besoin des pharmaciens contre le sida !
Depuis 1997 et la signature d’une déclaration commune entre la FIP et l’OMS, le rôle des pharmaciens dans la lutte contre le sida a été officiellement reconnu au niveau international. L’OMS, présente à Nice, a rappelé l’importance de l’implication locale des pharmaciens, car seules 5 % des personnes séropositives vivant dans les pays en voie de développement et nécessitant un traitement ont accès aux soins. Pour les aider, le groupe de travail consacré au sida et à la toxicomanie, présidé par Jean Parrot, a élaboré quatre modules de formation et d’information qui seront testés sur le terrain en 2002 avant d’être diffusés au niveau mondial l’année prochaine. Le premier est consacré au rôle des pharmaciens dans la prévention pour les utilisateurs de drogues injectables. Le deuxième concerne l’utilisation sûre et efficace des thérapies antivirales pour les infections opportunistes et les soins palliatifs. La prévention et l’information sur le virus HIV est traité dans le troisième module, enfin, un module de méthodologie est consacré aux adaptations spécifiques en fonction du niveau de développement des différents pays. Rendez-vous à Sydney en septembre 2003 pour connaître les premières retombées de ce projet.
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