Sprays et diffuseurs d’huiles essentielles : des effets indésirables, même bien utilisés

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Sprays et diffuseurs d’huiles essentielles : des effets indésirables, même bien utilisés

Publié le 28 avril 2020
Par Anne-Hélène Collin
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Même en respectant les conditions normales d’utilisation, la diffusion ou l’emploi de sprays  d’huiles essentielles peut être à l’origine d’effets indésirables. Dans un avis publié le 27 avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) relève* ainsi des cas d’irritation des yeux, d’irritation des voies aériennes supérieures, de toux, de dyspnée, majoritairement de faible gravité, survenant le plus souvent rapidement après exposition et rapidement résolutifs après arrêt de l’exposition (32 cas sur 1432 relevés en près de 8 ans). Un cas d’œdème de Quincke avec difficultés respiratoires sévères a toutefois été notifié. 

Sans surprise, les cas d’intoxication par exposition accidentelle restent toutefois les plus nombreux, surtout chez les enfants et les personnes atteintes de troubles neuropsychiatriques. Près de 2 fois sur 10, il s’agit de mésusages par les utilisateurs ou de confusions de conditionnement entre deux produits, avec administration par voie orale. Les troubles digestifs, oculaires ou cutanées étaient les plus fréquents, loin devant des troubles cardiovasculaires, neurosensoriels ou encore psychiques (moins de 2% des cas).

Toujours selon l’Anses, les sprays et diffuseurs à base d’HE émettent dans l’air différents composés organiques volatils (COV), qui peuvent constituer une source de pollution intérieure. Un comble pour des sprays ou mélanges pour diffusion qui se revendiquent assainissants, particulièrement utilisés dans le contexte épidémique actuel.

Principales huiles essentielles incriminées ? Des HE riches en cétones (lavandin, menthe poivrée…), potentiellement neurotoxiques (voir notre fiche Aromathérapie ici), les HE riches en phénols (clou de girofle, thym à thymol…), dermotoxiques (voir notre fiche Aromathérapie ici), ou encore la cannelle de Ceylan (riche en aldéhydes aromatiques, dermocaustique, allergisante), et donc inadaptées à la diffusion ou l’inhalation.

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L’Anses recommande ainsi une vigilance et une meilleure information des utilisateurs, en rappelant la nécessité de conserver les HE hors de portée des enfants.

Au comptoir, en plus d’indiquer aux patients les règles de bon usage des huiles essentielles en diffusion (voir notre fiche Aromathérapie ici), il est toujours utile de rappeler les risques d’effets indésirables (voir notre cahier Iatrogénie ici), et la conduite à tenir en cas accident (voir notre fiche Aromathérapie ici).

 

*Eude descriptive rétrospective menée par le réseau des centres antipoison (CAP) pour la période du 1er janvier 2011 au 8 mars 2019, sur les cas d’exposition à des sprays ou diffuseurs d’huiles essentielles, relevant 1432 cas symptomatiques, dont 32 cas d’effets indésirables dans le respect des conditions normales d’utilisation. Les CAP pensent que le nombre de cas est sous-estimé en raison des sous-déclarations (déclarer ici).