Virus du sida : La découverte de protéines bloquant la réplication du VIH est-elle une révolution ?

Des chercheurs américains viennent de découvrir pourquoi certains patients séropositifs depuis plus de 15 ans n’ont jamais développé de sida. Leurs lymphocytes CD8 sécrètent des « défensines », un groupe de protéines capable d’inhiber la réplication virale. Représentent-elles enfin l’espoir tant attendu d’un « médicament miracle » contre le sida ? Le Pr Simon Wain-Hobson, de l’unité de virologie moléculaire de l’Institut Pasteur, travaille depuis dix-huit ans sur le rétrovirus. Il nous donne son avis, partagé entre fatalité et optimisme.

« C’est une découverte en biologie cellulaire fondamentale. Cette nouvelle piste de recherche va-t-elle aboutir à la découverte d’une molécule ? Nous sommes beaucoup trop en amont pour le savoir. Nous avons tellement vécu de situations comparables depuis le début de l’épidémie qu’il convient de relativiser. Cela dit, toutes les pistes sont bonnes à suivre et tous les coups sont permis pour lutter contre ce virus qui continue à faire des ravages. Dites-vous bien qu’il représente tout ce qu’un chercheur n’a jamais envie de rencontrer. Les pires difficultés dans la mise au point d’un vaccin en sont l’une des illustrations. Les applications ne seront pas immédiates. A partir d’une découverte fondamentale, il faut compter cinq à dix ans. Les protéines ne sont pas très répandues pour traiter les patients. Pour un biologiste, la réflexion immédiate consiste à se dire que, peut-être, on peut accroître la synthèse des défensines chez des patients qui ne les expriment pas. Mais comment ? Toute découverte fait travailler les méninges et c’est très bien. Grâce à celle-ci, il se trouve peut-être quelque part un autre chercheur qui lui aussi a fait une découverte très intéressante sans faire le lien avec le sida. On aura la peau de ce virus mais il faudra du temps. »