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L’appétit vient en cherchant
Spécialiste en nutrition, Martine Orosco a longtemps « cherché » pour le compte de laboratoires prestigieux. Aujourd’hui, elle met son expérience au service des équipes de l’INSERM.
A 52 ans, Martine Orosco peut se vanter d’un parcours professionnel sans faute. Diplômée de la faculté de Châtenay-Malabry filière industrie en 1975, elle découvre la recherche lors de son stage de 5e année chez Roussel Uclaf, ce qui deviendra sa passion. « J’ai effectué mon stage dans un laboratoire de recherche en expérimentation animale, ce fut une révélation. Dans la foulée, j’ai donc opté pour un DEPS de pharmacologie, l’équivalent de l’actuel DEA », se souvient-elle. Le sujet de sa thèse, « Les effets des anorexigènes sur le système nerveux central », marquera le début d’une longue carrière de chercheur en nutrition.
Sept ans au Collège de France.
Chargée de recherche première classe INSERM en 1983, Martine approfondit son sujet au gré des laboratoires qu’elle intègre, et non des moins prestigieux. D’abord, au sein du laboratoire de pharmacologie qui l’accueille pour sa thèse à la faculté de Paris-XI, puis au Collège de France, au laboratoire de neurobiologie des régulations… « Je garde de ces sept années au Collège de France un souvenir ému, nous formions une équipe très soudée, c’était un laboratoire de pointe. Mais le départ du directeur, appelé à diriger un centre du CNRS à Dijon, m’a obligée – je ne pouvais le suivre pour des raisons familiales – à interrompre notre collaboration. » Parallèlement à son travail en laboratoire, Martine collabore à divers enseignements à Paris-VII, Paris-V, Nancy, en faculté de médecine (Dijon et Kremlin-Bicêtre) ou encore à l’INA (Institut national d’agronomie).
Directrice de DEA, elle est aussi membre de la commission des spécialistes de l’université de Paris-VII et de cinq sociétés savantes comme l’Association internationale pour l’étude de l’obésité. Elle participe en outre activement à l’organisation de colloques comme l’European Winter Conference on Brain Research. Un parcours presque linéaire, étroitement corrélé au thème de recherche originel. Pourtant, lorsqu’on lui propose d’intégrer le siège de l’INSERM pour mettre son expérience de chercheur au service de ses pairs, elle n’hésite guère : « J’avais l’impression d’être cantonnée à un domaine très pointu. Cette proposition me permettait, me semblait-il, de me mettre au service des autres tout en découvrant d’autres domaines de la recherche. »
Animatrice de comités.
A son arrivée au siège de l’INSERM, Martine a pour mission d’animer les « comités d’interface » : « Il s’agit de groupes qui rassemblent chercheurs cliniciens et fondamentalistes et dont le but est d’assurer un continuum entre recherche fondamentale, recherche clinique et pratique clinique. » L’INSERM compte ainsi vingt-quatre comités d’interface qui couvrent tous les grands domaines de la médecine. La tâche est donc très vaste puisqu’il s’agit d’animer l’ensemble de leurs activités : réunions scientifiques, colloques, proposition de thématiques de recherche pour créer des réseaux scientifiques, création de programmes nationaux…
« Peu à peu mes missions se sont encore élargies, au gré des départs de collègues d’une part, et de la mise en place d’une réforme globale des organismes de recherche d’autre part », ajoute Martine. Des actions thématiques concertées (ATC) avaient déjà été lancées à l’INSERM. « Ces actions incitatives ont pour but de réunir des chercheurs pour lancer des appels à projets. Divers domaines ont d’ores et déjà été explorés comme la nutrition, l’alcool, le vieillissement… »
Souplesse, diplomatie, sens de l’organisation et pugnacité.
La perspective de la nouvelle Agence nationale pour la recherche nécessite l’élargissement des ATC pour que divers organismes se regroupent autour de programmes nationaux de recherche. « On sort cette fois d’une collaboration entre chercheurs internes à l’INSERM. Quatre programmes nationaux ont déjà vu le jour dans le domaine du cardiovasculaire, des os et des articulations, de la nutrition et du diabète. Par exemple, dans le domaine de la nutrition, nous nous sommes associés avec l’INRA pour monter ce programme. Nous avions déjà à l’INSERM un comité d’interface et une ATC en nutrition. Nous avons réuni ces deux instances pour réfléchir sur un thème fédérateur pour toute la communauté spécialiste de la nutrition », commente Martine.
Un autre programme se met en place : un institut virtuel de recherche en santé publique sous forme de réseau. Ce programme rassemble dix-huit partenaires, organismes de recherche et, plus largement, acteurs de santé publique comme la DGS, l’AFSSE, l’Afssaps, l’INVS, les organismes de protection sociale, etc. Des missions de plus en plus larges qui demandent à Martine souplesse, diplomatie, sens de l’organisation et pugnacité. « Mes missions me permettent de nouer énormément de contacts, c’est très intéressant mais cela suppose aussi d’arriver à accorder des acteurs aux objectifs totalement différents, ce qui n’est pas toujours aisé », reconnaît-elle.
Un poste où l’on est souvent sous tension et rarement concentré sur le même sujet. « Lorsque j’ai voulu savoir en quoi consisterait mon travail au siège, l’un de mes prédécesseurs m’avait prévenue : on ne passe jamais cinq minutes à faire la même chose ! » Mais l’intérêt indéniable des missions compense largement l’investissement personnel nécessaire. « Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas une minute ! »
Le parcours de Martine
– 1975 : diplôme de pharmacien option industrie à Paris-XI.
– 1976 : DEPS (actuel DEA) de pharmacologie à Paris-XI.
– 1977 à 1983 : vacations à l’unité 98 INSERM, au laboratoire de recherche sur les maladies cardiovasculaires de l’hôpital Boucicaut.
– 1981 : doctorat d’Etat ès sciences pharmaceutiques (mention très honorable) à Paris-XI.
– 1983 : chargée de recherche première classe INSERM, puis laboratoire de pharmacologie de la fac de pharmacie Paris-XI.
– 1990 : laboratoire de neurobiologie des régulations au Collège de France.
– 1997 : laboratoire de physiopathologie de la nutrition.
– 2003 : département animation et partenariats scientifiques.
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