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Des sociétés de plus en plus recherchées
Les pharmaciens qui souhaitent faire de la recherche clinique doivent se tourner de plus en plus souvent vers les prestataires de services. C’est un peu moins bien payé que dans l’industrie, mais c’est souvent plus intéressant.
Aujourd’hui, il y a plus de postes ouverts dans les sociétés de prestations que dans les laboratoires », estime Philippe Dubois, responsable du recrutement chez Quintiles, l’un des leaders du secteur avec 400 salariés. La part des Contract Research Organizations (CRO) dans la réalisation des essais cliniques nécessaires au développement d’un médicament a pris de l’importance « du fait notamment de la fusion entre laboratoires pharmaceutiques », mais également pour une question de coûts. Externaliser à une société de prestation de services signifie moins de salariés en interne pour un laboratoire et une plus grande flexibilité d’emploi.
Des sociétés touche-à-tout.
Une centaine de sociétés exercent dans le secteur en France. La majorité pratique le monitoring, c’est-à-dire la surveillance des essais cliniques, mais aussi du data-management, des statistiques. Selon une étude récente du syndicat de l’industrie pharmaceutique, le Leem : « Le monitoring reste le poste le plus demandé en termes de sous-traitance. Exactement 33 % des demandes des laboratoires en France concernent le pré-AMM contre 48 % pour le post-AMM. » Une évolution qui s’explique : de plus en plus d’essais cliniques sont réalisés internationalement, la France n’étant parfois qu’un des pôles de recrutement de patients. Les études de phase IV destinées à recueillir des données épidémiologiques restent en revanche plutôt du ressort des filiales des laboratoires. Certaines CRO réalisent également de la pharmacovigilance (gestion des événements indésirables graves…) voire des affaires réglementaires. Le champ d’études est variable selon les prestataires : des études de phase I sur des volontaires sains jusqu’aux essais de phase II à IV, et ce dans différentes pathologies.
« Les CRO sont intéressantes dans un plan de carrière car nous ne sommes pas spécialisés, souligne Philippe Dubois. Notre champ d’expérience est très large : cardiovasculaire, système nerveux central, gynécologie, oncologie, etc., alors que dans un laboratoire, vous êtes plus facilement cantonné à une ou deux pathologies ou bien dans des unités pathologiques. » Ce que souligne aussi le département ressources humaines d’Ascopharm : « Les essais que nous réalisons en interne sont très variables : sclérose en plaques, greffes, cancers…, surtout en phase III et phase IV. »
Assistant de recherche clinique ou chef de projet ?
Des pharmaciens font carrière dans la recherche clinique comme Anne Deharvengt, responsable depuis deux ans des affaires médicales chez Ascopharm (65 salariés). « Je m’occupe des événements indésirables graves que nous recevons. Soit je gère des études complètes qui sont transmises à l’Afssaps et aux CCPRB *, soit je transmets les données au laboratoire. » En six ans, Anne Deharvengt est passée assez rapidement d’attachée de recherche clinique à la coordination d’une équipe d’ARC (assistants de recherche clinique) puis à son poste actuel. « Après des études à la faculté de pharmacie de Reims, j’ai répondu à une annonce de la société. Attaché de recherche clinique est la voie la plus facile pour entrer. Au fur et à mesure, on m’a donné de plus en plus de responsabilités », précise-t-elle. Philippe Dubois le confirme : « On entre comme assistant de recherche clinique. Chez Quintiles, un pharmacien, de par sa formation, aura la possibilité d’évoluer plus facilement vers la coordination de projets, les affaires réglementaires ou l’assurance qualité. Sa formation initiale lui permettra d’aller plus vite. » La fonction de chefs de projets reste aux mains des médecins « car l’expertise clinique est très importante ».
Ce n’est cependant pas le cas chez ICTA, cofondée par un médecin et un pharmacien : « 50 % des ARC (sur une trentaine) sont pharmaciens mais aussi quatre chefs de projet sur dix sur une centaine de salariés, explique Mylène Coster, responsable marketing. Ils s’occupent de l’aspect logistique, gèrent la mise en place des essais, participent parfois en aval à la rédaction du protocole des essais, la rédaction du cahier de monitoring et peuvent corédiger le rapport clinique définitif avec le directeur médical. Leur force, c’est leur connaissance des médicaments, notamment des événements indésirables graves. Pour les aspects médicaux, ils peuvent se référer au directeur médical. »
Les prestataires estiment que le turnover n’est plus vraiment d’actualité. Les laboratoires recrutant moins, il existe plus de possibilités d’ouverture et d’évolution de carrière, notamment chez les plus importantes sociétés de prestation. Quintiles, par exemple, communique en interne sur les postes à pourvoir dans les filiales internationales.
La France n’a pas à rougir.
Difficile cependant de connaître le nombre de postes à prévoir dans les CRO sur le moyen terme. « Nous procédons régulièrement à des recrutements mais tout dépend des laboratoires. Il est possible que dans un mois nous ayons un poste, en CDD ou en CDI, à offrir à la suite d’une demande », explique Mylène Coster. Tout dépendra aussi de l’évolution du marché.
Le Leem lance en 2004 une étude pour connaître la place de la France dans la recherche clinique par rapport à ses voisins européens. Une première étude sur les essais cliniques dans le domaine du cancer indique que, pour certaines entreprises, notre pays réalise 60 % des essais cliniques en Europe, représentant eux-mêmes le tiers de la recherche clinique conduite outre-Atlantique. Pour les entreprises adhérant au Leem et ayant participé à l’enquête, globalement, la France maintient sa place dans ce domaine.
* Comités consultatifs de protection des personnes de la recherche biomédicale.
Les CRO en chiffres
Il y a cinq-six ans, on estimait à près de 30 % le pourcentage d’essais cliniques externalisés par les laboratoires au niveau mondial. En France, le marché se partage entre sociétés de recherche clinique, filiales de groupes internationaux d’envergure (Quintiles, Clinact, Parexel International, MAPI…) au CA proche ou supérieur à 30 millions d’euros, et des sociétés plus locales (Axonal) ou de taille moyenne (ICTA, RCTS…).
Une centaine de sociétés coexistent sur ce marché, qui connaît régulièrement des fusions comme les laboratoires pharmaceutiques.
Les salaires
Ils sont moins élevés que dans les laboratoires :
– ARC débutant : à partir de 27 000 Euro(s) pour une grosse structure, entre 16 et 22 000 Euro(s) pour une société de taille moyenne.
– Coordinateur d’études : à partir de 34 000 Euro(s).
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